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Le Killer Plastic o, plus communément appelé Plastic tout court, je vous en ai déjà parlé à l’occasion de la liste publiée par le New-York Times des lieux hype milanais, c’est la boîte branchée milanaise, où sont passés Prince, Andy Warhol ou encore Grace Jones… (je dis la boîte, parce qu’ici les endroits un peu alternatifs ne courent pas les rues) (pensez mecs en Armani et filles habillées commes des prostiputes dans la plupart des endroits qui se prétendent in). Bref, je disais donc, la boîte branchée, où n’entre que la gente délurée, voire carrément déguisée (du coup je m’inquiète presque d’y être un jour entrée, moi…)

Il y a quelques années, le bruit a couru que la discothèque allait fermer ses portes, au grand damn des branchouilles locaux et des homos qui ne peuvent guère aller agiter leur popotin au Armani Caffè (enfin si, mais pas avec de l’eye liner et une jupe en simili cuir) Voilà pourquoi la journaliste Simona Siri, elle-même fréquentatrice assidue du Plastic, s’est mise en tête de réaliser un documentaire sur l’endroit, ses personnages et leur genre de vie décalés…

(Killer Salvo , le (très) farouche videur historique du Plastic)

Jeudi dernier donc, arrivée à la projection dudit film à 21h30 au milieu d’une foule bigarrée et vaguement satinée, les clients même du Plastic à n’en pas douter… J’avoue que je m’attendais un peu à un reportage sur d’insupportables pédants imbibés et imbus d’eux même et de mojito… En réalité, si les verres descendent avec une cadence horlogère pendant les entretiens, ces gens me sont à n’en pas douter follement sympathiques… De doux dingues passionnés de musique qui ont conscience d’avoir la chance incroyable de pouvoir vivre de rires et chansons… Finalement, les seuls vrais pédants sont ceux qui, observant la chose de l’extérieur et tentant de théoriser, parlent d’élite entrante, de hordes d’une nouvelle race de fétards, de créativité de la night… n’importe quoi…

Il faut dire aussi que l’enthousiasme de la journaliste est communicatif; c’est sûr, à sa façon, c’est une fan… A grand renfort de « on ressent dans cet endroit un grand sentiment de liberté », « l’érotisme est omniprésent » et « tout le monde peut tripoter tout le monde » (ou tout comme), on comprend que la dame n’est pas franchement farouche et tire de la fréquentation de l’endroit un palliatif non négligeable à des semaines plus solitaires…

Moi, ce dont je me souviens de mon unique soirée au Plastic, c’est ce moment précis avant la fermeture, quand les lumières se sont allumées et que, tout embué, dégoulinant et les bras en l’air, chacun a continué à chanter, comme la foule d’un concert unie par un même fanatisme, sur les dernières mesures de Creep de Radiohead… (ouais, hein, ça nous rajeunit pas) (mais c’était pas en 1993 je le jure)

Ce qui est drôle, c’est que, le matin même, j’avais discuté avec une copine de ma baisse d’intérêt pour la vie nocturne fêtarde et dansante… Alors qu’en sortant de la salle obscure, je me voyais bien jouer les oiseaux de nuit… Jusqu’à ce que notre route croise celle d’un cortège de cyclistes déguisés, juchés sur des engins bricolés très très felliniens, me rappelant que cet enthousiasme subit pour les gens de scène et les lumières dans la nuit n’était peut-être en fait qu’une illusion, habilement générée par la magie du cinéma…

Killer Plastic-o. Tu ti faresti entrare? Un film de Stefano Pistolini, 2011

Killer Plastic-o -Viale Umbria 120 – Milano Edit du 27 avril: le Plastic a déménagé, et se trouve maintenant via privata Giuseppe Scalarini…