On ne peut pas dire que Milan soit la ville idéale pour se faire peur, nonobstant la brume qui l’enrubane au petit matin. Tranquille et bourgeoise, les ruelles obscures n’y sont pas légion et les légendes urbaines se font rares… Aussi, dégotter des lieux mystérieux et anecdotes terrifiantes n’a t-il pas été facile, et j’avoue que, pour donner à la ville un air menaçant, des petites retouches photo n’ont pas été inutiles! Cela dit, j’ai quand même trouvé deux ou trois petites choses à vous mettre sous la dent (pointue, évidemment!)
Commençons par un classique, la maison hantée! Située à coté du parc Sempione, cette grande batisse aux grilles en fer forgée est longtemps restée inhabitée, et d’intempestifs bruits de portes qui claquent ont eu vite fait de la déclarer hantée. Si elle a longtemps laissé rêveurs certains de mes amis aux fous rêves immobiliers, elle a finalement été restaurée, et ils sembleraient que l’architecte ait tout fait pour faire oublier son étrange passé: la villa gothique a désormais des allures de pavillon des années 70 mais – sont-ces les corbeaux qui coassent en haut des arbres? les grilles acérées d’origine? son nom Tognella dont on ne trouve aujourd’hui plus mention? elle conserve quelque chose de vaguement inquiétant… Casa Tognella – via paleocapa 5
Poursuivons avec, sans doute, l’un des seuls endroits vraiment flippant du centre-ville, la via bagnera, la ruelle la plus étroite de la ville où, hiver comme été, il règne un froid bien particulier. S’il en incombe sans doute à l’absence de lumière et à l’humidité qui émane des caves attenantes, on ne peut en y passant s’empécher de penser au fantome d’Antonio Boggia, maçon de son état, qui y aurait dissimulé, dans son atelier, les restes mutilés de 4 victimes et qui fut pendu en 1862.
Autre criminel qui continuerait à hanter la ville, Carlo Sala, qui errerait aux environs de piazzale Aquileia. Si je n’y ai jamais remarqué quoique ce soit de particulier, j’avoue toujours presser un peu le pas en passant la nuit près de l’ossuaire situé entre via San Michele del Carso et via Giovio, et éviter de lire avec trop de conviction l’inscription vaguement menaçante gravée au dessus d’une des tombes…
Mais si vous êtes en quete de vrais frissons, pourquoi ne pas vous balader du coté de corso XXII marzo la nuit? Vous pourriez y croiser, au choix, un énorme molosse noir du coté de via Cadore (et alors, courez!), ou un viellard menaçant, fantôme d’un fou de l’ancien asile de la Senovra fermé et reconverti depuis bien longtemps, qui se lamenterait encore des conditions de détention dans l’établissement… (il semblerait toutefois que lui jeter une pièce par dessus son épaule suffise à l’éloigner… prévoyez de la petite monnaie!)
Les hauts lieux touristiques ne sont pas en reste! La Callas hanterait la grande loge de la Scala les soirs de représentation pour se venger d’avoir été sifflée un jour par le public, le chateau Sforzesco abriterait toute une brochette de fantômes (pour ma part, la seule pensée des cafards albinos qui hantent les souterrains suffit à m’épouvanter!) et même le Duomo aurait son esprit au repos contrarié, celui de Carlina di Schignano, jeune épousée en voyage de noces s’étant jetée de la terrasse, prise par le remord d’être enceinte d’un autre que son époux. Si jamais le corps n’a été retrouvée, Carlina apparaîtrait de tant en tant sur la place parmi les passants, et sur les photos des mariés célébrant leurs noces au Duomo, reconnaissable à son vêtement de mariée endeuillée comme il était d’usage de le porter alors dans la région d’où elle venait (pour échapper au droit de cuissage des seigneurs locaux, autre fantôme du passé).
Un autre quartier où frissonner? La place Santo Stefano me semble une bonne idée, entre les hurlements nocturnes d’un homme qu’on dit muré vivant du temps de la construction de l’église, et la proximité de la chapelle de san Bernardino alle ossa, étrangement décorée de crânes et ossements humains. On dit même que la nuit du 2 novembre, un cortège de squelette s’y met en branle…
Mais la légende que je préfère, c’est sans doute celle de le Pinacoteca de Brera. L’édifice en soit est impressionant (même si, j’avoue, les récents travaux de restauration intérieure ont fait perdre au batiment son cachet ancien) et le musée à l’étage cacherait un bien étonnant secret… Les caméras de surveillance y aurait filmé l’apparition d’une femme nue indiquant le tableau « Ninfa nei boschi » attribué à Luini Bernardino. L’oeuvre aurait ensuite été passée aux rayons X, révélant d’étranges sous-couches représentant une scène digne des envahisseurs, un disque entouré d’étranges personnages à 4 bras. (Un fantôme ET des extra-terrestres, qui dit mieux?). Le tableau aurait ensuite mystérieusement disparu, retiré du musée qui, parait-il, feint de ne l’avoir jamais exposé…
Entre ça et divers mystères épars (la madone cornue de l’église de Sant’Eustorgio qu’on dit hantée par une hérétique, l’inquiétant heurtoir du foro Bonaparte au n°48, l’histoire des sorcières brulées vives sur l’ancienne piazza Vetra (près des colonnes de San Lorenzo), celle de l’ancien cimetière qui court sous les bâtisses bourgeoises de via Cesare Correnti, ou encore celle du fantôme de Bernarda Visconti, emprisonnée par son père, qui hanterait encore le cloître de Santa Radegonda… cette ville n’est peut-être pas si tranquille, finalement!
C’est bien assez !
C’est le genre d’histoire que j’adore ! pour brera je ne savais pas et ça me rend vraiment curieuse…