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En ce moment, c’est un peu l’anarchie au pays des nouilles et je peine à trouver du temps pour lire. Ceci dit, le hasard me fait parfois gagner en diversité ce que je perds en quantité, et à défaut de vous abreuver d’idées de lecture, j’ouvre le spectre de vos envies littéraires (si c’est pas beau ça). C’est parti pour le premier instant culturel de la rentrée!

Les tétins de sainte Agathe de Giuseppina Torregrossa: J’avoue tout, je n’ai acheté ce livre qu’alléchée par la perspective d’y trouver la recette des cassatelle sicilienne qu’on voit en couverture… A croire que l’auteur le savait, puisqu’elle évacue la chose dès la première page, pour ensuite laisser place à l’histoire… Une histoire de seins, de miches même, entre boulangerie et lingerie, entre histoires d’amour et maladies, martyre de sainte Agathe et maternité… bref, sur fond de Sicile et d’affaires de familles, des histoires de saints et de seins, pourrait-on dire…

Le quai de Ouistreham de Florence Aubenas: l’exemple typique du livre que je veux absolument lire au moment où il sort, que je finis par oublier et que je dégotte enfin par hasard, des années après… La journaliste s’est installée à Caen et, dissimulant son métier et ses diplômes, s’est inscrite au chômage pour approcher au plus près le quotidien des demandeurs d’emploi et des travailleurs précaires. Comme il s’agit d’un reportage choc, on s’attend au pire, mais la réalité nous surprend par sa banalité même, par sa médiocrité que l’on pressentait déjà, et que le regard de la journaliste ne fait que confirmer. Finalement, on sort de la lecture vaguement triste et dégouté, mais surtout résigné, comme le sont ces travailleurs, pauvres et fatigués et dont les rêves peu à peu s’amenuisent… Un très bon reportage, sans éclats, qui dit avec pudeur et beaucoup de tendresse le désarroi dans la misère ordinaire.

Le locataire de Georges Simenon: Je crois vous avoir déjà dit mon amour pour Simenon, ses descriptions si justes et ses ambiances si bien pesées. Là encore, que de richesse dans ce roman d’à peine 182 pages! De rares dialogues, des personnages à contre-jour et une tension quasiment palpable qui envahit la petite cuisine d’une pension de famille de Charleroi, où s’est réfugié Elie après avoir tué et détroussé un homme dans le train. De jour en jour, les journaux publient de nouveaux indices et le soupçon croit autour de lui, près du poêle où chauffent les pommes de terre pour le repas du soir…

Petit déjeuner chez Tiffany de Truman Capote: Quand j’étais jeune (enfin, je veux dire encore plus jeune, bande de goujats!), j’ai passé de longues soirées à baby-sitter dans d’immenses appartements aux frigos vides et aux bibliothèques miteuses (bref à m’ennuyer ferme). C’est comme ça que j’ai vu cinq fois Breakfast at Tiffany, dont deux en VO, deux VF et une fois en italien (c’était ça ou Ocean twelve, vu au moins 3 fois). Autant vous dire que ce film, je le connais bien, et que je n’ai pas hésité une seconde à acheter le livre quand je l’ai croisé sur un rayonnage du Libraccio la semaine dernière… Bien m’en a pris! Si le film est charmant, le livre l’est tout autant! Avec une héroine qui réussit à faire oublier Audrey Hepburn, pourtant épatante dans ce rôle, et où les péripéties qui s’enchaînent, racontées quelques années plus tard par le voisin écrivain, vous tiennent bien plus en haleine que la bluette sensée avoir uni les deux personnages dans la version cinématographique! A lire absolument, pour les impayables dialogues, l’atmosphère déjantée et l’inventivité des situations! (je sens que les futurs instants culturels vont souvent accueillir Truman Capote, pas vous?)

Ce sera tout? Vouiii, et la prochaine fois, on se retrouve avec une biographie sarde, un drame politico-social et un absurde roman allemand… En attendant, lisez lisez, et si vous n’en voyez pas l’utilité, (re)voyez Farenheit 451 de François Truffaut, comme moi la semaine dernière, et vous verrez, vous vous y remettrez!