Y’a un truc qui m’a touché pendant le Salon du meuble et dont je n’ai pas encore eu l’occasion de parler par ici… Deux projets qui commencent un peu comme des contes, avec des vrais méchants industriels et des gentils designers dedans, des éléments perturbateurs, des héros, une morale de l’histoire et même une fin qui finit bien… Deux projets liés aux moutons, autour du mouton devrais-je même dire, puisque c’est de laine qu’il s’agit…
Le projet d’ArsalitArtes à la rescousse de la laine piémontaise…
Je l’ignorais, mais dans la vie, il y a les moutons qu’on élève pour leur laine, et les moutons qu’on élève pour les manger… Ceci dit, les moutons destinés à la consommation doivent tout de même être tondus régulièrement… Leur laine est alors jetée et brulée dans un insoupçonné gachis, entraînant par la même occasion une pollution d’envergure… L’idée toute « bête » d’ArsalitArtes, c’est de récupérer cette laine à un prix symbolique et d’en redorer le blason en en faisant des tissages délicats, destinés aussi bien dans l’industrie de la mode que pour recouvrir de somptueux coussins à l’indiscutable moelleux… Un projet qui fait aussi revivre l’économie artisanale locale, et génère une prise de conscience de l’absurdité des modèles économiques d’aujourd’hui, tout en produisant une ligne textile de toute beauté…
Le collectif italien Gruppo di Installazione et les moutons noirs…
Décidément, le mouton serait-il in? Ou ne serait-il pas tout simplement, emblême de pureté et d’innocence, l’exemple idéal aux dérives de la logique de marché? Après le vilain petit canard, voici le joli petit mouton noir… Joli certes, mais souvent sacrifié par les producteurs de laine, car ne correspondant pas aux attentes du marché (qui recquiert de la laine blanche): un choix radical qui, outre son caractère d’injustice envers les moutons choupis, compromettrait la diversité de l’espèce… Mais là encore, des designers vengeurs veillent, et ont mis en place le projet Me and the Black Sheep, qui relance l’utilisation de la laine de mouton noir des Abbruzes et la transforme en produits (couvertures, tapis) à haute valeur ajoutée, tout en utilisant les savoirs-faire locaux… (images en une et image ci-dessus: http://gruppoinstallazione.tumblr.com/)
Deux projets qui sont l’occasion de rappeller que le design, ce n’est pas que dessiner une nouvelle ligne de torchons marrants, ou donner une forme aérodynamique aux grilles-pain, mais aussi répondre à des problématiques données et créer des objets, qu’ils répondent à un besoin ancestral ou à une exigence nouvelle, qui aient du sens, qu’il soit éthique ou pratique…
Ces deux initiatives sont très belles, merci de les avoir soulignées !
J’avais jamais pensé à ça, mais effectivement ce n’est pas très malin de jeter cette laine… Est-ce qu’on finit par manger les moutons qui servent initialement à être tondus ? Belle initiative en tout cas 🙂
@myel: je me suis posé la question aussi… tout dépend combien de temps on les laisse vivre, j’ignore si la qualité de la laine diminue quand le mouton vieillit… auquel cas, il ne fait sans doute pas long feu non plus… ceci dit, j’ai l’impression que les 2 filières sont tellement distinctes (ce ne sont pas les memes races qui donnent la viande et la laine) que les 2 « finalités » ne se croisent pas… peut-etre qu’un connaisseur passera par ici et nous éclairera sur la question…
Je l’ignorais complétement que l’on ne prenait pas la laine des moutons destiné à être manger! C’est une trés belle initiative ce projet 🙂
C’est génial cet article. Tu permets que je le garde en référence? J’aimerais avoir le temps d’en parler un jour. Non seulement leur production a l’air belle, mais surtout, l’utilisation de ce type de laine qui paraît aller de soi, fait figure de révolution. J’aime bien les gens qui décident de remettre les choses à l’endroit.
@Eudoxie: Contente que ça te plaise! C’est vrai que c’est tout bete et fou à la fois… ou alors c’est le monde qui est fou… Les 2 projets dont j’ai parlé sont italiens, mais je crois que concernant le projet d’utilisation de la laine des moutons « à viande » (bêêêrk), il y a des projets dans toute l’Europe, il semblerait que ce soit un vrai problème environnemental… (si tu as besoin de traducs d’infos en italien, de leurs sites ou autres, n’hésites pas!)