Vous croyiez en avoir fini avec la design week? Que nenni! On part aujourd’hui explorer le coté food qui, bien que moins présent que lors des années passées, n’a pas manqué de donner lieu à de belles découvertes (et de ressusciter mon envie d’expérimenter!) C’est auprès de deux pôles principaux que j’ai vu les projets qui m’ont le plus marquée, à Lambrate et dans le bel espace de designjunction à San Babila. J’étais super contente de retrouver StudioLav déjà repéré en 2013 et ses crackers de folie, cette fois déclinés en couleur, et je suis fan fan fan des projets suédois présentés par la Lund University.
L’idée du projet designer baking de StudioLav, c’est tout bêtement celle d’un tampon -pour biscuits, crackers, pâte à tarte et autres pâtes qui lèvent peu durant la cuisson. Mais un tampon grand chic, à la forme brute et géométrique en bois d’olivier à laisser trôner sur tout plan de travail fariné stylé, et à la surface d’impression pied-de-poule ou tweed qui boostera n’importe quel shortbread anisé! Une idée d’upgrade haute couture qu’on retrouve aussi dans la recette, puisque chaque saison a sa collection, ses couleurs et ses ingrédients phare! Ainsi cet été, le motif pied-de-poule est à la betterave et le chevron green sent les épinards!
La « design bakery » qui hébergeait StudioLav abritait aussi un autre très joli projet, celui de Kostantia Manthou sur les contenants comestibles, les piques-niques, le take-away et l’idée du partage. Très bon exemple, cette casserole à pain qui permet de former et cuire non seulement le contenant de votre lunch (l’assiette en quelque sorte), mais dans un même temps le couvercle qui le protégera et facilitera son transport. Le tout rigoureusement constitué de pain, et cuit dans une cocotte à pétouillon d’une mignonerie sans nom (inutile de vous dire que j’en veux une, et qu’en attendant je vais tester la chose en repoussant les limites conceptuelles de ma Le Creuset tradi)
Un peu plus loin, dans la Green room, autre crush pour un set de couverts qui, bien que plus poétiques qu’utiles, m’ont murmuré à l’oreille des promesses de pique-niques champêtres. Inspirés de l’anatomie des insectes et des éperons, rames, griffes et autres pelles utilisés par nos amies les bébêtes pour attraper et découper leurs aliments, je ne vois pas pourquoi ça ne marcherait pas avec ma salade de carotte ou des boulettes de poulet!
Du côté de Lambrate, j’ai flashé sur les marqueurs de pain de Roberto Sironi (et je le jure, pas juste parce qu’ils ont une vague forme de pigeon rigolo). Traditionnellement utilisés pour reconnaître son pain lors des fournées communes au four du village, j’aime bien l’idée de marque son pain (rappelez-vous, il fut un temps où je rêvais de mes initiales sur des gaufres) mais aussi l’objet en lui-même, un peu primitif. Si le designer n’a pas été très loquaces sur le sujet, hésitant à avancer une utilité autre que commémorative, j’y vois pour ma part un signe du regain d’intérêt pour les espaces et fonctionnalités partagées: depuis qu’à Berlin les locataires se divisent machines à laver et frigo, il va bien falloir trouver un moyen de distinguer son sandwich de celui du voisin!
Big up aussi pour les petits vases à épices de Simone van den Boom qui, bien loin des obscures mentions mélange italien ou mélange pour poisson, indique par sa forme même l’organe auquel vous faites du bien en assaisonnant votre assiette. A la fois poétique et malin!
Ceux qui connaissent mon amour du pop-corn (pas celui tout sec du ciné, celui qu’on faisait frire à la poêle chez mes parents et qu’on recouvrait après de chocolat fondu ou de caramel coulant) (d’où mon patrimoine génétique gourmand) ne s’étonneront guère de mon engouement pour la fabuleuse machine imaginée par Jolène Carlier. Comme sortie d’un rêve d’enfant, comme un jouet, un truc magique où la fonction engendrerait la surprise, le mouvement. Ici, et bien que je n’ai pas vu l’appareil fonctionner, le design même évoque quelque chose de fun, celui d’une machine devant laquelle attendre en battant des mains!
Dans un tout autre registre, plus utile mais peut-être moins festif, j’ai longuement baguenaudé entre les projets de la Lund University suédoise. Du garde-manger écolo beau comme une sculpture à la station de fabrication du vinaigre de pomme maison en passant par le pressoir à graines, le récupérateur de miettes de pain, le kit à fromage frais, le séchoir à denrées ou encore le kit de moulage pour bonbons maison… Des objets simplement beaux qui célèbrent l’art domestique de produire, conserver ou recycler ses propres aliments. Des projets qui sonnent comme une évidence, comme une envie de cuisine de campagne, d’ingrédients du jardin et de sol en terre cuite (ça y est, je délire), ou qui tout simplement mettent en relief l’importance donnée à certains gestes quotidiens qu’on effectue sans y penser assez.
Terra the urban root cellar – Ida Gudrunsdotter: la terre cuite et le principe d’évaporation suffisent à garder au frais œufs, fromages et légumes
Vinegar making kit – Martin Màrtensson
Little thumb Save the crumbs – Elena Biondi
Something sweet candy with a taste of season- Tessa Geuze
Je pourrais continuer longtemps comme ça, et aussi vous parler de ce tag frappant « make food no chairs » aperçu aux murs de Milan, et aussi de cette fantastique baraque à frites en off, de sa double cuisson à la hollandaise, de son marchand aux vagues airs de David Vincent et de cette sympathique idée de saupoudrer la mayo de cacahuètes concassées… Mais voyez-vous c’est l’heure de manger, et en plus je crains vaguement que vous n’en ayez assez!