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Un samedi matin sur le marché de Viale Papiniano de Milan, une semaine avant Noël…avec Le Mec qui râle parce qu’il y a trop de monde et que les gens le poussent, et la copine qui rit en essayant des bonnets péruviens pour aller skier en Suisse…

…nous sommes en quête… en quête d’un cadeau de Noël 100% italien, 100% cliché, 100% beau d’être tellement un cliché italien: la canottiera!  … c’est à dire le débardeur blanc échancré que porte la grande majorité des italiens sous leur chemise! (accessoirement, dans l’imaginaire collectif, taché de sauce tomate, hin hin)… (là vous vous dites, la voilà qui nous saoule à nouveau avec ses histoires de Marcel) (et bien oui)

…mais l’histoire ne s’arrête pas là… nous arrivons devant ladite dame dudit stand de canottiere/marcel, et demandons à tout voir: ceux en fil d’écosse, ceux en laine pour l’hiver, les mi-laine mi-coton… et jetons finalement notre dévolu sur le classique en coton blanc, tout simplement grandiose… la dame nous demande « quelle taille? », et nous voilà perplexe… de la complexité de faire des cadeaux de Noel à distance, à des gens dont on ne sait s’ils se sont gavé de buche avant l’heure ou au contraire serré la ceinture…

« ben, un peu gros, mais pas trop… fort quoi… des épaules larges, un peu de ventre… mais pas trop quand même… » La dame: « je vous mets du XL ou la personne est vraiment forte? » Nous: »Ben, c’t’à dire, c’est dur de décrire, il faudrait qu’on vous montre quelqu’un dont la silhouette est approchante »… (oui, nous sommes des clients chiants, et la dame a une patience d’ange…) La voilà qui appelle un type: « Peppe, viens par ici! », et à nous « Bon, il est comme ça, ou plus gros, votre copain? »

Le type se prète au jeu, tourne sur lui-même (sans meme savoir de quoi il est question d’ailleurs), argue que sa doudoune le grossit, que sans il est plus svelte, se laisse admirer et même tater le flanc… « C’est plus ou moins ça » s’écrit-on dans un enthousiasme digne d’une remise des Oscars… « c’est quoi votre taille de Marcel monsieur?! » « Ben, j’sais pas trop… Francesca, c’est quoi ma taille de maillot? » (j’y crois pas, le type demande à sa femme quelle taille il met!) « Ben c’est du 5, couillon » (du XL quoi)…

Et voilà pourquoi j’adore ce pays, la disponibilité des gens et leur sens du jeu (entre autre hein, à aucun moment je ne renie les ravioli con spinaci e ricotta, et loin de moi l’idée d’oublier la transparence d’une certaine mer des Pouilles…), là où une marchande française accariâtre (je n’éxagère pas, je schématise) (non parce que je vois déjà les gens s’indigner que ce n’est pas vrai, qu’il y a des vendeuses dévouées en France, et des harpies en Italie), je disais donc, là où une marchande française accariâtre se serait exclamée « ben voyons si vous n’savez pas c’que vous cherchez vous-même, j’vois pas bien comment j’pourrais vous aider » (chez nous dans la Lorraine profonde, les gens parlent comme ça) (si si), la dame qui vend des marcels a résolu notre problème, suscité un engouement sans précédent autour de son étalage et dudit Peppe pas peu fier d’être montré en exemple, et a vendu trois exemplaires de la fameuse canottiera…

(là dessus, portés par notre enthousiasme, on a aussi acheté des chaussettes super-longues comme les hommes en portent ici en hiver, du jamais vu en France) (genre longues comme des mi-bas) (même qu’existent de fantastiques reggicalze da uomo (des sortes de porte-jarretelles pour chaussettes masculines)…
(je viens pas de briser le mythe du rital en marcel blanc là?)
(p’être bien qu’oui…)

(photo Maglificio Fragi)