Le salone satellite, c’est la portion de la grande foire de Rho dédiée aux jeunes designers les plus prometteurs, triés sur le volet pour représenter l’avant-garde du design et permettre aux créateurs émergents de se faire repérer par la presse ou d’éventuels éditeurs. Et c’est souvent là qu’on voit les plus jolies choses, sur ces mini-stands un peu nus, loin des mégas attractions de contreplaqué et moquette des grands éditeurs. Cette année encore, j’y ai vu des choses qui m’ont plu, de vieilles connaissances, des trucs expérimentaux et pas mal de projets tout simples, tout simplement beaux.
J’étais ravie de retrouver Dossofiorito du Veneto qui avaient été mon coup de cœur de l’édition passée et qui, cette fois encore, présentaient un projet autour des plantes. Vous connaissez mon amour pour la jungle urbaine d’appartement, je ne pouvais qu’adhérer à leur nouvelle passion pour les plantes épiphytes, ces végétaux qui poussent sur d’autres plantes sans les parasiter et forment des écosystèmes suspendus parfois très élaborés. Souvent tropicales et finissant en -iacées, ces plantes ont développé avec le temps des racines poilues qui peuvent s’accrocher partout et leur permettent de survivre en milieu hostile. Et quel milieu plus hostile qu’une salle de bain milanaise ou un salon vénitien?! Dossofiorito utilise les propriétés de ces végétaux malins pour les accrocher à de jolis pots en céramique blanche non émaillé et remplis d’eau dans lesquels les épiphytes puisent leurs ressources par capillarité. C’est élégant, ça pend, ça pousse, ça s’entortille et se mêle à la mousse, et ça verdit n’importe quel appart’ à la déco tristoune et à l’ensoleillement faiblard.
J’ai bien aimé aussi le mobilier de l’atelier Max Lipsey, surtout le fauteuil jaune Monna, du genre à t’appeler depuis le devant de la bibliothèque ou de la cheminée à venir t’y vautrer…
Je suis resté un moment devant le stand de Mejd Studio, à essayer de comprendre ce qui me plaisait exactement: le petit coté gothique des bougeoirs, l’alliance du béton et du laiton, le style un peu cliché des faces à main façon rétroviseur au féminin?
Je me rends compte que mes goûts en matière de design changent… Je vieillis sans doute, je me lasse des trucs bizarroïdes, j’aime les choses simples, les formes épurées… Ou alors, les trucs vraiment barrés, les pièces fortes qui sont comme une oeuvre d’art et te meublent un espace rien qu’à eux! C’est drôle de dire ça et je ne suis pas sure d’aimer l’expression, mais j’aime bien les objets qui ont de la personnalité! Comme cette étagère à bidules des suédois de Formellt où cloisonner toutes ses collections, ou ces chaises délirantes de Markus Johansson, tout droit sorties d’un monde imaginaire (ou de l’esprit dérangé d’un designer amateur de fêtes foraines…
Evidemment, tout cela est subjectif, et certains designers parlent sans le savoir à mon âme de romantique des villes, au détriments d’autres dont l’univers me reste hermétique, sans que cela ne remette en cause leur travail ou leur inventivité… Cette année mon cœur a ainsi fait boum pour deux projets des japonais de 3Xdesign: le support pour cadre Tape shelf façon scotch (pour lequel je dois dire que cette intuition d’encadrer un pigeon a été une très bonne ruse pour attirer mon attention!) et les pansements pour enfants Tondeike Bansoko qui, s’inspirant de la phrase typique des mamans aux bobos des enfants « Pain, pain, fly away », prennent la forme de divers engins volants, oiseaux, dirigeables, planeurs tout en conservant une grande simplicité (on est bien loin des pansements Disney). C’est simple, dès qu’ils sont en production, j’en fais un stock et je me remets au rollers sans genouillères!
Vous avez vu? J’écrème de plus en plus et je suis assez contente de moi, je ne rentre plus du Salon avec 37000 photos (même si, on est bien d’accord, je n’ai pas encore fini de trier) et je fais des billets moins longs, que j’espère plus digestes pour vous. Encore un dernier petit effort, il nous reste la sélection sur le salon officiel de Rho, un petit tour à Lambrate et 2 ou 3 focus et le blog reprendra une activité plus normale à base de recettes italiennes, de bouquins, d’interviews et d’adresses milanaises!