Je crois que je vous ai déjà beaucoup parlé de ce livre de mon enfance (à l’époque il y avait aussi Copain des champs, des villes et des mer, et on trouve depuis Copain des chats, du ciel, des chiffres etc. Mais entendons-nous bien, Copain des bois, le guide des petits trappeurs de Renée Kayser, reste l’indétrônable n°1) A voir les prix auxquels se vendent les éditions d’époque, je ne dois pas être la seule à être restée bloquée sur ce livre, mais comme je n’ai plus tout à fait 7 ans, je suis partie à la recherche de nouvelles lectures pour faire vivre en moi l’amour des forêts. En voici 3, et je compte sur vous pour m’en indiquer d’autres !
La vie secrète des arbres – Peter Wohlleben : Ce livre, je l’ai tout d’abord offert à ma mère, qui me l’a ensuite prêté (la boucle est bouclée). J’ai mis un peu de temps à le lire car, bien que passionnant, j’ai tendance à donner la préférence à des roman avant de dormir, et ne pouvais m’y plonger que quand mon emploi du temps me laissait le loisirs de lire en journée. J’étais loin de me douter, quand je l’ai commencé, que je le finirais confinée, bien loin de toute forêt justement, avec pour seule compagnie chlorophyllée quelques plantes vertes dans la maison et, sur le balcon, une pousse de cerisier et un bébé figuier. Autant dire que la perspective de mieux connaitre les arbres, leurs interactions entre eux ou avec leur milieu, et de m’imaginer foulant la mousse à l’ombre des houppiers ne m’a jamais parue aussi alléchante et lointaine.
Car ce livre est une vraie promenade. Une balade en forêt dans le sillage de Peter, forestier allemand amoureux des arbres, qui nous apprend à observer, ici une couronne de mousse, là des bourgeons sur un tronc, et nous amène à réfléchir sur notre rapport au vivant, au végétal et au temps. Ce que j’ai préféré, c’est la leçon d’humilité que nous offre la forêt. Les arbres n’ont pas besoin de nous, et les déséquilibres que nous croyons nécessaires de corriger sont ceux que l’Homme a lui-même créé.
Comme je suis un copain des bois en toc et que je passe plus de temps sur le bitume que dans la forêt, ça n’étonnera personne que j’ai particulièrement aimé les chapitres dédiés aux arbres des villes, ceux des parcs et des bords de route, et aussi ceux qu’on croit pouvoir faire pousser dans son salon (suivez mon regard). Ça fait plusieurs années que je m’insurge de ce que les écolos en toc (eux-aussi!) communiquent sur le reverdissement de la ville, la « végétalisation urbaine » comme ils disent. Comprenez-moi, je ne suis pas contre a priori, mais je suis plus favorable à la création de vraies zones vertes étendues qu’aux plantations anecdotiques de bord de route ou aux arbres en pot sur les places. C’est parfois joli certes, mais les arbres y souffrent (et se vengent par ailleurs en nous bombardant de substances allergènes). Et ce livre m’a donné raison! Isolés de leur congénères, blessés par les tailles et élagages répétés, manquant de place et d’eau, les arbres des villes sont pour Peter Wohlleben des « enfants des rues » qu’on sacrifie au seul bénéfice de notre goût pour l’ornement.
J’ai compris au passage pourquoi les chênes que je fais germer dans ma cuisine n’ont aucune chance de survie (n’étant pas exposés au froid, ils ne se mettent jamais en dormance et meurent d’épuisement), et pourquoi je me suis maintes fois perdue en forêt en croyant bon d’utiliser la mousse sur les troncs comme boussole (elles s’installent sur le coté pentu de l’arbre pour bénéficier du ruissellement des eaux de pluie, et pas du tout sur la face Nord – le Copain des bois de mon enfance m’aurait menti?). Bref j’ai l’impression d’être une tortionnaire de plantes en même temps qu’une inculte finie, mais cette sensation d’avoir plein de choses à apprendre me ravit !
Ces arbres qui nous veulent du bien – Laurence Monce : Les arbres ne sont pas seulement fascinants, ils sont aussi bienfaisants! C’est en tout cas cette propriété que tente d’explorer la silvothérapie, qui préconise des bains de forêt aux personnes souffrant de stress ou à la tension artérielle trop élevée, ou encore aux enfants ayant des troubles de l’attention ou d’hyperactivité. L’auteur nous emmène ici au cœur de la forêt, entre souvenirs d’enfance et approche de naturopathe, pour nous apprendre à éveiller nos 5 sens et à tirer parti de tous les bienfaits qu’offre la compagnie de nos amis les arbres.
Parce qu’une balade dans les bois n’offre pas seulement un moment d’évasion plaisant, loin de la ville et des écrans. C’est aussi l’occasion d’éveiller ses sens et de bénéficier d’une véritable cure, au sens propre du terme, favorable à un meilleur état général et à une meilleure santé. Certains arbres (cèdres, pins, eucalyptus, bouleaux…) produisent par exemple des phytoncides pour se défendre contre les bactéries et champignons, d’autres (chêne, sapin) des tanins antiseptiques qui purifient l’air ambiant et ont une action fongicide, bactéricide et antioxydante…
En passant du temps dans les bois, nous bénéficions de ces propriétés de l’air ambiant via la respiration et les pores de notre peau. De la même façon, nous bénéficions de la présence de nombreux ions négatifs dans la forêt qui boostent les fonctions vitales (activité pulmonaire, cardiovasculaire, endocrine…) et améliorent l’humeur et le sommeil en stimulant la production de sérotonine. Fascinant non? S’il vous faut encore une raison pour écouter l’appel de la forêt, songez que celle-ci regorge de terpènes, ces composés organiques produits par les arbres aux effets analgésiques, bronchodilatateurs et anti-inflammatoires. De mon côté, en tant que citadine et ex-fumeuse asthmatique, je vous avoue que ça me parle beaucoup!
A la lecture de ce livre, j’ai tout de suite repensé à ma dernière escapade à la Versanne et à combien la promenade dans les bois, malgré les ampoules aux pieds et le froid, m’avait fait du bien. Qui sait, peut-être souffre-je sans le savoir du vilain TAN dont parle l’auteur : le Trouble d’Absence de Nature qui touche tout particulièrement les enfants et les personnes surexposées aux écrans. Conclusion : faire pousser un chêne sur son frigo ne suffit pas, promenons-nous dans les bois !
Tailler le bois – Niklas Karlsson : Etre un copain des bois, ce n’est pas juste connaitre la forêt, mais aussi savoir s’y repérer, s’y construire un abri ou y trouver à manger. Du coup, ce livre pour apprendre de ses mains des objets usuels en bois m’a semblé tout à fait approprié. Une fois que vous aurez appris à identifier le bois, à trouver son fil et à utiliser les bons outils, à vous les spatules, les louches et les tasses sculptées, à vous les balades en forêt à la recherche de la bonne essence pour y tailler une boite ou une planche à découper!
J’ai particulièrement aimé la section « rester simple » qui invite à éviter de trop s’équiper – un bon couteau, un tabouret dans en endroit bien éclairé et un balai pour déblayer les copeaux sont tout ce qu’il vous faut pour commencer – et les constants rappel du caractère vivant du bois, qu’il est inutile, voire idiot, de vouloir complètement dompter. Bref, c’est le guide parfait pour se familiariser avec les techniques de taille manuelle et enrichir sa relation avec la forêt.
Ça y est, j’ai envie de cabane en rondins, de grand air et de hautes futaies! Juste avant le confinement, j’ai reçu le livre L’Homme et la nature de l’ami des arbres Peter Wohlleben qui devait sortir en librairie aujourd’hui, et je me réjouis d’attendre la liberté en si belle compagnie! Et comme ma pile de livres à lire comporte aussi le célèbre Walden de Thoreau qui a vécu deux ans dans la forêt, seul dans une cabane qu’il avait-lui même fabriqué, je sens que mon enthousiasme de copain des bois ça n’est pas prêt de s’arranger!