(photo www.anishkapoormilano.com) Je sais, c’est la rentrée. Je sais, là haut c’est pas écrit Complétement flou en passant par la Lorraine. Du coup, je vais arrêter de vous raconter mes épopées « nordiques », et revenir au présent, en direct de ma table de cuisine milanaise. Ce qui ne va pas m’empêcher de vous parler encore d’une petite expo, mais milanaise cette fois (chacun ses névroses) (et d’ici peu vous allez avoir droit comme à une avalanche de billets sur le milano film festival, vous voilà prévenus). Mais revenons au sujet qui nous intéresse, à savoir les installations d’Anish Kapoor à Milan.
L’idée, c’était de réunir quelques travaux du célèbre artiste indien. Le hic, c’est que ceux-ci sont énormes. Il ne fallait donc pas moins de deux espaces, et pas des moindres, pour mettre en place l’exposition. La Rotonda di via Besana, église désacralisée entourée d’un parc qui fut tour à tour cimetière, hopital et lieu de confinement pour les pestiférés(!), accueille les monumentales sculptures de métal courbes et réfléchissantes sensées figurer des « non-objects » (sic) et une immense sculpture de cire teintée d’huile en mouvement, sorte de tour de poterie pour géant au mouvement perpétuel qui marque son empreinte dans la cire… (sauf que là le moteur est hors service pour la troisième fois depuis l’inauguration, donc je compte sur votre imagination pour suppléer au mouvement).
Ceci dit, ce n’est pas cette partie là de l’exposition qui m’a le plus intéressé, mais plutôt l’installation mise en place à la Fabbrica del Vapore (ancien atelier et dépôt de trams reconverti). Parce qu’ici, il ne s’agit pas seulement de ragarder l’oeuvre, mais de vivre une véritable expérience sensorielle. L’artiste est en effet fasciné par l’idée du trou, du vortex, du tunnel sans fond, sorte d’allégorie à la fois du néant et de la spiritualité à travers la notion d’intimité (et puis aussi, comme il le dit lui même, de l’expérience sexuelle) (comment ça c’est moins spirituel cette affaire?)
En entrant on se trouve devant l’entrée d’une sorte de tunnel sombre, boyau évasé dont on ne peut au premier abord évaluer la profondeur. Il s’agit alors d’entrer, et de se confronter peu à peu à une perte des repères dûe à l’obscurité totale, une perception troublée (on dirait que les parois se rapprochent et que l’espace va en s’amenuisant), une appréhension dûe à un écho chuchotant du meilleur effet (mais pourquoi est ce que je repense à ce livre qui parlait d’un esprit prisonnier au fond d’une mine…), appréhension renforcée par la décharge qu’une dame souriante nous a fait signer quelques instants auparavant… (j’ignore si la chose fait partie de l’oeuvre, ou relève seulement d’une formalité légale, mais l’effet est réussi)
Je ne vous en dirai pas plus, chacun étant libre d’expérimenter la chose à sa manière… Je vous conseillerai seulement de prendre le temps de profiter de l’expérience, parce que la deuxième fois (oui, j’y suis retournée), ça « fonctionne » moins bien…
Rotonda di via Besana jusqu’au 9 octobre-Fabbrica del Vapore jusqu’au 8 janvier 2010- entrée pour les 2 espaces 10 euro (8 euro quand la machine de via Besana est en panne!)
J’ai vu deux fois Anish Kapoor, au guggenheim de Bilbao l’an dernier et au Grand Palais cette année. L’installation que tu présente en premier était à Bilbao, ainsi que le canon qui projète de la cire teintée et les sécrétions de béton en forme de caca de chien (c’est lui qui le dit). On est resté assez hermétique à Bilbao, mais à Paris, la structure était un peu dans l’idée de celle qui est à Milan et là, j’avoue que j’ai été un peu plus touché par l’atmosphère dans l’oeuvre, les sons étouffés et les sensations.
J’ai découvert cette année Anish Kapoor grâce à la Monumenta (je sais je sais) (on fait ce qu’on peut). On ne nous a pas fait signer de décharge, mais à te lire j’ai éprouvé des sensations semblables: perte des repères, vertige… Il y a avait un peu trop de monde pour perdre complètement pied, j’espère que ce n’est pas le cas à Milan.
@Violette: ah non, nous on était tout seuls!
Cette exposition doit être une sacrée expérience à vivre!
J’ai été incapable de parler correctement de son Léviathan parisien, parce que ses œuvres se ressentent et se vivent individuellement.
j’ai adoré la petite peur qui te prend au bout du tunnel. le noir et le silence absolu… jusqu’au la lueur, ouahhhhhh!!!
J’ai manqué son Léviathan à Paris.
On avait entendu tellement de bien que l’on comptait faire le voyage depuis la suisse…mais la vie est parfois malicieuse, elle nous donne envie de voir et de faire des choses puis d’un coup nous en empêche.
Peut-être Milan alors 🙂