(photos hangarbicocca.com) Ca faisait longtemps qu’on n’avait pas parlé culture par ici! La faute à Louis Ferdinand Céline qui, avec son opus de 700 pages, m’a interdit d’autres lectures, et aussi probablement un peu à la paresse qui m’a fait préférer les abords du canapé aux halls de musées! Pour la séance rattrapage, on commence avec une expo au Hangar Bicocca qui s’est conclue le week-end dernier (tant mieux, du coup je peux tout vous raconter!).
On entre pour voir The visitors de Ragnar Kjatansson à tâtons, passé un grand rideau, dans un espace seulement éclairé par quelques écrans restés allumés à l’issue de la précédente session. Des scènes d’intérieur, fauteuils élimés et tapisseries écaillées, où peu à peu prennent place des gens, barbus et grandes filles échevelées, avec des instruments, un par pièce de la maison et donc un par écran. Peu à peu tout s’anime, les écrans disposés en cercle comme des fenêtres sur un ailleurs, un chant entonné par l’un des protagonistes est rejoint par quelques notes de guitare de son voisin, puis par le pianiste à l’étage inférieur, et puis le violoncelle, les percussions dans les autres pièces viennent se joindre au choeur.
S’il est des hommes orchestres, j’ignorais qu’il existait des maisons-orchestres, où chaque espace préfigure une voix, un instrument et une interprétation de la même chanson. S’ils s’entendent probablement entre les murs, chacun des 9 musiciens porte un casque pour entendre les autres et savoir quand débuter sa partie. Du baigneur roux qui s’agite dans la salle de bain au bassiste en chambre, du batteur des couloirs à l’accordéoniste à la fenêtre, tous vivent, séparément mais ensemble, l’expérience de la musique qui rassemble au delà des murs, mais aussi par-delà les écrans qui, représentant les scènes en taille réelle et entourant le visiteur, le cernent et l’invitent à l’intérieur.
Si la chanson entonnée est un hymne à la féminité, les vidéos exaltent plutôt le thème de l’amitié, du groupe et de la simultaneité. Des notions rendues confuses au début par la ressemblance de quelques protagonistes (doubles à la barbe rousse, ubiquité ou simultanéité?) et par le passage d’une pièce à l’autre d’un des musiciens, puis révélées à la fin par la folle envolée gaie dans la campagne par le groupe au complet.
Au delà de la référence avouée à l’album des Abba de 1981, on peut aussi se demander qui sont The Visitors… Le spectateur qui vit l’expérience, invité dans l’intime des artistes? Ceux que la promiscuité lors de la projection invite à partager le moment? Les musiciens eux-même, pour un instant ancrés dans cette demeure qui n’est pas la leur (et dont ils s’échappent en chantant au bout d’une heure?) Finalement, les pistes des différents instruments étant enregistrées séparément, les seuls à bénéficier de la performance dans sa globalité, ce sont les visiteurs de l’expo qui, à en juger par l’enthousiasme et les mouvements de foule observés, ont plutot apprécié!
Ps: youpi youpi! L’expo qui devait finir le 17 novembre a été prolongée jusqu’au 5 janvier 2014, courez-y! Hangar Bicocca – via Chiese 2 – Milano