Du 12 au 16 mai se tenait à Turin le XXIV salon international du livre… Et si je n’ai pas pu y aller (ce qui est fort dommage parce que j’aurais pu entre autres y rencontrer l’auteur de mon fantastique livre sur la cuisine des Pouilles qui s’y trouvait), j’ai tout de même suivi la chose de loin (internet on a beau dire, c’est magique). Pour l’occasion, et comme l’événement coincidait avec l’année du 150e anniversaire de l’unité italienne, l’événement s’est transformé en épisode semi-comémoratif, avec en exergue une grande fierté nationale: « Nel 1861 l’Italia aveva il 70% di analfabeti. Oggi il mercato editoriale italiano è il settimo nel mondo » (En 1861 l’Italie comptait 70% d’analphabètes. Aujourd’hui le marché éditorial italien est le septième au monde). Pour fêter cette progression, une exposition était organisée, pour laquelle les organisateurs avaient selectionnés 150 livres pour raconter 150 ans d’histoire italienne, et parmi ces 150 ouvrages, 15 livres en particulier, qualifiés de Superlibri… (ça promet)…
Parmi les 150 incontournables (liste là), force est de constater que je n’ai pas lu grand chose… heureusement, il y a Dino Buzzati et son désert des Tartares, Mario Rigoni Stern avec son sergent dans la neige, Carlo Fruttero & Franco Lucentini pour la femme du dimanche, Océan mer d’Alessandro Baricco, Je n’ai pas peur de Niccolò Amanniti et Fantozzi de Paolo Villaggio (si si il est dans la liste) …hum 6 sur 150… il va falloir investir quelque librairie du cru pour combler mes lacunes… franchement je pensais faire mieux… (shame on me)
Pour ce qui est des 15 Superlibri, je me défends un peu mieux (ce qui semble indiquer que je ne lis que la creme de la crême (si), grâce aux aventures de Pinocchio de Carlo Collodi (que j’ai du lire en version illustrée il y a bien longtemps) (moi quand il y a une baleine sur la couverture je lis hein), à Si c’est un homme de primo Levi, au Don Camillo de Giovannino Guareschi (bon j’ai vu les films et visité le musée, ça compte non?), et au baron perché d’Italo Calvino… ça ne fait encore que 4 sur 15, mais la proportion me fait déjà plus honneur non? (humpf)
Les visiteurs ont aussi été questionnés sur la question du livre indispensable à toute culture italienne qui se respecte, avec l’initiative du Sedicesimo Libro (le seizième livre), et ont choisi Océan mer d’Alessandro Baricco, et celui-là je l’ai lu! (ouf, l’honneur est sauf!) Et hors concours, l’oeuvre étrangère plébiscitée fut Siddharta d’Herman Hesse (que j’ai lu aussi, tralali) (depuis je réfléchis, j’attends et je jeune) (enfin presque)…
Disons que pour pallier à mes lacunes, je m’engage à lire dans l’année d’autres Superlibri, par exemple Quer pasticciaccio brutto de via Merulana (l’affreux pastis de la rue des Merles) de Carlo Emilio Gadda, parce que ça fait plusieurs fois que j’en entends parler et aussi parce que le titre est fort intrigant…
Mais voyons un peu cette liste des Superlibri:
- Le confessioni di un ottuagenario (les confessions d’un italien) d’Ippolito Nievo (bon ça m’a l’air de surtout parler de guerres napoléoniennes and cie, mais il parait que (selon wikipédia) le siège de Gênes y est décrit « avec un lyrisme et une lucidité étonnante »…
- Le avventure di Pinocchio (les aventures de Pinocchio) de Carlo Collodi
- Cuore (le livre-coeur) d’ Edmondo De Amicis, livre pour enfant, est le journal d’un écolier italien en 1881-82
- Myricæ de Giovanni Pascoli, sur lequel je ne trouve pas grand chose si ce n’est que ça a l’air vachement triste…
- Allegria di Naufragi (l’allégresse des naufragers) de Giuseppe Ungaretti, poésie « aux échos crépusculaires et futuristes » (rien que ça…)
- La coscienza di Zeno (la conscience de Zeno), roman semi-autobiographique à tendances psychanalitiques…
- Ossi di seppia (Os de seiche) d’Eugenio Montale, recueil de vers dont la joyeuseté semble ne laisser aucun doute… (exprime « l’aridité de l’existence humaine »)
- Gli indifferenti (les indifférents) d’Alberto Moravia, des histoires de famille, de coucheries et de pauvres gens pas très heureux… (non mais les chefs d’oeuvre il faut toujours que ce soit glauque ou?)
- Se questo è un uomo (si c’est un homme) de Primo Levi
- Don Camillo de Giovannino Guareschi
- Il barone rampante (le baron perché) d’Italo Calvino (heureusement Calvino est là!)
- Quer pasticciaccio brutto de via Merulana (l’affreux pastis de la rue des Merles) de Carlo Emilio Gadda, qui m’a tout l’air d’une fameuse enquête entre bourgeoisie romaine et quartiers pauvres au dialecte piquant… (décidément celui-là il me tente bien…)
- Il Gattopardo (le guépard) de Giuseppe Tomasi di Lampedusa, roman historique sur la vie d’un prince de Sicile pendant l’unification italienne…
- Il nome della rosa (le nom de la rose) d’Umberto Eco. Celui-ci pourrait me plaire tiens, parce qu’un roman policier médiéval déjà, c’est prometteur, et parce que l’auteur sait choisir son barbier… (il me semble avoir vu des bouts du film avec Sean Connery aussi… des bouts seulement oui…)
- Gomorra de Roberto Saviano. Celui-là je peux pas le lire parce que le Mec l’a commencé il y a deux ans et toujours pas fini… (mais des fois il me raconte des bouts) (et puis il faut savoir qu’il y quelques années, ce livre était LE sujet de conversation dans les dîners en ville, du coup il ne m’est pas complétement obscur) mais je dois dire que les propos d’Ernesto Ferrero (le directeur éditorial du salon du livre, rien à voir avec le chocolat, quoique?) m’ont plutot intrigué: le fait que ce livre soit parmi les Superlibri est « un choix sociologique et non littéraire », « Roberto Saviano n’est pas une grande plume. A la place de son éditeur, j’aurais fait subir au livre de robustes corrections » (il balance grave le directeur) (propos tirés de la revue Memo de mai-juin 2011)
Et vous, vous en avez lus parmi cette liste, étudiés meme? Vous avez aimé, detesté, voire abandonné? Dites-m’en plus!
1953 – Silvio D’Arzo, Casa d’altri
1953 – Mario Rigoni Stern, Il sergente nella neve
1954 – Giuseppe Prezzolini, L’italiano inutile
1954 – Giovanni Testori, Il dio di Roserio
1954 – Goffredo Parise, Il prete bello
1955 – Eugenio Garin, Cronache di filosofia italiana
à l’époque où je me tapais des version/traduction, j’en ai étudié quelques uns (mais les « plus » connus » du coup)
Oh! Le Nom de la Rose est vraiment extra! Dense, touffu, haletant. On se sent plus savant qu’avant quand on en sort. Vraiment une merveille!
Et Gomorra vaut effectivement pour le constat terrifiant qu’il pose et pour le courage de son auteur (bien que le style ne m’ait absolument pas dérangée).
Tu as lu « L’Arte della gioia »? Il n’est pas dans les super libri, mais il paraît qu’il est magistral. Je le lirais bien en italien pour faire des bonds de géant en vocabulaire…
@Sophie: ah oui, l’art de la joie aurait sa place, c’est vrai! j’en ai parlé ici: http://completementflou.com/2010/07/marcel-les-femmes-et-lart-de-la-joie/
j’avais vraiment adoré! (mais je l’ai lu en français, j’avoue qu’il est un peu gros pour moi pour une lecture en langue originale!)
J’ai lu le baron perché, moi aussi, et j’ai bien envie de lire le Guépard. 🙂
J’ai travaillé au salon du livre de Turin, une année, sur le stand de l’alliance française. C’était super sympa, j’avais adoré.
@Estellecalim: l’année prochaine j’y cours!
Bon courage pour lire Gadda en VO, son écriture baroque, ses créations de mots…
L’arte della gioia, très surestimé, il aurait fallu couper la trop longue histoire d’amour homosexuelle.
Globalement d’accord avec la liste, dommage qu’on ait oublié Dacia Maraini (qui a été l’objet d’un de nos modestes articles
http://matchingpoints.wordpress.com/2010/05/11/dacia-maraini/)ou d’autres écrivains femmes : Magaret Mazzantini, Susanna Tamaro, Rosetta Loy, Clara Sereni…
Oubliés aussi Luigi Pirandello, Leonardo Sciascia, Erri de Luca, Stefano Benni ou Andrea Camilleri…
Et bien d’autres!
Mais ces oublis prouvent aussi la richesse de la littérature italienne, trop méconnue en France, et des auteurs comme l’irrévérencieux et délirant Niccolo’ Ammaniti démontrent qu’il y a bien d’autres plaisirs de lecture que des romans nombrilistes à la française
Hum, mis à part celui de Primo Levi que je suis sure d’avoir lu, certains autres me disent quelque chose (Umberto Ecco…)
Mais dans ces moments là je me rends compte que j’ai encore plein de belles choses à découvrir d’un point de vue littérature !