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Hey les gens, on va parler minimalisme! Quoi encooore? Ouiii! Je vous ai raconté la dernière fois comment mon intérieur épuré avait été le résultat d’un long processus, et non d’un grand chamboulement en mode prise de conscience suivie d’un grand sac poubelle rempli. Je vous disais aussi pourquoi ça n’avait jamais été un but en soi, mais l' »aboutissement » (je mets des guillemets car c’est jamais fini) de plusieurs facteurs combinés, certains choisis et d’autre non (bref allez le lire, je suis nulle en résumés).

Dernièrement, j’ai posté des photos de mon appart sur Instagram, et les messages ont afflué : « comment tu fais », « c’est pas trop chiant d’avoir rien chez soi? » ou encore « c’est quoi cette blague, t’as pas de canapé?! »

confinement intérieur minimaliste

Pendant le confinement, j’ai aussi vu passer des blagues sur Twitter du type « hin hin vous faites moins les malins les adeptes de Marie Kondo dans vos apparts vides sans rien pour vous occuper l’esprit et les mains », et ça m’a fait rire, mais en même temps je me suis dis que les types n’avaient clairement rien compris. Et ce matin, en recevant la newsletter de Titiou Lecoq pour Slate que je lis d’ordinaire assez religieusement, que vois-je?

« J’ai essayé d’imaginer de passer le confinement dans une maison kondo-compatible, à savoir où il ne reste tellement rien que même le terme de minimalisme est excessif, et ça m’a collé une angoisse » et plus loin : « Marie Kondo ferait-elle partie du monde d’avant? »

Alors autant j’aime bien le parti-pris survivaliste de l’article qui consiste à penser qu’un jour où l’autre, un mug publicitaire ébréché pourra sauver des vies (au hasard, pour écoper une barque qui prend l’eau) et un lacet dépareillé faire office de garrot ou, mis bout-à-bout avec d’autres câbles de chargeurs et colliers de nouilles, faire un treuil tout à fait acceptable pour sortir la bagnole d’une ornière. Autant je ne suis pas sure que tout ce qui encombre nos maisons puisse un jour se rendre utile, même upgradé par d’ingénieuses reconversions rendues nécessaires par des conditions extrêmes. (Ou alors, ok, soit, s’il fait froid et qu’on envisage de tout brûler)

Je ne suis pas non plus d’accord avec l’idée que le minimalisme soit un truc de riche qui ne craint pas les catastrophes et n’a qu’à sortir sa CB pour faire apparaître les choses selon ses besoins. Déjà parce que, si je prends mon exemple, je suis loiiiiin d’être riche, et parce que s’habituer à vivre avec peu est à mon sens par définition un truc de pauvres, non par choix mais par nécessité (et même par habitude quand la situation financière finit par s’arranger), de faire souvent taire ses envies et besoins, et de n’écouter que d’une oreille distraite les sollicitations à la consommation et à l’accumulation.

minimalisme en déco

Mais pour en revenir au confinement, est-ce qu’il y a des choses qui m’ont manqué? Clairement, d’un point de vue matériel, non (hormis la farine et la levure). J’ai fais de la gym au sol et du yoga sans tapis, lu des bouquins jamais lus qui traînaient chez moi, fais avec ce que j’avais en général, improvisé avec les mauvaises herbes du balcon à défaut de fleurs, bricolé avec le papier en stock (des couleurs un peu moches du coup, mais on s’en fous), mis du mélange pour guacamole sur mes patates rôties à défaut de mes épices habituelles, de la bidouille quoi, mais comme d’habitude en fait. Et devinez quoi, ça n’a pas été une souffrance insoutenable! Justement, il me semble, parce que je suis déjà habituée à me débrouiller avec les moyens du bord (et ça je crois pas que ce soit trop un truc de Kardashian, pour reprendre l’exemple de Titiou Lecoq).

J’en ai parlé ici, j’essaye de ne juger personne sur la façon dont il a vécu le confinement. Chacun a son histoire, ses limites personnelles, ses problèmes, sa sensibilité, ses moyens etc. et il ne m’appartient pas, parce que ça s’est bien passé pour moi, de dire que c’était fastoche. Mais j’avoue que de voir les gens justifier leurs achats en ligne (qui mettaient en danger les travailleurs et livreurs à leur place) parce que leurs enfants avaient absolument besoin de nouveaux jeux ou qu’eux-même ne pouvaient vivre une semaine de plus sans une nouvelle tenue d’intérieur, m’a pour le moins intriguée. Genre, vous ne mettez jamais deux fois les mêmes fringues? Vous ne jouez pas deux fois avec les mêmes jeux de société? Etes-vous Madonna? Ou vous cassez tout quand vous avez fini de vous en servir, à la manière de ces Grecs qui brisent les assiettes à la fin du repas?

Mais admettons que j’ai une âme d’ascète et que je sois un peu particulière. J’aimerais tout de même préciser que, dans mon intérieur épuré, je ne passe pas mes soirées assise sur une chaise, à regarder un mur blanc en prenant un air concerné. Le fait que mes activités ou mon plaisir ne soit pas liées aux choses ne signifie pas que je n’ai ni l’un ni l’autre (ça me semble fou de devoir le préciser) et avoir peu de choses ne signifie pas ne rien posséder, juste ne pas avoir besoin d’un renouvellement perpétuel d’objets pour garder son enthousiasme et son appétit de vivre en éveil.

décoration minimaliste

En fait, je crois qu’il faudrait en finir vraiment avec cette idée du minimalisme comme « choix de vie », je préférerais qu’on parte du principe que c’est un truc qui arrive progressivement, dans lequel on se sent bien sans en faire un délire dogmatique ou une volonté absolue. Je ne me félicite pas tous les matins de ce que les pièces de mon appart ne soient pas encombrées, mais je profite chaque jour, pour ainsi dire sans m’en rendre compte, de ne pas perdre de temps à chercher des objets ou à ranger. Du coup ce n’est pas un délire spirituel non plus, un truc que je m’imposerais ou qui serait le fruit d’une longue réflexion sur le sens de la vie.

A ce sujet, un commentaire sur Instagram m’a fait rire (et aussi vaguement inquiétée, rapport à l’état psychique de son auteur) : « vous avez tout a fait raison… de toute façon nous n’apporterons pas grand chose de « l’autre coté « . Autant s’y habituer tout de suite ». Alors clairement non, je ne pense pas à la mort quand je renonce à acheter ces jolis verres à cocktail ciselés aperçus en boutique, ni au poids de mes possessions pour mes héritiers lorsque je choisis de donner une partie des livres qui s’amoncellent près de ma cheminée.

minimalisme et confinement

En fait, je crois que le minimalisme ne peut convenir à une personne que si c’est quelque chose à laquelle elle aspirait déjà, avant même que ça porte un nom ou qu’on le théorise dans des séries Netflix ou des conférences TED. On ne peut pas décréter son mode de vie, c’est quelque chose qui se construit, qui s’inscrit profondément dans le temps et les habitudes de chacun. Lorsqu’on vit avec peu (j’exclue évidemment les personnes en situation de dénuement économique), ce n’est ni un choix ni un poids, et il y a peu de chance qu’on le regrette, quelles que soient les conditions. Si en revanche le confinement vous a pesé en raison des restrictions que vous vous imposez pour atteindre un idéal ou une esthétique minimale, il y a des chances pour que ce ne soit pas pour vous et oui, vous seriez plus à l’aise dans un décor plus en phase avec vos envies et besoins quotidiens.

Ceci étant dit, je serais ravie de lire vos retours d’expérience sur le confinement. Vous vous êtes lancé dans un grand tri ou, au contraire, avez accumulé dans votre caverne de quoi tenir un siège? Des choses vous ont-elles manqué, avez-vous regretté des objets dont vous vous étiez débarrassés? Racontez-moi!