Touriste or not touriste? Mon histoire avec Milan est pour le moins sinueuse… Si j’en connais comme ma poche des recoins dont même les milanais ignorent l’existence, j’avoue volontiers mes lacunes concernant les classiques! Flemme d’affronter la foule des encasquettés à appareils en bandoulière, snobisme ou manque d’interêt? Sans doute un peu des trois, mélés d’un peu de malchance* et de timing peu propice; mais le fait est qu’en 2013, je n’avais encore jamais vu la Cène de Léonard de Vinci, gravi les marches du Duomo ni visité le château de la ville (mais ses souterrains, si!)
C’est pourquoi le 31 décembre, mue par la volonté de briser un mythe autant que motivée par un ciel particulièrement limpide qui promettait une vue dégagée, j’ai décidé de gravir les quelques 250 marches menant aux terrasses du Duomo. Instant magico-drammatique: allais-je me transformer en touriste lambda, prendre la pose devant les gargouilles, feindre l’effroi du vertige sous les portiques, mimer des jeux de perspective en tenant dans ma main quelque statue au profil antique?
Je ne suis pas fan des clichés ni des situations panurgesques, mais je crois que j’aime encore moins la moquerie et la condescendance gratuite aussi, n’écoutant que mon courage, je me suis saisie de mon appareil numérique, ai ri comme tout un chacun devant les injonctions en bas à éviter le port de talons aiguilles, et ai entamé l’ascension avec candeur et panurgie, m’étonnant de l’étroitesse des couloirs, ouvrant trop grand la bouche en haut à la vue des Alpes au loin, et photographiant sans relâche de ces statues se dressant dans le ciel, semblant elles-aussi scruter l’horizon et tenter de distinguer, au travers du nuage de pollution, les contours de la ville si plate qu’on ne la voit d’en haut que rarement…
Car en réalité, c’est bien là que réside le spectacle: si la terrasse inclinée au sommet ne m’a pas semblée d’un grand interêt** (on a dit: snob et blasée), j’ai adoré la vue plongeante sur Milan, le quadrillage des rues qui la découpe comme les méandres d’un tapis, ça et là quelque incongruité -la torre Velasca, une galerie, un clocher; les grues un peu partout qui s’élancent comme une promesse de nouveauté, les matières qui miroitent- carrelages, tuiles et verre mélés, et le dédale de pics, flèches et antennes dressées, comme si la ville voulait eclipser le bleu du ciel, concurrencer les montagnes qui de loin la surplombent…
*en réalité j’avais déjà tenté l’ascension du Duomo il y a quelques années, mais je m’étais faite refoulée en raison d’un port de couteau suisse impromptu!
**je ne doute pas qu’avec un bon guide (de papier ou de chair et d’os) pour m’abreuver d’anecdotes sur la construction ou la rénovation, de précisions sur les personnages représentés et de détails techniques concernant l’entretien des dentelles de marbre et l’éloignement des pigeons, cet aspect de la visite eut gagné en interêt (chic, voilà une bonne raison d’y retourner!)
j’ai visité Milan mais je serais bien incapable de me souvenir de ce que j’ai vu ou pas (pour ma défense, c’était, il y a un moment !)
@Arwen: alors il va vite falloir revenir! 😉
Milan vu du sommet du Duomo un jour sans brouillard, quelle bonne idée ! On voit même les montagnes enneigées un peu comme à Turin.
J’y suis grimpé deux fois, en juillet et en novembre et je crois que malgré la brume, j’ai préféré novembre et son atmosphère plus calme! 🙂
C’est la magie des villes italiennes… Tu as beau les connaitre par coeur, c’est toujours aussi agréable de jouer au touriste!
@Lilith: je pense que c’est valable partout, pas seulement en Italie!
Tu as bien fait de braver les 250 marches, la vue est superbe !
@LadyMilonguera: en meme temps, 250 marches c’est rien du tout! rien à voir avec la Tour Eiffel (=référence de touriste) :-p