Evidemment, j’ai vu the Grand Budapest Hotel. Evidemment, j’ai adoré et depuis je veux une veste violette à boutons dorées et des religieuses tricolores au petit déjeuner (et aussi, j’ai peur des musées vides et des types avec des bagues dorées). Wes Anderson, c’est le seul réalisateur qui réussi à me faire aller au ciné (et même à me faire braver les films doublés)(sincérement, Adrian Brody qui parle italien, ça craint). J’aime bien son univers de panoplies décalées, sa capacité à créer des univers particuliers, à chorégraphier chaque scène, chaque mouvement, chaque course qui pourtant semble effrénée. Et puis, toujours, ces univers qui ont leurs uniformes (celui des scouts dans Moonrise Kingdom, les serviteurs en livrée ici), leurs codes esthétiques, leur langage… Dans the grand Budapest Hotel, on ne voit finalement pas grand chose de l’Hotel mais il est toujours là, dans les attitudes, les façons de se mouvoir et de parler…
Ca m’a donné envie de ressortir ma collection de boîtes d’alumettes, achetées en vrac il y a quelques années sur un marché aux puces: plus d’une centaine de petites boîtes et pochettes pour la plupart marquées des noms de grands hotels du monde entier… Ca me fascine: qui a collecté, années après années, ces bribes du bout du monde? Homme d’affaires, voyageur, diplomate? (Nom de nom, si ça se trouve c’était la collection de Romain Garyiiiii)
Qui faisait-il de sa vie entre le Carlton de Cannes, le Royal Malesherbes de Paris, le Grand Hotel de Rome et le Ritz Carlton de Montréal? (Dis, tu crois que lui aussi il faisait partie de la confrérie des concierges unis?) Même pas un fumeur d’ailleurs, puisque la plupart des boîtes sont intactes, encore fermées de leur scellées de papier… Ce qui est fou, c’est la variété des lieux où il a séjourné, c’est pire qu’un tour du monde, c’est de l’écumage systématique! Tokyo, Hambourg, Hong Kong, Florence, Tel-Aviv, Budapest, Rio, Varsovie, Nassau aux Bahamas, le Caire, Toronto… Un vrai voyage immobile à l’heure d’allumer le feu sous la marmite! (et oui, ces alumettes, moi, je m’en sers, malgré leur terrible odeur de souffre d’un autre temps, leurs batonnets parfois recouvert d’une sorte de cire qui glisse et leurs embouts colorés qui s’envolent inopinément et grillent les moustaches du Mec quand il tente de les allumer!)
Ce qui est drôle, c’est qu’entre les palaces, les grands hotels, les quatre étoiles aux pochettes enluminées, se trouvent quelques specimen d’hotels de second rang: un Holiday Inn en Sicile et même un motel à touristes à Milan… (le truc de pauvres, fallait que ça tombe chez moi, ah ah) Une subite envie de s’encanailler cher ministre? De voyager incognito, madame la starlette? Le secret de cette collection m’intrigue vraiment… Et s’il s’agissait d’une récolte collective? Le butin d’une agence de voyages spécialisée dans les séjours de luxe? Le patrimoine d’une famille de voyageurs qui mettent en commun, à chaque virée, les parallélépipèdes récoltés?
Mais alors pourquoi cette fin « tragique », dans un sac plastique au milieu du bazar d’un camelot, puis chez moi, dans des bocaux en verre, à attendre l’heure d’allumer les fourneaux? Je veux bien tenter de prendre le relai, mais je ne suis pas sûre de fréquenter des endroits d’un standing équivalent (je m’en vais te l’encanailler grave moi, ta collection, illustre inconnu pédant!)
J’adore ! sans doute la personne est-elle décédée et ses héritiers n’ont pas saisi l’importance de ce trésor 😉