Je vous saoule tous les ans avec des histoires de ménage de printemps… Mais si, regardez là, et là, là, et là aussi. Et bien figurez-vous que la promesse de Marie Kondo (mais si, tu sais qui c’est, tout le monde a lu Marie Kondo dernièrement), c’est qu’une fois son livre lu et sa « technique » assimilée, je n’aurai plus jamais besoin de ranger! Vous imaginez, plus de billets à rallonge sur comment organiser sa maison et choisir ses éponges (ah non, celui-ci je l’ai jamais fait, mais ça aurais pu être le prochain, à publier en mai). La grand principe de Marie, c’est de ranger une fois pour toute, pour ne plus jamais avoir à le faire par la suite. Vous pensez si j’ai foncé! En vrai, j’étais à la gare de Chambéry en plein déménagement, en train d’attendre ma correspondance pour Lyon où m’attendaient les clefs de mon nouvel appartement. Évidemment, j’avais beaucoup trop de cartons et un logement riquiqui en prévision, alors ce bouquin dans la vitrine du tabac-presse entre les lotions désinfectantes et les barres chocolatées a semblé m’appeler.
(Ne nous étendons évidemment pas sur le paradoxe qui fait que pour réduire ses possessions, il faille commencer par acheter.) (Ni sur le fait que la perspective de me priver de mon activité favorite de procrastination soit aussi source de frustration.)
Marie comme son nom ne l’indique pas est japonaise. Elle a longtemps aussi été une maniaque du rangement, des diviseurs de tiroir et des classements farfelus qui ordonnent et classent sans faire disparaitre toutes ces choses qui encombrent toute maison. Jusqu’à ce qu’elle comprenne que le problème n’était pas les choses que l’on peut jeter de façon logique (jeter des chaussettes trouées, des valises défraichies ou des guides de voyage périmés, c’est à la portée du premier venu armé d’un sac poubelle). Le problème réside dans les choses qu’on n’arrive pas à jeter. Ce sont elles qui nous polluent, parasitent notre énergie et font vendre à Ikea des milliards d’étagères et placards sans vraie utilité.
Ce qui est amusant, c’est que ces objets sont souvent des sortes de faille temporelles ou des zones de fantasme, des sortes de mini autels à celui ou celle qu’on était ou qu’on aimerait être, et que peut-être on n’a pas encore fait le deuil de voir (ré)apparaitre. Je parle des fringues dans lesquels on ne rentre plus, de cette collection de revues jolies mais qu’on ne pense jamais à feuilleter, de ces partitions qu’on pensait utiliser pour enfin apprendre la guitare, de ces recettes qu’on n’a jamais faites, de ces plans de ville qu’on voulait explorer…
Je ne suis pas matérialiste et je possède assez peu de choses (en plus je suis souvent fauchée, ça aide à ne pas trop accumuler), je n’accorde pas beaucoup d’importances aux symboles et aux souvenirs, et j’aime bien l’idée que la quantité de bazar dont on s’entoure soit inversement proportionnelle à l’énergie dont on dispose… et pourtant, mon rêve de fille libre qui fait sa valise en 3 minutes et change de ville en 7 m’a semblé bien lointain devant la pile de cartons qu’il nous a fallu hisser quand on a déménagé. Je n’arrêtais pas de me demander « mais sacrebleu y’a quoi déjà là-dedans?! » (en vrai je ne dis pas sacrebleu, mais j’aimerais autant éviter de transcrire sur cette page des bordées de jurons italiens)
Le secret selon Marie Kondo, c’est de vivre dans le présent, de ne garder avec soi que ce dont on n’a besoin ou qui nous plait vraiment sur le moment. Inutile de garder des vêtements pour lesquels vous n’auriez pas un regard dans une boutique, des bibelots que vous ne voyez plus ou que vous passez votre temps à déplacer, des papiers pour l’au cas-où genre notices et cartes que vous ne trouverez jamais au moment où vous en aurez besoin. Pas la peine de s’encombrer non plus avec des vestiges du passé, de vieux cours (même passionnants) de l’université, des livres déjà lus pour étaler votre culture dans le salon sur moult Billy…
Le credo de Marie c’est Balancez tout! Évidemment on peut tempérer en donnant/vendant etc, l’important étant de le faire tout de suite sous peine d’y réfléchir à nouveau et de fléchir. Imaginez le bonheur de posséder peu de choses, mais que des trucs que vous adorez, qui vous mettent en joie. J’ai certaines fringues qui me font battre des mains à chaque fois que je les vois (j’ai un quotidien plan-plan vous vous rappelez?) et j’aimerais bien n’avoir que ceux-là! Avoir une bibliothèque idéale avec juste mes préférés sans les diluer sous les bof-bofs et les navets, et avoir un espace de travail toujours rangé avec juste ce dont j’ai besoin dans la semaine pour bosser.
Du coup, joie, euphorie, j’ai entamé le processus d’allégement et rien que d’en parler là j’ai envie de remplir 3 poubelles (je pense que Marie met des amphèts entre les pages de son livre, voilà son secret). Sans rire, si l’auteur recommande de faire ça en une seule fois sur quelques jours pour un effet radical et durable, je n’en suis encore qu’à m’alléger consciencieusement dès que j’ai un moment. (En somme, exactement ce qu’il ne faut pas faire selon Marie, c’est à dire ranger et jeter un peu tous les jours) (comme quoi on peut être très motivé(e) et quand même fauter). L’entrée de mon appartement est devenu une sorte de sas où transitent les choses en attente de disparaitre, et à chaque fois que je vois un carton/sac passer la porte j’exulte. Comme quoi si je ne bénéficie pas du changement de vie radical promis par Marie, au moins me distillé-je des moments de joie de façon régulière.
Bref, toute tentative vers un mieux, et surtout vers un « soi en mieux » est positive, et si le livre de Marie Kondo est un best-seller comme peu de romans passionnants le sont, c’est selon moi une bonne chose, cachée sous des apparences trivialement ménagères. Parce que tout ranger pour ne plus avoir à ranger, c’est se libérer du temps pour lire et se balader, et de l’espace pour parler avec les mains et danser; du coup, j’espère vraiment y arriver!
La magie du rangement – Marie Kondo
Ps: Comme j’en suis à me débarasser des livres qui m’ont le moins plu, ou de ceux que j’ai aimé mais que je ne compte pas relire, gage de gain de place et de problèmes lombaires en moins quand sera venu le moment de bouger à nouveau, j’ai mis sur la pile le livre passionnant de Marie Kondo qui, son office fait, va pouvoir rejoindre le domicile d’un autre dingue à l’esprit et aux étagères encombrées!
Ps2: Entre le moment où j’ai écris ces lignes et celui ou je les publie, j’ai aussi participé au déménagement d’un couple d’amis et, devant les 4 étages sans ascenseur, je me suis renouvelé cette promesse, autant que possible, de m’alléger…
Ça me donne tellement, tellement envie! De me débarrasser de tout, une bonne fois pour toute.
Mais quand je vois l’ampleur de la tâche… ça me désespère. Dans mon cas, le rangement radical risque de prendre des semaines tellement j’ai accumulé des trucs depuis des années. Mais je sais que ça me ferait un bien fou. Je sais juste pas comment le faire et surtout, si j’aurai le courage.
^^
@Les causettes de Célestine: on contraire, plus tu as de choses, plus c’est facile d’écrémer je pense! Moi je suis plutôt du genre minimaliste du coup les choix sont souvent cornéliens, mais dans ton cas si tu gardes tout ça devrait être simple de réduire de moitié au moins! 🙂
moi qui ne voulais pas céder à l’achat d’un best-seller dont tout le monde parle, je suis en train de changer d’avis ^^
@chiffonsandco: je ne pensais pas l’acheter non plus jusqu’à ce que je me retrouve dans cette gare avec mon sac à dos, à penser à la montagne de cartons qu’il n’allait pas tarder de falloir écluser!
Des fois, je voudrais « transvaser » l’intégralité de mon appartement ailleurs, le vider entièrement, puis ré-intégrer une par une les choses dont j’ai VRAIMENT besoin ou qui sont importantes pour moi. Et laisser, sans état d’âme, tout le reste derrière moi.
@Mojito Cerise: c’est à peu près le concept de Marie Kondo! Mais tu n’as pas besoin de tout vider pour ça! (La preuve, même en déménageant on n’y arrive pas toujours) Ce qui est intéressant dans la démarche justement, ce n’est pas tant de jeter que de s’interroger sur ce qui est vraiment important pour soi!
Je l’ai lu et même si j’ai pas trop aimé le ton, j’ai commencé à appliquer, avec ma manière à moi certes, mais quand même. Surface de placard par surface de placard.
J’ai jeté beaucoup, je vends un peu, et je mets de côté pour donner.
Le plus dur pour moi ce sont les cadeaux et les papiers souvenirs, mais il y a un moment il faut bien être raisonnable et les murs de l’appartement ne se sont pas poussés en 6 ans donc…
Yapluka
PS : il y a vraiment des gens qui arrivent à tout faire en une seule fois ?
@Mnêmosunê: je suis d’accord avec toi, j’ai trouvé le ton un peu trop didactico-assomant et les concepts un peu trop ressassés… je pense que quelques feuillets auraient suffit à expliquer la méthode sans imposer 200 pages aux malheureux bordéliques ^^ Je dis ça mais je l’ai lu d’une traite quand même, et j’avais hâte de m’y mettre en descendant du train! Pour ce qui est de tout faire en une fois, j’aime bien l’idée mais j’aurais trop peur de ne pas finir et de rester avec tous mes trucs étalés au sol pendant des mois! Effectivement, avoir un petit appart’ aide à se motiver aussi. tant qu’on a de la place et des placards en quantité on ne voit pas l’intérêt de trier et on peut tout garder « au cas où »!
J’entasse, j’étouffe, je stocke, mais heureusement je donne.
La surface habitable est si réduite que forcément ça donne l’impression d’être envahis.
Je dois « débarrasser » l’appart de ma grand-mère. J’ai été sidérée par le peu d’affaires qu’elle avait, au point de me poser des questions sur notre besoin d’avoir … qui pourtant est très éloigné des acheteurs compulsifs.
@Melle Blanche: on avait eu un peu cette impression chez la grand-mère du Mec, peu de choses, mais toutes très belles et soignées, et que de l’utile, de l’imperméable à la boite de boutons de nacre de rechange… Plus ça va et plus je me rends compte que j’aime pas les meubles (c’est sans doute ma bonne vieille habitude de me cogner partout qui se manifeste), pour m’en délivrer il faut donc me débarrasser des choses… J’ai déjà réussi à éliminer bibliothèque et canapé, maintenant je rêve d’une chambre avec juste un lit et une armoire et d’une petite étagère de bureau qui suffirait à contenir le nécessaire de correspondance et de boulot…
Bonjour,
Le livre dont tu parles me rappelle une de mes lectures sur le même thème avec a priori des conclusions similaires, « L’art de l’essentiel : Jeter l’inutile et le superflu pour faire de l’espace en soi » de Dominique Loreau, auteur qui vit aussi selon un art de vivre inspiré du Japon.
Bonne semaine