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L’année dernière, le garage San Remo avait abrité lors du Fuorisalone une excellente exposition de Maarten Baas, mise en scène façon fête foraine avec manège de chaises, tirettes et guichet design, animations colorées et musicales. Du coup, cette année, c’est un peu circonspect que le public est entré dans l’espace cet fois dénudé, et a découvert ce cercle métaphorique d’assises -chaises et tabourets, tournées vers un point focal imaginaire. Lorsqu’on parle de dénuement, on hésite souvent entre deux points de vue, celui de la pauvreté (de moyens et de sens) ou celui de essentiel, de la simplicité d’artifices qui confine au génie. Et devinez un peu où je place Max Lamb, le designer-star de cette rétrospective?

max lamb exercices in seating

max lamb salone del mobile 2015 milano

Passée la première impression, on comprend vite qu’ici l’intérêt n’est ni dans le décor, ni dans la mise en scène, ou à peine, et que la disposition un peu tribale rassemblant le mobilier n’est là que pour souligner la force de chaque projet singulier. Ce qui intéresse Max Lamb, c’est la matière, et le processus qui vise à la transformer pour l’accorder à une fonction donnée, ici celle de servir d’assise. C’est justement ce processus d’exploration des procédés qui donne une esthétique commune à tous les objets présentés: réalisés la plupart du temps à la main, leur intérêt réside dans la fabrication, et le travail de stylisation s’arrête souvent à la stricte fonction. D’où les formes brutes, sculpturales, primitives, de ces 41 chaises réduites à la plus simple expression. Ce qu’on voit, ce n’est pas une exposition de chaises, c’est une recherche sur les procédés qui transforme un bloc de pierre ou une planche de bois en tabouret. D’où le nom donnée à cette rétrospective du jeune designer « Exercices in seating ». Une rétrospective qui, loin de figer son travail, démontre au contraire son caractère évolutif. S’il y a de l’arte povera dans l’esthétique primitive du travail de Max Lamb, il y a là surtout un travail d’explorateur, de la matière et de ses possibilités, allié à une sensibilité d’artiste que, même sans podium et sans cadres enluminés, nul ne saurait nier.

max lamb garage san remo milano design week 2015

max lamb exercices in seating milan 2015

Pour ceux qui souhaitent approfondir, je recommande de regarder ces deux vidéos tournées pendant le Salon (en anglais):