L’été dernier en France, à la faveur d’une balade près d’un champ de blé, avec le Mec on s’etait mis à rêver: on allait ouvrir un moulin, vendre de la farine locale aux restaurateurs de la région, organiser des ateliers de boulangerie et ouvrir des chambres d’hôtes pour citadins en manque de sentir le grain couler entre leurs mains (n’importe quoi). Evidemment, à peine arrivés à Milan, l’envie nous était passée, et l’idée oubliée s’en allait rejoindre ses copines « je deviens boulanger » et autres « je crée ma ligne de chapeaux » au pays des lubies…
Mais cette année, en repassant devant le même champ de blé, quasi jour pour jour un an après , alors qu’on s’etait mis à en rigoler, j’ai décidé qu’on pouvait tenter l’experience de meunier à petite échelle, histoire de conclure la rêverie, à défaut de pouvoir lui donner suite.
Et nous voici partis glaner dans les champs, une fois la moisson terminée (c’est permis par la loi, à condition de le faire en pleine journée, sans outils, et de ramasser seulement les épis oubliés), emplissant un plein sac prêt à ecosser, moudre, cuisiner…
Après avoir expérimenté diverses techniques, séparé le grain de l’écorce à la main, éliminé les résidus légers au sèche-cheveux (un truc de brasseur) et alors que je me voyais déjà en reine de l’épi d’or, un coup d’oeil dans un livre nous apprit que nous avions récolté, non du blé, mais de l’orge, soit un truc immangeable et difficilement transformable en pain, tout juste bon pour les lapins… (ah ils sont beaux les citadins qui n’y connaissent rien!)
Touchés dans notre orgueil, il n’en fallait pas plus pour nous renvoyer aux champs pour une nouvelle glane, de blé tendre cette fois (le blé dur, autre piège à milano-parigot, étant réservé à la préparation des pâtes…) Une récolte à la hâte, un peu maigre soit, mais suffisante pour étancher notre soif d’expériences et panser notre fierté bafouée…
Voici le résultat, prêt à être moulu et mangé dans un pain certes probablement plein de pesticides (les producteurs bio dans la région ne sont pas légion) mais au bon goût de nostalgie de ce fameux champ de blé et de saveur de rêve un peu réalisé… (le résultat au prochain épisode!) (une vraie saga de rentrée cette histoire de blé!)
Je vois que je ne suis pas la seule à avoir des idées de vie champêtre… Ton article m’a fait sourire dans toute sa poésie ! Tu m’envoies le pain par la poste, bien sûr ? 😀
@So Oh Cliché: ça me fait ça à chaque fois, mais je sais bien que j’ai besoin de l’agitation urbaine au quotidien! il faudrait juste que je puisse me permettre ces tranches de campagne plus souvent… (pas encore eu le temps de moudre le grain, mais ça vient!)
Mouahaha ! trop forts ! je t’avoue que ça m’a bien fait sourire quand j’ai lu que vous aviez de l’orge et non du blé ^^ (oué, en tant que campagnarde de base, ça me fait sourire). Y a une année M. Rabat-Joie avait eu un peu la même lubie mais avec des épis de maïs ! Il en avait ramassé une bonne vingtaine et s’était imaginé de les moudre (cassant au passage le moulin à légumes de sa mère !). Mais c’est tellement gratifiant de faire SA farine ^o^
@Châtaigne: ah mais c’est facile de se moquer hein :-p j’admets, on aurait du regarder avant, mais en meme temps je t’assure que meme les gens vivant à la campagne n’en ont aucune idée, et que souvent seuls les agriculteurs savent distinguer l’orge du blé! maintenant au moins, on sait ^^
Vivement la suite !
contente de retrouver ta prose toujours attractive! et aussi de noter que tu as noté le coté « pesticides », hélas de ces grains de blé…en attendant si on les laisse faire le blé ogm merci
@marie: et oui, je sais que je vais piler les pesticides en meme temps que le grain… je me serais bien renseignée sur le type d’agriculture et les produits utilisés avant de selectionner mon champ, mais ça aurait oté ce coté « à la sauvette » qui ajoutait du piquant à la chose…