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TatatATATA!!! C’est avec grand joie que j’annonce les dernières pages venues de Guignol’s band de Louis Ferdinand Céline! je vais enfin pouvoir lire autre chose que de l’argot entrecoupé de jurons et de points de suspention! Plus de 2 mois (et encore, si on excepte une première tentative quand j’avais 12 ans), plusieurs nuits blanches et un aller-retour en train auront été nécessaires pour venir à bout de ce pavé de poche de 720 pages. Alors bien sûr, voilà le moment d’en parler, et aussi de quelques bricoles qui m’ont aidée à tenir le cap entre deux envolées céliniennes…

le grand voyage de la vie

Ca fait des semaines par exemple que je veux vous parler du grand voyage de la vie par Tiziano Terzani. Et des années qu’on me parlait de cet auteur, journaliste et ancien correspondant en Asie (et surtout phobique de l’avion suite à une étrange prédiction*, d’où le rapprochement avec moi qui ne prend jamais l’avion). Finalement, c’est pour de toutes autres raisons que j’ai aimé cette lecture, qui a rallumé en moi les élans idéalistes de ma jeunesse. Dans ce livre, sous forme d’entretiens avec son fils Folco où il se souvient de ses années au Cambodge, en Chine, au Japon et en Inde, il livre ses impressions sur l’Homme au travers de la guerre, du progrès, de la confrontation avec la mort. Car Tiziano est un vieil homme qui a trouvé la paix malgré la maladie, probablement selon son adage favori: quand quelqu’un pointe une arme sur toi, souris! C’est incroyablement enrichissant d’apprendre qu’un homme qui a vu les pires horreurs parvienne à croire encore en l’humanité, en la richesse de la vie, malgré ce constat plusieurs fois répétés: si les gens de sa générations qui avaient la chance d’être instruit voulaient changer les choses et le monde, devenir médecins, journalistes ou politiciens, ceux d’aujourd’hui veulent gagner de l’argent, travailler en bourse ou faire du commerce international. Il y a dans cette idée quelque chose de profondément révoltant, car si Terzani se berce de l’idée d’un eternel recommencement, les choses pourraient changer (et non en mieux) avec de telles aspirations… Les péripéties de roman ne peuvent masquer que le réel sujet du livre touche à tout ce qui fait notre identité et nos buts: rapport au temps, aux choses, aux autres, à l’argent. Et si le conteur parle avant tout à ses enfants, c’est à tous qu’il s’adresse. C’est peu dire que c’est un livre qui m’a touché, ce portrait d’un homme non exempt de défauts qui livre une certaine forme de sagesse, comme un testament jeté au vent…

Extrait: « Essaie de ne jamais te répéter. Et vis maintenant! Le passé n’est qu’un souvenir, il n’existe pas. Ce sont mémoires qu’on accumule, qu’on réordonne, qu’on falsifie. Mais, maintenant, au contraire, ne falsifie rien. Ce que tu attends du futur est une boîte remplie d’illusions, une boîte vide. Qui te dit que la boîte se remplira? « Maintenant, je travaille; plus tard, quand je serai à la retraite, j’irai à la pêche. » Qui sait s’il y aura encore des poissons? »

manuale dello snob

Vous le savez, je ne suis pas à une contradiction prêt! Aussi, c’est sans problème que je me suis remise de la douce amertume de la précédente lecture (et du passage à la 2e partie du pavé célinien) en lisant Manuale dello snob (manuel du snob) d’Antonius Moonen. (allez savoir d’où me vient cet intérêt pour le snobisme (évoqué et là aussi), si ce n’est de la joie délicieuse de m’en découvrir encerclée, et parfois de me reconnaître avec effroi dans certains clichés) Sachez-le, devenir snob vous coutera une fortune, des histoires de famille et quelques brouilles entre amis, car rien ne saurait se mettre entre vous et votre empressement à être singulier! On y apprend entre autres à choisir le vin selon des critères barrés (comment est la vue, du chateau où il est embouteillé?), à partir en vacances à contre courant et à congédier les domestiques sans ménagements. Un livre divertissant sur comment se rendre odieux tout en feignant l’amusement (soyons clair, faut-il s’ennuyer ferme pour prendre la peine de rédiger un livre sur un sujet aussi terne?)

celine guignol's band

Oui, mais alors, et Guignol’s band alors? A vrai dire, maintenant que j’en vois le bout, je ne suis plus certaine de bien me souvenir des prémices du livre… On y suit Ferdinand outre-manche en ancien combattant crève-la-faim, entretenu par le bon-vouloir d’un souteneur et de ses prostituées, entre combines foireuses et pseudo-amitiés. S’étant jeté à la suite d’une sorte d’ensorceleur chinois dans une entreprise de masques à gaz pour le compte d’un général anglais, il s’entiche de la fille de la maison, voit des fantômes et prend goût à la fine pâtisserie. Poursuivi à la fois par des apparitions morbides, d’anciens acolytes et des enquêteurs à sa suite, il cherche à gagner l’Amérique… C’est délirant, foisonnant et d’un fouilli exaspérant, riche en personnages et en jurons tonitruants, en improbables scènes de batailles et en orgies furibondes, c’est un pavé rugissant entrecoupé de mots anglais et de monstres déguisés, un peu comme la vie, mais au travers d’un caléidoscope bruyant et déformé!

Ouf! maintenant à moi essais, monographies, romans! Je crois que je vais éviter les gros livres pour quelque temps! (oups, que vais-je faire de ce Pierre Bordage de 751 pages reçu derniérement?) Je veux de la variété, du polar, des nouvelles, de l’amuuur et de la science fiction! Des trucs brefs, à lire d’une traite, différents tous les jours et légers, légers dans mon sac, ma poche ou ma valise! Des conseils à ce sujet?!

*à lire dans Un devin m’a dit, malheureusement pas sorti en poche (bouhouhou)