Nous voilà fin mars, mais on ne va pas parler des saisons (ma bonne dame) ni de ce vain sentiment d’attente qui nous accompagne tous, alors parlons plutôt de trucs chouettes glanés ça et là et qui font que chaque jour, malgré tout, apporte son lot de petites surprises et de joies minuscules (la vie quoi).
Point lecture
On en a maintes fois parlé ici, la lecture est une aventure, un parcours qui nous mène de livres en livres par des sentiers mystérieux. Lors du dernier instant en vrac, je vous parlais d’une fiction radiophonique tirée d’un récit de Dickens, L’aiguilleur. Une histoire mystérieuse de train et de fantôme. Comme il me semblait me souvenir que cette version audio portait un autre titre, je me suis retrouvée à taper tout bêtement dans Google: « Dickens fantôme train ». Et si j’ai en effet retrouvé le nom du morceau audio (le fantôme de la voie ferrée), un autre univers s’est aussi ouvert à moi. J’ai en effet découvert que Charles Dickens avait en 1865 survécu à un terrible accident de train ayant emporté en bas du viaduc de Staplehurst huit wagons et fait de nombreuses victimes.
Vraisemblablement traumatisé par cet évènement, l’écrivain, alors âgé de 53 ans, n’a plus publié ensuite, et a laissé au moment de sa mort (cinq ans jour pour jour après l’accident de train) un roman policier inachevé : Le Mystère d’Edwin Drood, qui a enflammé l’imagination des critiques et des fans de l’auteur, tentant de résoudre l’énigme de la disparition du personnage d’Edwin Drood, certains romanciers allant jusqu’à pasticher Dickens pour terminer l’histoire coûte que coûte. A priori, l’opinion publique avait même désigné un coupable, John Jasper. Evidemment, j’ai tout de suite eu envie de mettre la main sur ce roman, mais l’aventure ne s’arrête pas là…
Tout à ma recherche, j’ai découvert qu’un auteur contemporain, Dan Simmons, s’était mis en tête de lier l’intrigue de cette histoire inachevée à celle de l’accident de train subi par Dickens. « Le 9 juin 1865, alors qu’il vient en aide aux blessés, Charles Dickens rencontre un personnage inquiétant. Cet homme, d’une maigreur cadavérique et d’une «blancheur de ver», a le regard fixe, le nez mutilé, de petites dents pointues… Il se présente sous le nom de Drood. Plus tard, personne ne se souviendra de l’avoir vu dans le train. » À partir de cette anecdote imaginaire, Dan Simmons reparcourt les dernières années de la vie de Dickens et son travail d’écriture sous le prisme de cette inquiétante rencontre. Evidemment, j’ai commandé les deux livres, et je n’ai qu’une hâte, finir mes lectures en cours pour me plonger dans cette incroyable histoire!
Point écriture
Vous ne le savez peut-être pas, mais la communauté NaNoWriMo, en plus d’organiser chaque année en novembre son grand challenge de marathon d’écriture de roman, propose pendant l’année des camps d’écriture sur le même principe. Sauf que là, vous fixez vous-même votre objectif d’écriture, et vous pouvez profiter de l’émulation collective pour écrire de nouvelles choses ou bosser sur vos textes existants (ou au hasard, pour relire vos 50 000 mots écrits à la hâte en novembre suivez mon regard). Le prochain est en avril (c’est demain!), je vais tenter de m’y mettre (le pied du mur, cette aventure), dites-moi si ça vous tente, plus on est de fous plus on rit!
Point food
Depuis quelques années déjà, je suis les activités de la communauté Creative Mornings qui propose de fédérer les âmes créatives autour de rendez-vous gratuits, inspirants et (parfois très) matinaux. S’il n’y a plus d’antenne à Lyon, les organisateurs US ont pris le parti de proposer, depuis la pandémie de Covid, des Virtual field trips, des rendez-vous sur Zoom avec des intervenants de tous horizons. A chaque fois, l’intervenant partage pendant une ou deux heures son expérience ou expertise sur un sujet donné (pour vous donner une idée, ces dernières semaines j’ai participé à des workshop sur l’optimisation du temps de travail ou sur le dessin de cartes à main levée). J’adore l’idée d’apprendre des trucs et de prendre une heure de son temps pour aborder quelque chose de nouveau ! Bonus, les interventions se font en anglais (mieux que Duolingo pour progresser ou maintenir son niveau) et, décalage horaire oblige, se tiennent à des heures bien plus praticables qu’en version originale.
La semaine dernière, j’ai ainsi pris part à un cours de gnocchi en ligne (si) avec Alessandra Lauria, une sicilienne qui propose des cours de pâtes fraiches en italien ou en anglais. Je sais déjà faire les gnocchi (la preuve ici et ici), mais ça me faisait marrer de voir comment un cours de cuisine pouvait s’organiser sur Zoom. Très simplement, les participants ont reçu par mail à l’avance la liste des ingrédients et du matériel nécessaire, et la consigne de faire cuire un kilo de patates une heure avant le début de la session vidéo.
J’avoue, je n’ai pas joué le jeu de la cuisine en direct (difficilement praticable avec mon ordi antédiluvien qui doit rester branché en permanence et les dimensions de ma cuisine) mais je l’ai vite regretté. Imaginez un peu, au centre de l’écran, Alessandra qui pétrit tout sourire en buvant du vin blanc et, en vignettes, près de 200 personnes du monde entier s’affairant en cuisine. Un vrai festival de plans de travail en bordel, de tabliers enfarinés et de gens souriants qui patouillent en demandant sur le chat pourquoi leur pâte colle, comment ne pas paniquer si on a mis trop d’œuf ou si on peut congeler les gnocchi une fois façonnés si on a mal lu la recette et multiplié les doses par quatre. J’ai trouvé ça tellement réjouissant! Ça m’a donné follement envie de reprendre les sessions pâtes fraiches à la maison avec les copains (dès que le vilain Covid nous en laissera le loisirs) et, of course, de faire des gnocchi dès que j’en aurai le temps.
Point verdure
Mon balcon commence à sentir le printemps! Après la floraison des bulbes, ce sont les arbres qui bourgeonnent à présent et laissent apparaître leurs petites feuilles tendres. C’est probablement le truc qui me donne le plus de satisfaction, planter des arbres, rien que pour ça j’ai des envies de campagne (mais pas de maison de campagne, ni de vie à la campagne, du coup il me faudrait un verger en ville… hé hé facile). Quand ils auront grandi, il faudra bien me résoudre à envoyer mes cerisiers, mon figuier, mon noisetier et mes pommiers au vert (et encore, le chêne n’a pas passé l’hiver, et le bananier renait de ses cendres chaque été) mis en attendant, je me réjouis de chacun de leurs bourgeons, et j’attend avec impatience les premières fleurs!
Dans ce vrac datant de l’année dernière, je vous parlais de cette carte interactive des arbres de la Ville de Lyon, et de mon enthousiasme face à ces inépuisables perspectives de balades visant à dénicher ce saule ou cet épatant ginkgo. Depuis, j’ai découvert plus dingue encore, via la très chouette newsletter Bulletin (abonnez-vous!) : la carte des arbres remarquables labellisés. Parce que oui, il existe un label des arbres remarquables et pour le coup, c’est toute la France qui devient terrain de jeu, à la recherche de tel tilleul normand à petites feuilles, ou de cette incroyable aubépine à St Mars-sur-la-Futaie dans les pays-de-la-Loire. Je vous invite plus que chaudement à regarder ceux qui se trouvent près de chez vous pour leur rendre une petite visite, ou d’ajouter une ligne à votre itinéraire de vacances pour saluer tout sequoia géant labellisé qui se trouverait sur votre route!
Des trucs cool
Je ne sais pas trop si on en a déjà parlé ici (12 ans d’archives et la flemme de chercher), mais je suis une grande adepte de la danse de salon, au sens de danse dans le salon (en plus, ça marche tout autant dans la chambre ou la salle de bain). C’est un peu mon moment à moi après le boulot, pour relâcher les tensions dans mon dos après trop d’heures derrière un ordi, retrouver l’usage de mes épaules et me rapproprier un peu d’espace au-delà des quelques mètres carrés où je passe mes journées. Du coup, j’ai passionnément suivi pendant des années le compte Instagram Personal Practice où la danseuse expérimentale Marlee Grace se filmait chaque jour en train d’exécuter quelques mouvements d’impro, où qu’elle soit, dans la rue, à la plage ou dans son salon (on y revient).
Le compte n’est plus accessible à ce jour (le site indique « on social media holiday »), mais l’artiste a tiré un livre de cette expérience, A sacred shift*, invité chacun à danser dans sa cuisine pendant le confinement, et a surtout partagé avec ses fans l’incroyable playlist qui a rythmé son projet, alimentée depuis 2016 et par le biais de laquelle j’ai découvert plein d’artistes. J’adore découvrir les playlist des gens, c’est comme fouiner dans leur bibliothèque ou dans leur penderie sur Vinted, on a l’impression de passer un moment avec eux et de mieux les connaître (et aussi, l’occasion de se retrouver à écouter Justin Bieber dans une veste en velours lie-de-vin sans savoir comment on en est arrivée là).
*Je vous signale au passage qu’avant ça, Marlee a écrit d’autres livres, dont un sobrement intitulé How to not always be working, sur lequel j’essaie de mettre la main d’occasion depuis.
Puisqu’on parle de confinement et de voyages immobiles, il me semble opportun de mentionner le travail de l’illustratrice japonaise Nao Tatsumi qui, depuis son ordi, a exploré le monde via Google Street View pour dessiner des rues de Paris ou Mexico sans quitter son bureau. Imprimées en risographie par l’atelier lyonnais Kiblind, ces scènes d’un ailleurs ordinaire sont en vente sur l’e-shop et sont de parfaites invitations à la rêverie.
Je ne sais pas si vous vous souvenez, pendant le premier confinement on avait parlé de bricolage avec les moyens du bord… Ce projet des artistes Mazaccio & Drowilal est plus vieux (2012), mais il aurait tout aussi bien pu voir le jour pendant la pandémie au cœur de l’ennui : le duo qui travaille collage et décalage a ainsi imaginé la série Nunuche, des « collages sur feuilles originales de papier essuie-tout ». Evidemment je suis fan!
C’est tout pour aujourd’hui! Bonne fin de semaine les amis! (Et comme d’hab’, si vous avez des trouvailles sympas à me signaler, n’hésitez pas!)
super billet! ah le mystère Dickens c’est comme la disparition d’Agatha Christie ça fait s’envoler les imaginaires !
très belles plantes ! mon pêcher et un de mes framboisiers a survécu, l’autre est mort (le gel?) du coup j’ai racheté un nouveau framboisier (mon fruit préféré) et un mûrier…
Je suis curieuse pour le Virtual field trips, où est-ce que tu t’inscris et où trouves-tu les ateliers ? Je parle anglais du coup ça m’intéresse
enfin pour le challenge Nanowrimo on trouve les infos juste sur le site ? il faut juste s’inscrire ? je suis curieuse (et intéressée) merci !!
Oui j’ai vraiment hâte de me plonger dans le mystère Drood! Pour les virtual field trips c’est ici https://creativemornings.com/talks/upcoming?kind=fieldtrip (il faut se créer un compte et s’inscrire pour chaque évènement, mais vu que c’est en vidéo la jauge est haute!). Pour le Nanowrimo c’est là: https://nanowrimo.org/ Une fois ton compte créé tu crées ton ou tes projets (announce new project) et tu fixes ton objectif (sauf pour le NaNoWriMo de novembre où l’objectif est commun, écrire 50 000 mots!) Après pour suivre tes progrès tu as tes stats. Si jamais tu t’inscris dis-le moi, on peut aussi ajouter des buddies et voir les progrès de chacun, ça aide pour se motiver! 🙂