Je me rends compte que je n’ai pas encore parlé de la belle exposition dédiée au photographe Nino Migliori au Spazio Forma et joliment intitulée la matière des rêves. Une exposition en deux temps, qui mèle travaux figuratifs et recherches matérielles pour exalter ce qui fait la spécificité de l’artiste, la diversité de ses angles de recherche. On passe ainsi de la représentation de scènes du quotidien d’après-guerre en Italie, dans un pays qui semble à la fois merveilleux, misérable et comme mis à nu, à des photographies abstraites où se mèlent les traitements et techniques.
Ces différents travaux sont pourtant contemporains, et témoignent de la volonté de Nino Migliori d’intérroger le quotidien par la photographie, mais aussi d’interroger la photographie elle-même en tant que technique, et parfois même indépendamment du sujet représenté.
(détail)
Les négatifs et photographies subissent ainsi divers traitements: oxydation, fragmentation, impression de pyrogrammes… Les machines sont modifiées, les images exagérément agrandies… Des manipulations au service de l’idée d’expérience, de performance parfois, comme c’est le cas pour ces polaroids semi-abstraits réalisés avec un appareil géant, ou au service d’une reflexion plus générale encore, comme ce travail sur le vieillissement des clichés qui, en accélérant le temps du souvenir appelé à disparaître, annule l’idée même de la photographie en tant que médium de la mémoire…
A voir pour questionner les images, ou tout simplement pour rêver à cette Italie d’avant la couleur sur les photographies…
Nino Miglori, la materia dei sogni – Spazio Forma- Piazza Tito Lucrezio Caro 1- Milano – (jusqu’au 6 janvier 2013, tous les jours 10h-20h, jeudi et vendredi jusqu’à 22h, fermé le lundi, entrée 7,50 euro)