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Hier c’était le premier jour du Milano Film Festival tant attendu, symbole de fin de l’été (il finit souvent sous la pluie) mais aussi d’effervescence culturelle milanaise… En effet, le festival, qui n’était au début qu’un rendez-vous entre initiés, en est aujourd’hui à sa seizième édition, et réunit curieux et passionnés, professionnels étrangers et amateurs du quartier, autour d’une programmation éclectique, vieux films et avant-premières, rétrospectives et courts métrages… L’occasion pour les incultes du ciné (genre moi) de se faire une petite culture et de se réhabituer, pendant une semaine, à laisser les bouquins fermés pour se laisser épater sur grand écran…

Hier je dois dire que j’ai eu un peu de mal à entrer dans l’ambiance… Après une looongue journée de travail, l’envie m’était presque passée, et j’avais même oublié deux des règles élémentaires du festival. premièrement, qu’il est inutile de faire la queue au bar pour s’entendre dire « Non madame, nous ne vendons pas de bouteilles d’eau, celle-ci est disponible, en version plate ou gazeuse, en libre service dans les distributeurs juste là sur votre droite » (Grmpf). Deuxièmement, que même s’il fait 26 degrès en ville, les nuits dans le parce Sempione sont fraîches, et même si j’adore l’esprit drive-in de la chose, un visionnage nocturne sur la place centrale nécessite un équipement  polaire adapté (mais où avais-je donc  la tête)

J’ai attaqué le programme avec Something Wild de Jonathan Demme, un film de 1986 un peu ringard mais très sympa, avec plein de cravates absurdes et de cols pelle à tarte, de méchants vétus de cuir et de gentils qui dansent sur fond de David Bowie, en somme plein de clichés très américains sur la réussite et les bas fonds, et une Mélanie Griffith absolument délicieuse. Pas de quoi crier au chef d’oeuvre, mais de quoi passer un bon moment si. Pour ceux que ça intéresse, il repasse mercredi 14 au Spazio Anteo (Sala Cento).

La suite m’a (beaucoup) moins convaincue… Au programme Miroir Noir (2007) de Vincent Morisset, annoncé comme un film sur Arcade Fire… En réalité, un mélange de trip arty et de délires filmographiques entrecoupés de gros plans flous, de visions mystiques, de plans coupés et de scènes stroboscopiques, le tout sur fond, non d’Arcade Fire, mais de musique synchopée mixée aux sons des toilettes, fuite du robinet du lave-mains en prime… J’ai tenu 30 minutes, et je suis à ça de demander une médaille du mérite…

En somme (et c’est aussi ça qui est bien dans ce festival), on trouve de tout, et pour tous les goûts… Pour samedi soir, voilà mes propositions: dans la cadre de la retrospective Jonathan Demme, « Philadelphia » à 21h à l’auditorium San Fedele et « Stop making sense », documentaire rock, à minuit sur la piazza grande au parc Sempione. Sinon, à 22h30 dans le parc, il y a « Life in a day » de Kevin Macdonald, expérience cinématographique réunissant 4600 heures de matériel vidéo envoyé du monde entier le 24 juillet 2010 pour rendre compte d’un jour dans le monde, une vision à la fois globale et intime du quotidien…

Mais il faut aussi que je vous raconte la « merveille » de ma soirée, bien qu’hors festival, ou plutot sur le chemin du retour… J’ai découvert que Piazza degli Affari, devant le doigt de Maurizio Cattelan (qui je le rappelle devait être une installation temporaire), un groupe de personnes se retrouve après minuit pour danser le tango à la lueur des réverbères… Un beau pied de nez à ceux qui prétendent que cette ville et ses habitants n’ont pas d’âme…