Ceux qui ont déjà vu passer des photos de mon intérieur sur Instagram le savent, chez moi la déco est assez épurée et plus ça va, plus je rêve de posséder encore moins d’objets. Je ne suis certes pas la seule, mais je ne crois pas avoir suivi exactement le même cheminement que la plupart des adeptes dont j’ai pu lire les motivations. Certes je me suis délectée à suivre les pérégrinations de The minimalists, à lire La magie du rangement et autres l’art de la simplicité, et cette interview qui n’a rien de si particulier m’a suffisamment marquée pour que j’en garde le lien dans mes favoris, des mois après l’avoir lue*. Néanmoins, ce sont des raisons très personnelles qui m’ont poussé à épurer mon chez-moi, et non une « tendance » ou un courant de pensée.
Ces raisons sont simples en fait, et pas si spirituelles qu’on pourrait le penser :
Déjà, je suis très bordélique, du genre à passer 2 h par jour à chercher ma gomme et mes clefs. Du coup je rêve de pouvoir tout géolocaliser (mon Graal : pouvoir faire sonner mes clefs quand je ne parviens pas à les trouver) et je m’efforce de limiter au maximum les endroits où mes affaires peuvent se cacher.
Ensuite j’ai pas mal déménagé, dont une fois à l’international, à chaque fois avec un budget limité et pas grand monde pour m’aider. Ça aide à faire des choix et à définir ses priorités. En plus je suis passée en arrivant à Lyon par un appartement minus de 30 m2 où la pièce principale servait à la fois de salon, de bureau et de chambre d’amis (seuls les vrais amis acceptent de dormir sur un matelas gonflable sous une table à coté d’une pile de cartons). Quand vous devez choisir entre une collection de bougeoirs ou de vieux magazines et un peu d’espace pour respirer, le choix est vite fait.
Après ça on a eu plus de place, pas loin du double, mais on a tellement adoré avoir de l’espace qu’on n’a pas voulu remplir trop vite. On aimait pouvoir bouger les meubles, changer la destination d’une pièce ou tout simplement faire le ménage ou se mettre à danser sans se cogner, et l’espace libre est devenu un luxe, le vide autour du lit ou au mur s’est mué en condition au repos (des yeux, de l’esprit, de mon radar à coins de meubles).
Vous l’aurez compris, je me cogne pas mal, et envisage tout objet comme un obstacle potentiel. Je me souviens d’un client du Mec qui, ayant de (très) grands pieds, avait la phobie des meubles posés parce qu’il avait peur de trébucher. Moi je suis un peu pareille, dès que je vois un truc qui dépasse dans un passage, je visualise un bleu sur la partie du corps qui pourrait entrer en contact avec. C’est aussi ce qui explique ma phobie des tables en verre, et pour m’être cent fois cognée étant petite sur celle que mes parents possédaient alors dans le salon, je mets mon veto jusque chez mes potes à l’achat d’un quelconque mobilier vitré.
Vous voyez, on est loin d’un trip conceptuel! Ça ne veut pas dire que je dénigre toutes les autres bonnes raisons d’être minimaliste, mais celles-ci sont, pour moi du moins, les plus importantes. En fait, je ne crois guère à l’idée de « devenir minimaliste » du jour au lendemain quand on parle d’aménagement intérieur, et ceux qui « se font un appart minimaliste » n’ont à mon sens rien compris, ou passeront au mobilier bohème, rétro-pop ou colonial à la première occasion (ou au premier déstockage de meubles à la prochaine saison).
Aménager son intérieur, ce n’est pas comme créer un décor au théâtre. C’est un processus long et propre à chacun (voire l’objet de concessions quand on vit à deux ou en famille), et ce n’est pas tant un choix figé dans le temps que le résultat d’une succession de choix, et plus globalement d’un mode de vie. On parlait de tout ça à midi (la vie de freelance a ceci de chouette qu’on peut prolonger l’heure du déj à l’envi) et le Mec me disait: « c’est un peu comme dans l’Arte Povera, quand Giuseppe Penone dit que la forme et les aspérités d’une pierre sont le résultat du chemin qu’elle a parcouru dans le lit de la rivière. » (Il n’avait pas fumé, juste écouté il y a peu la Masterclass de l’artiste enregistrée cet été au Centre Pompidou). C’est pour ça que chez nous il n’y a pas de style défini; on y trouve des coins vides et des coins bien remplis selon ce qui est important pour nous, on est sentimentaux sur certains trucs (les dessins faits par des copains, les livres préférés, les lettres, quelques objets-souvenirs) et globalement impitoyables sur tout le reste, sur tout ce qui nous encombre ou ne sert à rien.
Et surtout, on est hyper attentifs à nos besoins. On achète nos pièces de vaisselle en 2 exemplaires (on est 2, pourquoi prendre le service complet? Au pire quand on reçoit tout est dépareillé mais qui ça dérange?) On préfère avoir un grand bureau qu’un salon alors on n’a jamais eu de table basse ni de canapé, le Mec collectionne les échantillons de bois mais j’aime empiler mes livres par terre, on n’a pas de verres à pied mais de quoi faire des pâtes fraîches sous 12 formes différentes au moins…
A midi toujours, le Mec me parlait d’amis italiens à qui il avait rendu visite il y a quelques années dans leur résidence secondaire à Berlin. Ils n’y passaient que quelques semaines ou mois par an et, jugeant inutile d’y recréer un second chez-eux « complet », l’endroit était resté assez sobre et sommairement meublé. Sobre mais pas rudimentaire pour autant, puisqu’ils avaient veillé à y apporter de quoi faire de leurs séjours berlinois de confortables moments. Dans la chambre, un lit moelleux et deux piles de revues en guise de tables de chevet, dans le salon pas de table mais deux fauteuils et un projecteur pour regarder des films en étant bien installés, et une cuisine bien équipée parce qu’ils adorent cuisiner.
Je ne sais pas pour vous, mais cette vision me semble idéale, et me donne envie de faire encore plus le vide chez moi. Pas le vide pour le vide, mais pour ne garder que l’essentiel, ce qui procure du plaisir et fait du bien. Je ne connais pas le couple en question, mais il me semble que, rien qu’à la description de leur appartement, je connais un peu leurs goûts, je devine leurs centres d’intérêt, et il n’y a dans tout cela rien de superflu. Avoir un intérieur qui nous ressemble, représentatif de ce qui est important pour soi, me semble un but louable, qui plus est plutôt facile à atteindre!
Bref, je ne sais plus trop comment on en est arrivés là, mais puisque vous étiez habitués ici à mes articles sur le ménage de printemps, a priori vous ne serez pas trop choqués par ceux sur le ménage d’automne. Je crois que j’ai tout simplement besoin, de temps en temps, de m’interroger pour réaffirmer mes positions sur la question (J’ai une maman qui jette tout et un papa qui veut tout garder, il faut bien que je trouve ma place et le juste milieu) (Bienvenus dans ma thérapie sur wordpress, le pop-corn et les chips à la truffe sont sur votre droite) (Lors de la prochaine séance on parlera de comment je suis devenue accro aux chips, si vous le voulez bien).
Mais avant cela, j’ai bien envie que vous me racontiez comment c’est chez vous! Plutôt minimal, plutôt baroque, bordel subi ou choisi? Histoire de voir si ma théorie se vérifie et si, en imaginant vos intérieur, j’arrive à vous cerner aussi!
*Sans doute parce que je suis super d’accord avec l’idée d’utiliser tous les jours les fringues et la vaisselle de fête, mais surtout parce que j’ai badtripé sur la partie concernant le cleandesk (mon bureau est un chantier) et que la question des plantes m’a fait réfléchir : je me suis rendue compte que les multiplier, c’était aussi un peu les négliger. Quand on dispose d’une jungle, on ne se donne pas vraiment la peine de bien connaitre chacune des plantes que l’on possède, ni même de la soigner lorsqu’elle va mal. Du coup, je me suis un peu calmée, je limite ma frénésie de boutures et je boycotte les grandes ventes de plantes « pas cher » qui fleurissent à Lyon et poussent à la surconsommation sans vraiment véhiculer l’amour et la connaissance ces plantes (bienvenue sur mon blog New-age)