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Je ne sais pas si vous en souvenez, j’avais beaucoup ri lors du dernier bilan statistique du blog en trouvant dans les mots clés ayant mené jusqu’ici : « faire photos originales Milan », et aujourd’hui encore je ne sais quel hurluberlu peut laisser à Google le soin de décider pour lui de ses futures photos de vacances… Evidemment, une question se pose : qu’est ce qu’une photo originale? S’agit-il de trouver un angle inédit, de trouver un effet de perspective amusant ou de prendre un photo un truc que personne n’a jamais pensé à photographier? Dans tous les cas, ce sont des illusions, et les photographes du dimanche (dont je fais partie aussi, notez bien) ont tout intérêt à écouter leurs impressions du moment plutôt qu’à chercher à tout prix un angle de vue nouveau… Il y a quelques semaines, quand je suis tombée sur The Geotaggers’ World Atlas, un projet de cartes de villes qui mettent en évidence les zones urbaines où est pris le plus grand nombre de photos sur la base des outils de localisation de Flickr et Picasa, j’ai tout de suite cherché la carte de Milan!

Eric Fischer, à l’origine de ce projet, est un artiste des cartes et un spécialiste de la mise en forme de données informatiques. La carte milanaise montre très nettement les grands axes photographiés :  les abords du Duomo et de la Galleria Vittorio Emmanuele, le parcours de via Dante qui mène de piazza Duomo au château et le trajet via Torinocorso di porta Ticinese qui permet, toujours depuis le Duomo, de rejoindre le Naviglio Grande. Et c’est tout ou presque! Si on observe bien quelques échappées photographiques vers zona Tortona, corso Venezia, porta Nuova ou le circuit automobile de Monza, ça reste anecdotique! Donc pour répondre au photographe du dimanche qui se posait la question, disons que pour faire une photo « originale » il suffit de s’éloigner de ces 3 rues très courues, ce sera déjà un bon début!

eric fischer locals and tourists Milan

Le projet “Local and Tourists” va encore un petit peu plus loin en tentant notamment de mettre en exergue les différentes zones urbaines photographiées par les touristes et par les habitants d’une ville. Et que ressort-il de la carte de Milan? En zoomant, on s’aperçoit que les locaux s’éparpillent un peu plus que les touristes (points bleus sur la carte Vs points rouges), mais pas tellement non plus… Il faut dire que, s’ils sont plus à même de connaitre les charmes cachés de leur ville, ils ne prennent pas forcément le temps de les photographier (tout le monde ne se balade pas comme moi avec un appareil photo perpétuellement sous le bras).

eric fischer locals and tourists Milan

Je crois que ce que cette ville m’a appris (ou, peut-être est-ce plus juste, ma condition d’étrangère dans cette ville), c’est à ne m’attendre à rien, à roder partout, à aller à la gare sans avoir de train à prendre, à choisir mes destinations de promenade en me fiant au nom, souvent trompeur, des stations de métro… Si ce n’est pas tant que ça la joie à Gioia et si je n’ai pas vu de vagues à Porto di mare, pour le moins ai-je découvert des zones de la ville que beaucoup de milanais même ne connaissent pas…

Je ne peux que vous encouragez, si vous passez par Milan (mais c’est valable partout dans le monde, évidemment), à vous éloigner un peu de ces portions de rues un peu trop parcourues, à vous enfiler dans les ruelles, à prendre les parallèles des grandes artères, à vous arrêter en tram avant d’être arrivés à votre but, à vous perdre le long des parcs où seuls les habitants des quartiers vont, à ne pas bouder les petites églises même si leur façade ne présente que peu d’attrait, à courir les marchés, à errer sans carte, à roder autour des jardins, bref à débusquer le beau et l’insolite partout… Milan n’est pas grande et c’est une ville sure, il ne peut guère vous y arriver pire que de découvrir un joli quartier où de dénicher à l’improviste un bon glacier!