On parle souvent avec des copains étrangers, qu’ils soient français, du Brésil, japonais ou anglais, de la difficulté qu’on aurait à quitter l’Italie pour retourner dans notre pays. C’est un pays qui a un rythme, des saveurs, des lubies, une façon de faire qui vous accueille comme un ami, et je crois comprendre un peu cet américain qui, pour ne pas s’en aller, a préféré la rue plutot que de la quitter (je vous en ai déjà parlé je crois, du chanteur Roye Lee). Il y a quelques semaines, Eri (la chercheuse japonaise que j’avais interviewée ici), retournée chez elle en raison de l’expiration de son visa, a posté sur sa page facebook un lien vers l’article de Courtney Scott, une journaliste américaine, traitant du PISD, le post-Italy stress disorder…
Je cite (et traduis): Au retour d’Italie, « soudain les choses que vous aviez l’habitude de manger, porter et faire n’ont plus aucun sens » (la dame a le sens de la mesure, il semblerait en effet qu’elle ait vraiment adopté les coutumes locales!) S’il s’ensuit une série de clichés plus ou moins vérifiables et enviables, j’aime que sa conclusion soit « Plus vous restez en Italie, pires seront vos symptômes. Mais si vous me demandiez, je vous dirais d’y rester autant que vous le pouvez ».
A vrai dire, j’aurais probablement fait une liste bien plus longue que la sienne, composée tout autant de choses que j’aime ici (parler aux inconnus sans paraitre incongrue, à bas le micro-ondes et les surgelés et vive les produits frais!) que de petits trucs qui m’énervent et m’attendrissent à la fois (les maladies imaginaires comme le mystérieux « coup d’air », les enfants de 8 ans en poussette, les obsessions au sujet des pâtes)… Aimer inconditionnellement, en dépit de tout un paquet de défaut, s’émouvoir de petites choses cliché(es) et s’amuser de tout ce qu’on aurait détesté venant de tout autre, arrêtez-moi si je me trompe, mais je crois bien que c’est l’amour, le vrai!
Quand je passe en France et que, comme ça m’est déjà arrivé, les clochards de la gare me demandent de la petite monnaie en anglais, j’en suis presque flattée! Et vous, ceux qui sont déjà allés en Italie (ou qui y vivent, coucou les franco-milanais!) (au passage, c’est qui l’ahuri dans mon immeuble qui chantait « on est les champions » à tue-tête hier soir après la partie?!), qu’est ce qui vous a marqué, vous a changé, vous manque(rait) au retour? Et si on se faisait une compilation de post-Italy-stressés?
Edit: Voici quelques commentaires reçus!
CarnetDameCatherine (hellocoton): Très drôle ton article et je m’y retrouve assez bien après avoir vécu 4 ans à Rome 🙂 Avant de rentrer en France, on est d’ailleurs en Grèce, histoire de gérer la transition 😉
Sophie (facebook): Ce qui me manquera: les gelati, les ballades près des lacs, les soirées Scala, le marché du vendredi matin, les « cascine » dans la ville, l’agitation frénétique durant la semaine du « fuorisalone », le soleil qui commence à réchauffer les journées d’hiver à partir de fin février….
« … après la « partie » »?? au vu de tes symptômes, je dirais… bientôt 10 ans, non? hehehe!
@Flo: la partita! ne me dis pas que par chez toi ils n’ont pas encore sorti les vuvuzélas?! (un petit chauvin oui, il pourrait tout de meme attendre les quarts de finale avant de crier cocorico!)
pour parler d’une chose qui m’a changé, par mimique, je me surprend à dire (et quasi penser) » Mi dispiace taaannnnto » à mon boulanger quand il me raconte qu’il s’est pris une amende pour stationnement ou « sono cooonntento » quand la voisine m’annonce que sa soeur (que je ne connais pas) a réussi ses examens annuels…
Bien dit! ça fait déjà plus de 4 ans que je suis à milan, et toujours pas de retour en France prévu…par où commencer? la beauté des villes d’art? la passion qu’on les Italiens pour préserver leur patrimoine? la nourriture (un argument en soi suffusant pour rester!), la gentillesse des gens, les promenades en vélo dans milan, la chaleur de l’été, ne pas trop se prendre la tête au quotidien (c’est vrai qu’on râle beaucoup les Français!)….
16 ans en Italie et ce qui me manquerait le plus ce sont mes amis. pour le reste? pas grand chose en fait. si, les glaces et mon resto brésilien préféré! pour ce qui est de la pizza on en mange d’excellentes en France (il est rare de trouver un pizzaiolo italien à Milan). Ce qui ne me manquerait pas: ceux qui s’arretent en plein milieu des ronds-points / ceux qui conduisent avec le bras balant sur la portière / les déchets que l’on voit partout, mais vraiment partout, ceux jetés par les fenetres des voitures, mouchoirs, bouteilles, mégots, couches, etc. et qui ne sont jamais ramassés / ceux qui chaque jour me coupent la priorité dans le rond-point prés de chez moi (j’ai vraiment un problème avec les italiens qui ont des problèmes avec les ronds-points) / le manque de parking / l’affa / j’adore l’Italie sinon cela ferait bien longtemps que je n’y serais plus mais de plus en plus je vois de moins en moins de respect envers leur propre pays de la part des italiens. je vis en dehors de Milan et c’est vraiment frappant combien le chacun pour soi est fort et combien le « menefreghismo » de l’autre et donc de l’environnement ambiant est grand.
Pour ma part, presque 5 ans que je vis en Italie. Alors oui, comme Marty, beaucoup de choses m’horripilent. Mais lorsque je pense : serais-je capable de rentrer vivre en France ou en ai-je seulement envie ? La réponse est non.
Je ne m’explique pas tout dans cette conclusion mais pour une bonne part, j’aime ce sentiment d’être une perpétuelle étrangère et touriste dans mon « pays d’adoption ». J’aime me sentir chez moi dans un pays qui n’est pas le mien, même si parfois, tout n’est pas simple… Tout est une question de culture et de mentalité. (Je raccourcis à peine.)
En tout cas, merci pour cet article, comme pour les autres. Toujours très agréables à lire et intéressants.
Humm, nous on nous prend pour des Néerlandais ou des Anglais (en France et à l’étranger), nous ne savons pas comment le prendre ?
Je ne pense pas que tu rentres de si tôt en France, hormis pour les vacances.