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Encore une journée éprouvante à courir entre boulot et films du Milano Film Festival… Avec comme chaque jour des projections en retard qui nous font manquer à la promesse du matin du « ce soir on se couche tôt hein? »… Ce dimanche était, du moins en ce qui me concerne, placé sous le signe de la bouffe et des ballons, attendez que je vous raconte…

A 15h, direction le Teatro Strehler pour voir El Bulli: Cooking in progress, qui retrace 6 mois de travail de l’équipe de Ferran Adrià, de la fermeture du restaurant à l’élaboration des recettes qui prendront place au menu l’année suivante. L’occasion de dépoussiérer quelques préjugés sur la cuisine d’avant-garde… Déjà, le restautant est horrible (à coté d’une jolie plage certes, mais épouvantable quand même), et ça m’a semblé fort divertissant, moi qui m’attendait à une avalanche d’inox et de carrelages luisants (et la vaisselle est tout bonnement ignoble, j’adore). La cuisine ensuite: l’accent est mis sur l’originalité et la présentation, et on est presque en dehors de l’idée de nourriture. Il s’agit ici d’une démarche esthétique, d’une performance artistique presque, qui n’a rien à voir avec le procédé d’élaboration de plats sensés calmer la faim et ravir le palais qu’est la cuisine traditionnelle… Une fois oublié l’idée des bons petits plats donc, on se concentre sur la démarche et l’idée de création plastique, et on admire le résultat. Je ne parle même pas des cuisiniers, qui passent leur temps à tremper leurs doigts dans les sauces, à lécher des cuillères, à siroter des huiles et à racler des fonds de ramequins, j’aime! Ca c’est de la cuisine! Et Ferran Adrià, quel personnage! Une sorte d’enfant-ogre qui hume, goûte, léche et sauce, sans se départir d’une moue dubitative dont on ne sait si elle est due à la concentration ou à un profond ennui… Ce que je retiens de tout ça, c’est quand même que la cuisine, quand elle est portée à un certain niveau, c’est un truc de dingue! Voir des mecs tater de la paume le fond des casseroles pour en éprouver la température, ça m’épate! Et voir Ferran Adrià regarder l’un de ses chefs comme s’il était dément parce qu’il a proposé de tailler une masse de gélatine comme si c’était un calamar (alors que lui-même proposait de la découper comme un loup de mer), je trouve ça énorme… Et aussi de le voir rire à se se taper sur les cuisses en se rendant compte qu’à un client a été servi un cocktail à la recette erronée, c’est pas géant ça?

Après ça je suis retournée travailler… jusqu’au moment où ça a été l’heure de filer à nouveau au Teatro Strehler pour voir Columbo filmé par Jonathan Demme dans Murder under glass… une histoire entre restaurateurs qui se font des crasses sur fond de plats en sauce et d’escalopes à la crème, entraînent le tennent Columbo dans les plus grandes cuisines, l’amenant à gouter les mets les plus fin… (Tu parles d’une journée thématique, le tout sans avoir diné!)

Et enfin, à 23h, une impressionante foule a rejoint le parc pour assister en avant-première à la projection du documentaire Milano 55,1 qui retrace la semaine précédant le deuxième tour des municipales milanaises de 2011, semaine riche en rassemblement populaires, en stratégies boiteuses et en déclarations assassines… Un film réjouissant (et surtout qui finit bien!)…

Ce soir je ne serai sans doute pas de la partie pour cause de boulot, mais je vous recommande tout de même le documentaire sur les marionesttistes milanais Colla au Teatro Strehler à 17h, le film en compétition All that glitters (sur les mines d’or au Kyrgyzstan) à 19h au cinéma Rosetum, et le marathon des cours métrages à 22h dans le parc…