La marche du 23 novembre contre les violences faites aux femmes a été un grand succès en France (100.000 personnes à Paris, 8.000 à Lyon, 5.000 à Bordeaux et Rennes etc, soit 153 800 personnes au total dans les rues du pays). Et en Italie? Forcément, on n’en a moins entendu parler de ce coté-ci des Alpes, et on a tendance à considérer que les italiennes sont moins bien loties que nous en matière d’initiatives féministes, mais il n’en est rien! Les manifestant.e.s étaient 100.000 à Rome, 20 000 à Milan, sans parler des cortèges de Bari, Bologne, Turin…
Les 8 et 9 mars, les italiennes s’apprêtaient à descendre à nouveau dans la rue à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes mais les milanaises ont du y renoncer pour cause de coronavirus, suite à un décret du président du Conseil des ministres interdisant les manifestations. Mais du coup, le reste de l’année à Milan, on fait quoi, comment et où pour lutter contre le patriarcat ? Voici quelques pistes !
Libreria delle donne : Une librairie dédiée aux femmes, quelle belle idée! Créée en 1975, c’est à la fois une librairie et un lieu de rencontre et de discussion où dégoter des livres féministes introuvables, participer à des réunions politiques, assister à des débats et projections. Via Pietro Calvi 29
Casa delle Donne : Après la librairie des femmes, la maison des femmes! Inaugurée le 8 mars 2014 dans les locaux d’une ancienne école, la Casa delle donne est née de la volonté de créer un lieu accueillant pour toutes les femmes, quels que soient leur culture, leur âge et leur orientation sexuelle, afin de renforcer les liens entre femmes et entre associations féminines et féministes, et d’apporter à chacune les informations nécessaires pour bénéficier des services existants à Milan.
Plus largement, c’est un lieu qui permet aux femmes de se former (cours de théâtre, de musique, d’informatique, de self-défense, ateliers d’écriture, cours d’italien pour femmes migrantes etc.), de prendre une part active dans la vie publique (débats, conférences, rencontres d’associations féministes, réunions à caractère politique etc.) et de se réaliser en temps que femme et qu’individu. Et évidemment, c’est un lieu d’agrégation sociale, avec des initiatives aussi variées que des projections de films ou de matchs de foot féminin, des présentations littéraires, des visites groupées dans les musées de la ville… Via Marsala 8
Cours d’auto-défense féminine organisés par la Ville de Milan : Entièrement gratuits, ces cours visent à renforcer la force et les réflexes, et à acquérir les bases pour se défendre en cas d’agression. Dispensés à l’Ecole de police par des instructeurs d’arts martiaux, en fin de journée et répartis en 9 sessions sur 6 semaines, ces cours sont une aubaine pour booster sa confiance en soi et retrouver un maximum de sérénité en milieu « hostile ». (Je n’ai pas suivi ce cours mais un atelier de quelques heures similaire à Lyon et j’ai trouvé ça vraiment bien) Informations au 02 884.56657 ou via mail, inscription ici – Via Boeri 7
CADMI – Maison d’accueil pour les femmes maltraitées : Créé en 1986 pour venir en aide aux femmes victimes de violences physiques, psychologiques, sexuelles ou économiques, c’est le premier centre anti-violences d’Italie. J’espère que vous n’en aurez jamais besoin, mais ça me semble essentiel de connaitre son existence, ne serait-ce que pour pouvoir orienter une personne concernée.
Depuis sa création, plus de 30.000 femmes y ont obtenu de l’aide, que ce soit par le biais de l’écoute téléphonique (02 55015519), de conseils, d’un suivi psychologique ou juridique, d’une aide pour un (ré)orientation professionnelle ou de mise à l’abri d’urgence dans une « maison secrète »… Le centre est également actif en matière de prévention des violences et organise des ateliers de formation et sensibilisation en entreprise ou dans les écoles. Et pour effectuer une formation pour devenir bénévole pour le centre, envoyez un mail à info@cadmi.org. Ouvert du lundi au jeudi de 10h à 18h, le vendredi de 10h à 16h – 02 55015519 – Via Piacenza 14
Mouvement Se non ora quando : Né le 13 février 2011 à l’occasion d’une grande manifestation féminine nationale qui a réuni plus d’un million de personnes, le groupe continue à lutter pour faire entendre la voix des femmes en Italie, notamment en interpellant les décisionnaires politiques et le grand public sur des sujets spécifiques (récemment le sexisme à San Remo, la maternité choisie, la GPA).
Non una di meno : Le collectif se définit comme un mouvement politique trans-féministe, inter-sectionnel, antiraciste, antifasciste et anticapitaliste, et lutte au sens large contre les violences (domestiques, institutionnelles, médicales, juridiques, économiques etc.) à l’encontre des femmes et des personnes LGBTQIA+. C’est à lui que l’on doit la diffusion en Italie du flashmob « Un violador en tu camino » en décembre, ainsi que la diffusion de l’idée d’une gréve des femmes en mars depuis 4 ans. Il y a des groupes dans toute l’Italie (la liste est là) et évidemment à Milan. Vous pouvez aussi les suivre sur Instagram et Twitter (et les superbes photos qui illustrent cet article sont les leurs!)
Cicip&Ciciap : Cercle féminin créé en 1981 pour favoriser la communication entre femmes et l’échange. On peut y boire un verre, y manger (réservation conseillée au +39 393 89 87 215), et bien entendu y rencontrer les autres adhérentes (du mercredi au samedi de 19h à 01h30, le dimanche de 17h à 01h). Le lieu accueille aussi des concerts, des expositions, des rencontres politiques, des groupes de lecture etc. bref tout ce qui favorise l’émulation et le débat d’idées. Adhésion nécessaire, cotisation annuelle 10 euros – Page Facebook – Via Gorani 9
Voilà pour ce petit tour d’horizon fémini.n.ste! Si vous connaissez d’autres lieux, groupes ou initiatives qui mériteraient d’intégrer cette liste, n’hésitez pas à me les signaler en commentaire!