Tiens, on va parler fringues. Ça fait longtemps mais j’ai une excuse, c’était l’hiver et l’intérêt de vous parler chaussettes en laine et sous-pulls Damart était assez limité*. En fait, je me suis fait une réflexion l’autre jour qui m’a un peu déprimée: je m’amusais beaucoup plus du point de vue vestimentaire quand j’habitais à Milan. Depuis que j’habite à Lyon, je suis beaucoup plus rentrée dans le moule et puisque tout le monde s’habille un peu pareil, il a bien fallu suivre… C’est sans doute du au format de la ville, plus petit, et au fait que tout le monde se connait un peu…
Ou peut-être est-ce seulement que je ne bénéficie plus de ce statut d’étrangère qui m’autorisait toutes les fantaisies. En rentrant en France j’ai l’impression d’avoir vieilli (ouin), de ne plus explorer autant; que ce soit la ville, de nouvelles expériences, de nouveaux styles… Oui tout compte fait, je ne pense pas que ce soit la ville qui change quoi que ce soit. Même s’ils s’habillaient plus librement selon moi, à Milan aussi les gens avaient pour beaucoup les mêmes goûts**, les mêmes loisirs, et je me disais que si on était différents c’est parce qu’on était étrangers, qu’on n’avait pas les mêmes références. Du coup je me posais moins de questions, et surtout je m’inquiétais moins d’avoir l’air bizarre!
Beaucoup de mes vêtements un peu bordeline (par là j’entends à la limite de ce que beaucoup appelleraient un déguisement) sont passés à la trappe lors de nos deux déménagements successifs à Lyon. Petit à petit, ma penderie s’est ainsi assagie, limitant les possibilités et lissant progressivement ma façon de m’habiller. Certains articles flamboyants ont quand même résisté à l’épreuve du rapatriement, mais je regrette parfois telle chemise baroque, telle veste à l’imprimé psychédélique… qui doivent aujourd’hui encore hanter l’Emmaüs où je les ai déposées!
Ma penderie*** est aujourd’hui un subtil mélange de basiques (très basiques, avec beaucoup de noir, de gris et de bleu), des vêtements aux coupes très simples en coton, lin ou laine; et de quelques fringues totalement improbables à base de paillettes, froufrous et patchs débiles thermocollés. J’ignore le sens réel de cette schizophrénie vestimentaire, mais les deux aspects me sont nécessaires. Un petit coup de mou? Bam, une veste à sequins argentés et ça repart! Marre de porter toujours le même pull noir? Hop, avec cette jupe en lurex doré, le voilà reboosté!
En vrai, comme je bosse la plupart du temps chez moi, d’instinct le matin, je pioche plutôt dans les basiques confortables. Mais en réalité, je devrais au contraire me permettre toutes les fantaisies, puisque personne ne pourra me faire remarquer que les chaussures zébrées au bureau c’est un poil tout much et que, le top avec fausses pierres précieuses incrustées, c’est moyen approprié pour une présentation client. En fait, je devrais abuser de cette liberté dont la plupart des salariés ne peuvent pas profiter, et faire péter les tenues improbables dès le lundi matin à l’heure du café.
Je me vois déjà faire sensation au Franprix du coin à la pause déj avec mes couleurs criardes et mon turban en wax… probablement perçus comme une façon de se faire remarquer, alors qu’il s’agit seulement de s’amuser de la façon la plus innocente qui soit, en portant des habits qui donnent le sourire, de refuser l’ennui du monochrome et de l’assorti.
Bon. Mais il va où cet article? Au final, on ressort les sandales compensées en velours, les sweats à message et les vernis à paillettes ou quoi? On fait fi des remarques du voisin sur mes chaussures ailées et on fait péter le lamé même au local à poubelles? Ou on range les derniers vestiges d’une jeunesse joyeuse en Puma peintes en rouge, trench fendu à col mao et boa****? Rien qu’à cette évocation, et aussi hasardeuse soit-elle (en toute honnêteté, cette veste était vraiment horrible), je sens le sourire me monter aux lèvres… j’ai ma réponse je crois!
Et vous, vous vous censurez ou pas? Vous la sentez cette pression sociale qui lisse les looks et les franges? Vous arrivez à vous en moquer? Vous croyez qu’on est plus libre de s’habiller comme on veut quand on vit à l’étranger?C’est qui qui a racheté ma jupe de flamenco et mes casquettes en tweed au Emmaüs où je les ai déposés? :-p
*En vrai, je pourrais vous parler de Damart pendant des heures, de comment le t-shirt à manches longues force 4 a changé ma vie de freelance en appart mal isolé et de combien je rêve la nuit de ce caleçon long côtelé de cow-boy du plus bel effet.
**Aucun jugement de valeur de ma part bien évidemment, mais ça me sidère tellement que tout le monde regarde les mêmes séries, aille dans les mêmes bars ou en vacances dans les mêmes endroits etc… et s’adresse à toi comme si, forcément, tu devais faire de même…
***Oui c’est officiel, après des années de vêtements froissés jetés dans des caisses ou des cartons, j’ai enfin une penderie (je me sens tellement adulte) (j’ai presque peur)
****Je vous jure, il fut un temps où je m’habillais vraiment comme ça 😀
je crois que je n’ai jamais rien acheté chez damart …
hihi cet article m’a fait sourire j’aime bcp ton style d’ecriture
J’ai passé 3 ans à me restreindre niveau look maintenant je me lache je porte plein de pièces originales !
Je ne suis pas trop originale et j’ai un look « passe partout » » mais en habitant la région parisienne, c’est vrai qu’on ne se censure pas, on fait vraiment ce qui nous plait sans avoir peur d’être jugé, ce qui n’est pas toujours le cas en province.
Que j’ai ri 😉 merci pour cette bonne d’humour.
Les chaussures zébrées ça le fait tant que tu restes derrière ton PC, personne ne peut les voir. Et oui en freelance pas de dresscode obligatoire. Et puis chacun son style, soyons hors norme 😉
J’adore ! les couleurs sont dingues ! y en a marre du noir on veut de l’originalité !
J’ai un look plutôt basique et passe partout. Contrairement à toi je vis dans une petite ville mais je ressens bien ce phénomène aussi.
Et qu’importe si c’est à la mode ou non j’aime bien suivre mes envies et sortir du cadre..
Moi je trouve que depuis que je vis à l’étranger, je prends plus de risques niveau mode. Mais je pense aussi que c’est parce que ça m’ouvre l’esprit.
Mika
Ton article m’a bien amusée et je me suis totalement reconnue dans ce que tu décris… Il est vrai que quand je suis « ailleurs » que dans ma ville j’ose beaucoup plus de choses… c’est triste comme constat je trouves.
Déjà j’ai adoré ton article et cette façon d’écrire avec autodérision et simplicité !
J’aime beaucoup tes pièces à motifs en noir et blanc et je trouve que changer de l’ordinaire comme ça est vraiment top !
Personnellement j’adore porter des basiques accompagnés de quelques pièces originales et même si ce n’est pas très extravagant, c’est ce qui permet aussi d’exprimer sa personnalité 🙂
coucou
j’ai de la chance je suis dans l’informatique alors je fais ce que je veux. J’ai même plein de tatouages et des visibles et tout le monde s’en fou donc oui aurais pu récupérer tes dons chez Emmaüs, d’ailleurs j’y traine souvent <3
En fait, quel que soit le sujet : bouture, fringues, pain ou découvertes urbaines, j’adore te lire, ta plume est fluide et m’embarque dans tous les sujets !
J’avoue que ma penderie est triste à mourir en ce moment ! Je suis à la phase recherche entre fac et premier boulot. Je crois qu’il faudrait que j’insuffle grâce à quelques vestes imprimées et chaussures à paillettes un peu de fun dans le dressing !
Le comble de l’original serait peut-être quelques chemises à pois, c’est urgent d’aller faire des nouvelles découvertes improbables à Emmaüs !!
Je sais pas si je me censure, mais je porte vachement la même chose malgré un choix de fringues relativement vaste. Après je me sens un peu con lorsque je dois bien m’habiller.
Cela dit, parmi mes 12 machines bleus marine unis, j’ai quand même une jupe à sequins dorés.
La flemme me pousse à porter des Damart tout l’hiver. la facilité ça a du bon. Force 3 ou 4 selon le lieu.
Le frein pour moi reste la dépose à l’école. Se savoir scruter sous toutes les coutures, marcher sur des oeufs, rester dans la zone de confort, sauter à pieds joints dans le look « t’as un RDV ou quoi », vite regagner le clan facilité en marmonnant que ce n’est pas drôle … le serpent qui se mort la queue.