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Jamais encore je n’avais vu Milan d’en haut… J’avais bien essayé pourtant, entre la terrasse du bar de la Rinascente corso Vittore Emmanuele (d’où on voit très bien la cîme du Duomo, mais pas grand chose d’autre), la terrasse du bar du magasin Coin piazza V Giornate (d’où la vue n’a rien d’époustouflant), le bar La Terrazza via Palestro (d’où on voit bien le parc Indro Montanelli, mais pas grand chose d’autre)… (Et non je ne passe pas ma vie dans les bars, je peux vous l’assurer, c’est un hasard). Dimanche dernier, enfin, j’ai pu remédier à cette lacune, et découvrir la ville vue par les pigeons depuis la cîme de la Torre Branca…

La Torre Branca, c’est cette tour en tubes de fer boulonnés qu’on peut apercevoir dans le Parco Sempione depuis 1933. Dessinée par l’architecte Gio Ponti à l’occasion de l’exposition triennale des arts décoratifs et industriels modernes et de l’architecture moderne (pour ceux qui se demandaient pourquoi le musée de la Triennale s’appelle ainsi), son originalité réside dans le contraste entre une construction solide et un aspect aérien et transparent.

Fermée en 1972, elle ne devra sa réouverture au public en 2002 qu’aux travaux de restauration entrepris par les frères Branca, gérants de la distillerie du même nom (quand je vous dis que je ne le fais pas exprès!) dont elle porte aujourd’hui également le nom.

Pour l’anecdote, la tour fut en son temps une hérésie milanaise: haute de 108,60m, elle dépassait donc de 10cm la petite madone dorée placée en cîme du Duomo, ce qui était défendu par ordre de Mussolini sous prétexte que « l’umano non deve superare il divino » (l’humain ne doit pas dépasser le divin) (ce qui a obligé les constructeurs du Palazzo della Ragione qui la domine à se munir également d’une autre petite madone pour rétablir l’équilibre). Si aujourd’hui tout cela n’a plus d’importance, et que de nouveaux batiments poussent comme des champignons, la chose avait fait scandale en son temps…

Mais passons à l’ascension en elle-même! J’aurais espéré pouvoir prendre l’escalier, mais comme c’est interdit il nous a bien fallu empreinter l’ascenseur transparent qui en moins d’une minute amène les visiteurs en haut, dans l’hexagone de verre qui permet de voir la ville de tous cotés (et même, parait-il, les jours sans brume et sans pollution- jamais quoi- la plaine lombarde alentours et la chaîne des Alpes au loin)…

Verdict: c’est beau Milan vu d’en haut! Cette marée de briques rouges et de pierre d’où dépassent clochers, tours avant-gardistes et grues au travail, le tout découpé par les lignes de chemins de fer et les parcs encore verts… Ces nuées de tuile et ce voile brumeux sur l’agitation d’un monde de fourmis qui gesticulent, tandis que la tour doucement oscille au gré du vent…

Quelques regrets tout de même: que le temps sur le belvédère soit compté et limité par un timer enclenché par le gardien dès la sortie de l’ascenseur, et que les vitres ne soient pas plus propres – ça ôte un peu l’envie d’y coller son nez pour voir Milan s’embuer en poussant des Oh! et des Ah!…

Et vous, vous aimez ça, voir les villes d’en haut? Vous avez quelques bonnes adresses à Milan?

Torre Branca- Viale Alemagna- (+39) 02-3314120- horaires complets sur le site www.branca.it/– fermée en cas de fort mauvais temps