Tout le monde a un avis sur le confinement (et sur le déconfinement aussi). J’en aurai peut-être un dans quelques temps, quand j’aurai digéré la chose, en attendant je suis encore dans le flou. 55 jours de confinement, 2 sorties, un rationnement alimentaire digne des ascètes les plus disciplinés, quelques insomnies, mais sinon quoi ? Je vais bien, personne n’est touché dans mon entourage, et même si je suis passée par tous les états d’angoisse, de rage, d’euphorie ou de découragement pendant le confinement, globalement je le vis plutôt bien. J’ai essayé de me préserver en me disant que ce n’était pas comme on nous le dit une « parenthèse », une « pause » ou une « crise passagère », mais bien un moment de vie, et qu’il fallait être présent, le vivre pleinement, et non attendre que ça passe en se mettant en stand-by.
Alors j’ai continué à travailler, à arroser mes semis de radis, à broder des trucs, bref j’ai essayé de ne rien changer. J’ai mis du liner, pris mon chat en photo plus que de raison, lu Auster, Capote et Gary, bricolé, mangé et bu. La routine dans les grandes lignes. En essayant de ne pas trop penser aux promenades manquées, aux premières asperges sur le marché qu’on n’aura pas vues, aux fleurs fraîches qui sèchent dans les vases, aux festivités avortées et aux proches qui commencent à manquer. Je ne dis pas que ça a toujours marché, je ne dis pas que mon activité professionnelle n’a pas été impactée, ni que ça a été facile de se mettre en mouvement certains matins chagrins (ni que je n’ai pas balayé de rage plus de la moitié de mes contacts sur les réseaux sociaux ahem), mais encore une fois, globalement, ça va.
Peut-être que notre situation de précaires freelance nous a habitués à ne pas planifier, à avoir une vision limitée de l’avenir et une sécurité financière inexistante ; peut-être que travailler souvent depuis la maison nous a aidés à supporter l’enfermement, la présence permanente de l’autre à coté, le soleil qui ne donne dans les fenêtres qu’en fin de journée. Quoiqu’il en soit, on a essayé de ne pas se plaindre, sachant que tant de gens sont dans des situations bien plus compliquées, et de ne dire à personne comment il devait gérer, même quand ça démangeait de donner un avis, de relever des incohérences ou d’imposer un interdit, partant du principe que chacun a fait comme il a pu (ou comme on lui a dit)…
Je dois avouer à présent ne rien conclure de la chose. A l’heure ou chacun annonce tirer des leçons ou prendre de nouvelles résolutions, je ne ressens rien de ce genre*. Peut-être parce que je vis déjà pas mal conformément à mes valeurs (ce qui est à la fois une chance, et un boulet à traîner certains jours), ou peut-être parce qu’il me faut du temps pour tirer des leçons de ce qui s’est passé, allez savoir… Quoiqu’il en soit (oui, ce laïus était sensé n’être qu’une intro), voici quelques clichés pris pendant ces cinquante-et-quelques jours entre les murs et sur le balcon !
J’espère que vous aussi vous allez au moins « globalement » bien, que vous avez géré aussi tout ça à votre manière, sans vous mettre en danger, sans paniquer ni culpabiliser, et que vous vous êtes sentis en phase, si ce n’est avec le monde, du moins avec votre petit monde à vous. Et du coup, je déroge à mes habitudes de sauvage, et je finis en vous faisant des bisous.
*En vrai, si. On a besoin d’un canapé.