Puisque me voilà de retour, j’ai (évidemment) plus de lectures que d’ordinaires à mon actif, et de nouveaux livres en attente à coté du lit, par la grâce d’un passage éclair dans une librairie française… On commence par les livres lus en voyage, avant de rêver aux prochains élus…
Juste avant de partir j’ai lu la pièce Les parents terribles de Jean Cocteau, pour colmater un peu mon ignorance complète de cet auteur… Bien m’en a pris! Des dialogues sobres, des personnages complétement barrés et des relations familiales qui s’entrelacent dans un huis clos pas des plus sains, quelques répliques drôles à souhait et des gens qui, une fois campés sur scène avec talent, doivent faire la joie des spectateurs… Une expérience à retenter donc!
J’ai enchainé sur L’incendiaire de Catherine Debras, un livre à la fois curieux et touchant, construit autour d’un personnage féminin plein de contradictions… Une femme dont on ne sait si elle vit ou rêve sa vie, entourée de ses six enfants et d’un mari fuyant, sa vie d’avant dont elle se souvient, et celle qu’elle invente pour échapper à un présent trop… présent justement! Un roman plein de fièvre dans une temporalité floue, où on ne sait plus qui est l’incendiaire: cette femme, son mari, son fils, sa fille? Ou l’histoire elle-même, qui balaye souvenirs et certitudes? Un roman à la fois sobre et haletant, où le terme de « foyer » porte fort bien son double sens… (17,50€ aux éditions Kirographaires)
Puis c’est Entre parenthèses de Cathy Bohrt qui a occupé mon voyage en train… Un genre de livre dont je n’ai pas l’habitude: une histoire de couple qui évolue dans un quotidien de famille recomposé, avec son lot de crises familiales, d’ados en stage, de départs en vacances, de disputes et de rires enfantins… Je le dis avec une joie sans borne, je crois que je suis trop jeune pour ce genre de lectures (mamie Flou au placard!). Ceci dit, on peut apprécier une lecture même sans qu’elle nous touche en particulier… Des effets de surprise, des rebondissements inespérés, des personnages à hair sans compter et un happy end attendu sans craintes, ça pourait être un téléfilm de l’après-midi, mais une écriture sans manières ni clichés ont fait de ce livre un agréable compagnon de voyage… (aux éditions Kirographaires)
Puis vint le temps de Simenon, que j’aime décidément de plus en plus… J’ai peine à décrire avec quel plaisir je me découvre de nouveaux auteurs fétiches, surtout quand ceux-ci ont été prolixes! Avec près de 200 romans à son actif, voilà une voix amie qui me suivra longtemps! Si je préfère d’ordinaire les romans à la série des Maigret, ces deux volets là: Félicie est là et Monsieur Gallet, décédé, sont d’une qualité supérieures, et je vous les recommande avec enthousiasme!
Puis ce fut au tour de l’excellentissime Livre de l’intranquillité de Fernando Pessoa, dégoté d’occasion juste avant de partir… Une sorte de recueil de textes écrits par Pessoa sa vie durant, bien qu’attribués par l’auteur à Bernardo Soares, sorte de double à la fois insignifiant et d’une rare profondeur. Bribes d’un journal intime réordonnés, succession de pensées nées de l’observation de soi-meme et des autres, mais surtout ode à l’imagination qui protège du néant qu’on découvre au fond de soi à trop s’analyser, et au reve qui transcende l’existence la plus vaine ou mesquine… Un livre magnifique, à lire et relire!
Et pour finir, voilà de quoi seront faites mes soirées des prochains jours: Europa de Romain Gary, Bestiaire magique de Dino Buzzati, Un été à la mer de Giuseppe Culicchia, Quand le requin dort et La comtesse de ricotta de Milena Agus, Autoportrait (à l’étranger) de Jean-Philippe Toussaint et Pedro Paramo de Juan Rulfo… Beaucoup d’auteurs italiens au programme, des nouveautés, et du Gary! (comme toujours, au compte-goutte!)
Et vous, qu’avez-vous lu récemment? Des suggestions à feuilletter? Des loupés à éviter?
« La princesse des glaces » de Camilla Läckberg, considérée comme la « Simenon venue du Nord ». N’exagérons rien! Un bon polar, des personnages intéressants mais des thèmes un peu trop rebattus.Un très bon moment pour un long voyage en train.
@Matching Points: c’est noté!
Tiens, j’ai acheté samedi « L’intranquille », de Gérard Garouste et Judith Perrignon, en me souvenant d’un conseil radiophonique, et en pensant à Pessoa. Le peintre Garouste y retrace son enfance et, inévitablement, le rapport à ses parents, particulièrement à son père, dont les activités plus que peturbantes durant la 2e guerre n’arrêtent pas de le poursuivre. Très intéressant !
Ah, Jean-Philippe Toussaint… Il paraît que son dernier livre est sublime.
Et cet Autoportrait à l’étranger aussi.
Zut moi qui pensais que tu allais poster une superbe critique de La comtesse de Ricotta ! (pour que je puisse faire un petit mot à la librairie, en sachant de quoi ça parle ^^)
@Xel0u le l0up: dès que je l’aurai lu je poste! 😉
Le livre de l’intranquillité! C’est mon livre fétiche depuis plusieurs années. Je l’offre même à mes amis. C’est la première fois que je vois Pessoa sur un blog. Très bon choix!