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Tous les ans à Milan, c’est la même chose, dès que la chaleur revient, revient avec elle la cohorte sanglante des ennemis assoiffés en quête de peau fine et de sang dopé à la glace au nougat… Comme toujours, les premiers specimen sont balourds, s’éjectent d’une pichenette ou d’un voile de citronelle, mais leurs successeurs, s’améliorant au fil du temps, exemple darwinien à echelle de l’été, ne s’en font que plus fourbes, rapides, mesquins, s’insinuant jusque dans les baskets en toile et sous les moustiquaires, riant aux nez des bougies citronnées et à la barbe des lotions répulsives… Heureusement, cette évolution de l’espèce nous concerne aussi, et il faut voir avec quelle aisance nous visons en septembre du premier magazine venu le moindre ennemi à 6 mètres, et avec quelle dextérité nous apprenons à enfiler en traitre dans la prise prévue à cet effet une nouvelle plaquette de poison vengeur…

Il est assez terrible de constater à quel point nous sommes démunis face à de si petits adversaires… Et tandis que la ville prône la prévention (ne laisser stagner d’eau nul part, même pas dans les pots de fleurs) (dit la ville qui entretient en son centre un marais et des canaux toujours semi-vides), les industriels se démènent pour nous fournir chaque année de nouveaux gadgets, raquettes éléctrifiées et autres bracelets anti-moustiques…

Pour ma part, j’opte pour la solution opération commando en soirée, Proust en main, avant d’opter pour une prise libératrice d’insecticide la nuit, sans doute nocive mais nécessaire au repos des guerriers… Cette année, je me laisserais bien tenter par un bat-castle, ou tout simplement une bat-box home-made, si je parviens à tromper la vigilence de mon concierge qui n’octroie qu’à lui-meme le droit d’occuper de divers objets utilitaires ou décoratifs les coursives et façades du batiment…

Pour illustrer cet article, quelques bijoux de la collection des curieux insectes des Néréides… le mimétisme, solution du futur aux attaques de moustiques?