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Ca fait beaucoup trop longtemps qu’il n’y a pas eu d’instant en vrac ici, donc l’alternative se pose : faire un vrac kilométrique ou faire des choix (lol). Un conseil, faites-vous un café ou un gin tonic et mettez un coussin sous votre derrière!

Point lecture

Dans un précédent instant en vrac, on (enfin moi surtout) avait parlé de courrier, de la joie de recevoir et d’envoyer des lettres et du fabuleux projet APRI made in Italy consistant à s’abonner pour recevoir chaque mois une lettre de fiction par la poste. Depuis, ayant sorti mes antennes sur la question, j’ai vu fleurir plusieurs initiatives dans la même veine et ça fait maintenant des semaines que je brûle de vous signaler le projet Missives sauvages! Ce nom déjà, parlons-en, il est encore plus joli dans sa version originale « missive selvatiche » (eh oui, encore des italiens, pourquoi vous croyez que j’aime tant ce pays hein?). Il s’agit d’un projet de résistance artistique né pendant la pandémie, à l’heure où les artistes peinaient encore plus que d’habitude à voir leurs projets aboutir et atteindre le public.

Alors certes il y a internet, mais on est d’accord pour dire qu’on ne « consomme » pas de la même manière les contenus en ligne et en vrai? Et puis tout le monde n’a pas internet, alors que tout le monde (ok, presque tout le monde) a une boite aux lettres! Pamela Maddaleno et Alessia Castellano, respectivement photographe et illustratrice, ont ainsi réuni un groupe d’artistes et dispersé dans des boites aux lettres au hasard de petits paquets contenant 3 objets d’art, tous différents, de manière aléatoire: photos, poèmes, dessins… Evidemment je rageais de n’avoir aucune chance de faire partie des heureux élus, jusqu’au jour où j’ai découvert que le projet avait aussi essaimé à Lyon… Je sais bien que les musée ont réouvert, mais j’espère fort un jour croiser la route d’un de ces jolis petits paquets bien ficelés…

Dans un tout autre genre, avez-vous entendu parler de La Disparition? C’est un « média épistolaire et politique qui chronique les disparitions en cours dans notre monde ». Soit tous les 15 jours, les mots d’un auteur ou d’une autrice dans votre boite aux lettres pour vous raconter, au milieu des promos Pizza Hut et des factures de gaz, les disparitions dans le monde qui nous entoure. Un récit fictionnel ou non, accompagné d’une carte et d’infos pour approfondir le sujet dont il est question. Le projet se veut une sorte d’inventaire de ce qui peut disparaitre, même ce qui nous semble éternel, permanent, évident, et souhaite ouvrir la porte (par le biais de la boite aux lettres, c’est malin!) à « un monde plus juste, plus doux, plus solidaire ». Lancement prévu le 15 novembre !

Point écriture

Inopinément à 6h ce matin en écoutant le café bouillonner dans la cafetière, j’ai décidé de participer pour la 3e fois cette année au NaNoWriMo, le marathon collectif d’écriture de novembre ! Oui, après avoir passé des semaines à me dire que ce n’était pas raisonnable, que je manquais déjà de sommeil, que j’avais déjà mal au dos à trop trainer derrière l’ordi, que j’avais déjà des projets d’écriture en cours à retravailler… Ballec!! comme disent les jeunes! Me revoici dans l’aventure de l’écriture nocturne, des casse-dalle en guise de diner, des notes illisibles griffonnées dans la journée sur des bouts de papier, de l’obsession de la sauvegarde et du compteur de mots qui chaque jour retombe à zéro…

Si l’aventure vous tente, il est encore temps de nous rejoindre avant demain soir pour avoir, vous aussi, les yeux qui collent et l’impression d’être en retard dans votre programme de la journée dès le petit déjeuner! Le lancement officiel, c’est le 31 octobre à minuit, cette année Covid oblige la kick-off se fera en live sur Twitch (pour l’Auvergne Rhône-Alpes c’est ici) mais rien ne vous empêche de faire ça chez vous avec des potes ou seul.e avec votre chat sur les genoux. Pour ma part, le collectif a tendance à me distraire donc je préfère avancer dans mon coin, mais c’est toujours sympa entre deux paragraphes de voir un visage humain! (Dites-moi si vous êtes tenté.e.s, on pourra se motiver mutuellement quand on peinera à atteindre notre quota de mots quotidiens et qu’on se demandera quel est le con qui nous a inscrit?!)

Et puisqu’on parle d’écriture, impossible de ne pas mentionner cette initiative (australienne et terminée, vous qui me lisez, laissez-là toute chance de participer) lancée par une compagnie qui loue des cabanes dans la nature ou au fond des bois : un concours de poèmes et nouvelles sur le thème de la nature, dont le prix consiste en 6 mois de résidence dans l’une des cabanes pour une retraite intensive à base d’écriture et de grands espaces (et la publication d’un recueil collectif, accessoirement). Si quelqu’un a vent d’un truc de ce genre en France, qu’il parle maintenant ou se taise à jamais!

résidence écriture cabane nature

Point food

Comme j’aime beaucoup le houmous, j’ai toujours une petite réserve de conserves de pois chiche et un pot de tahini qui trainent quelque part chez moi. J’ai fini par me demander ce qu’on pouvait faire d’autre avec la pâte de sésame, et après quelques recherches un nouveau monde s’est ouvert à moi. Je projette de réunir tout ça dans un prochain article spécial tahin, donc si vous êtes fans aussi et que vous avez des recettes planqués dans un tiroir, c’est le moment de les partager!

Je suis tombée récemment sur un article du NY Times sorti pendant le confinement et encourageant les lecteurs à lâcher leurs écrans pendant le repas. Je crois avoir rarement mangé devant un film ou mon téléphone à la main, mais c’est apparemment courant, et à une époque où les gens n’ont même plus la volonté nécessaire pour faire leurs courses ou sortir acheter à manger (près de 18% des plats livrés à domicile sont des pâtes!!)) plus rien ne m’étonne. J’ai bien aimé la liste de conseils prodigués pour réenchanter le moment du repas, quoi que vous ayez dans l’assiette, et qui sont valables confinement ou pas. En gros, faire comme si on fêtait quelque chose, qu’on avait des invités (c’est nous youhou!), mettre une jolie nappe et des verres à pied, ajouter des fleurs sur la table, s’asseoir bien droit sur sa chaise comme au resto et manger proprement. J’ajouterais, s’habiller pour briller et complimenter le ou la cuisinière même s’il y a des nouilles ou de simples radis au beurre au menu!

lista della spesa

Et puisqu’on parle de faire les courses, parlons liste de course! Chacun a sa technique (par typologie de produits, en vrac, ou comme ma mère dans l’ordre des rayons du supermarché?), ses accessoires (plutôt stylo, crayon, petits carreaux ou papier ligné?), son esthétique (vous rayez au fur et à mesure vous?) et sa façon à lui de les abandonner dans ses poches, son sac ou le fond de son charriot. Depuis des années l’italien Giulio Castoro récolte les listes oubliées ça et là, et publie celles qui l’interpellent sur son compte Instagram @insta_della_spesa. Ses followers se sont mis à lui en envoyer d’autres et, avec le temps, il a commencé à théoriser la chose et à classer les « listeurs » par catégories: les célibataires, les retraités, les familles… Identifiables à leurs achats, leur façon d’écrire, de citer des marques qui n’existent plus ou de ne pas savoir écrire biscotte… Tout récemment, Giulio Castoro a réuni les 150 meilleures dans un livre sobrement intitulé Prosecco, pannolini e pappa per il gatto (en gros: vin pétillant, couches et bouffe du chat) et c’est un régal d’observer ainsi les gens par le bout de papier qu’ils serrent compulsivement pendant leurs déambulations au supermarché.

Point verdure

Je ne sais plus si j’en ai déjà parlé ici, depuis quelques années je fais partie de l’équipe qui gère le groupe Facebook Troque ta plante – Lyon. On y échange boutures, plantes, graines et autres petites choses liées à l’univers végétal. C’est notamment de là que proviennent mes prolifiques fraisiers, mes supports de jardinière et mon noisetier préféré, et j’adore voir les gens partager dès le lundi matin semis, tuteurs et rejets. Et ce que j’aime encore plus, au-delà de l’absence d’échange d’argent, c’est l’absence d’équité en soi : si je cherche à me débarrasser d’un ficus de 2m et que je cherche une bouture de bégonia, l’échange est équitable bien que déséquilibré, car tout le monde y trouve son compte. L’équité n’est pas dans la taille de la plante, la rareté de la variété, mais dans la recherche comblée, et dans la multiplicité des échanges : parfois on est lésé car la bouture ne tient pas, on fait 8 km à vélo pour récupérer un fond de sac de terreau, mais parfois on nous donne une entière barquette de semis de poivrons en échange d’une banale cactée, une petite pousse qui grandit vite fait à son tour des rejets, ou on hérite d’un large pot en terre cuite car le troqueur d’en face n’a pas souhaité rempoter la plante échangée pour ne pas la stresser… Tout le monde en sort gagnant, et tout le monde est content! (c’était l’instant gratitude du jour, merci bisous)

Dans un genre beaucoup moins frugal (vous savez que je suis un savant mélange de minimalisme et de kitsch assumé don’t you?), que dites-vous de ces orchidées et anthurium marbrés? A la fois monstrueuses et sublimes, peintes par le studio ACID.FLWRS, elles me donnent envie, non pas de peindre sur des fleurs, mais sur des fleurs en papier. Vous savez, ce truc pour liquider ses vieux vernis pour en faire du papier marbré? Quelqu’un a déjà essayé?

Des trucs cools

skalgubbar personnages détourés architecture

Tout récemment M. a travaillé sur un projet pour lequel il a du produire des visuels d’architecture. Il cherchait des personnages à insérer dans ses vues 3D quand je me suis souvenue d’un super site que j’utilisais jadis pour ce type de besoins : Skagubbar ! Une banque d’images de personnages détourés créée par le suédois Teodor Javanaud Emdén, alors étudiant en archi et las de ne trouver que des personnages en basse résolution ou des visuels de mecs encravatés dans des poses peu naturelles. Il a photographié ses amis (et s’est fait photographier lui-même) dans la vie de tous les jours, en train de faire des trucs divers et habillés comme des gens normaux, et c’est toujours un plaisir que d’insérer sur un visuel très sérieux ses bonhommes en short mal peignés!

Dans la foulée, j’ai cherché d’autres banques d’images dans le même esprit et je suis tombée sur Black-img qui propose des images détourées de personnes noires, trop rares dans les rendus architecturaux, et milite ainsi pour une construction des imaginaires plus juste. Toujours dans la foulée, j’ai découvert que Teodor, le suédois dont je parlais tantôt, avait un temps édité des pin’s à partir de ses personnages détourés! Ils sont très beaux et mon petit cœur de fille des 90′ espère fort mettre un jour la main sur l’un de ces spécimens !

Plus haut je vous parlais de l’art diffusé via les boites aux lettres. Du coup ça ne vous étonnera pas que je me sois passionnée pour l’histoire de Matt Harkins and Viviana Olen. En 2015, les deux comédiens se rencontrent dans un théâtre, emménagent rapidement ensemble et, après avoir vu un documentaire sur Netflix, ils décident « pour rigoler » d’organiser une expo dans leur long couloir d’entrée. Ils lancent un crowdfunding sur Kickstarter pour lever 75 dollars et inaugurent ainsi le THNK1994 museum, un musée dédié à Tonya Harding et Nancy Kerrigan, deux championnes américaines de patinage artistique. Evidemment, c’est assez intrigant pour attirer très vite un tas de gens.

Tous les weekend, ils accueillent des visiteurs dans leur couloir d’entrée et sur les deux chaises de leur musée, fourrent leur bazar personnel dans des sacs poubelles, rencontrent tout un tas de gens, agrandissent leur collection et, au-delà de la blague initiale, deviennent un vrai musée (C’est quoi un vrai musée? Vous avez 4 heures). Ensuite, ils décident d’organiser d’autres expos (sur les jumelles Olsen, la pop culture, Britney, les tabloïds etc. ), s’équipent (en premier lieu, d’un stroboscope) (je les aime), commencent à faire payer l’entrée, investissent d’autres lieux à New-York pour s’épargner le souci des visiteurs qui ne veulent plus partir de chez eux à l’issue de la visite… Bref, le Musée est devenu pour eux une vraie activité, et une source de revenus (notamment via la boutique-cadeaux du musée)… Pas mal pour un projet qui a pris au sérieux une idée « pour rigoler »!

Ceux qui sont encore là (merci) peuvent regarder cette vidéo de Matt et Viviana dans leur musée THNK1994, aussi embarrassante que réjouissante! Qu’on aime ou pas la matière exposée, je trouve que la démarche est intéressante. Matt et Viviana défendent l’idée que tout art mérite d’être exposé et de rencontrer son public, et j’aime beaucoup l’esprit qui pousse à créer soi-même, plutôt que de s’en plaindre, ce qu’on ne trouve pas dans un domaine!

J’ai encore plein de trucs à vous dire mais je vais vous laisser souffler. Et puis c’est pas tout ça, j’ai un challenge d’écriture à préparer moi!