Il me faudra patienter encore quelques semaines avant de pouvoir faire un tour à Milan, et je ne sais encore si ce sera un intense plaisir ou un grand déchirement… Avant même d’y être c’est le bazar dans ma tête, je veux revoir tout et tout le monde mais me concentrer sur de nouvelles découvertes, j’ai à la fois des rendez-vous de boulot et envie de flâner sans trop programmer, suis ravie d’aller m’y balader toute seule et tellement frustrée que le Mec ne puisse venir aussi (bonjour la schizophrénie). Le mieux est sans doute de laisser venir avec, au cas où, quelques listes en poche… En attendant, j’avais envie de vous faire une petite balade virtuelle dans Milan, au gré d’endroits que j’aime mais auxquels je n’ai pas (pas encore?) dédié de billets, non pas parce qu’ils n’en valent pas la peine, mais au contraire parce qu’ils méritent toute mon attention quand j’y vais, et que j’en oublie mon appareil photo et mon carnet!
Cette boutique de gressins, c’est typiquement le genre d’endroit qui me manque depuis que j’ai quitté Milan. Le genre de boutique mono-produit, qui n’a besoin de rien de plus que de son enseigne jaune et sa réputation pour se faire un nom. J’en ai rêvé des années avant d’y aller (ça parait excessif, mais c’est pourtant vrai), après avoir gouté lors d’un apéro de fabuleux gressins au paprika et réussi à me faire présenter à la personne qui les avait commandé pour, une fois parvenue à lui soutirer un vague nom de rue, attendre 3 ans avec un bout de papier griffonné collé dans la page de garde d’un carnet avant d’y aller. Si j’avais un peu peur que mon fantasme à grignoter n’ait été largement surévalué par l’euphorie de la soirée, l’attente et mon entêtement obstiné, je n’ai en rien été déçue quand j’y ai finalement mis les pieds. J’aurais presque embrassé la marchande, qui observait mon émotion avec un air étonné, et fais des coucous appuyés au boulanger aperçu dans l’arrière-boutique. A défaut de m’épancher, j’ai forcé sur les quantités… et commandé 3 sacs de gressins (soit près d’un kilo, de quoi égayer pas mal d’apéros en y allant mollo) et je sais que lors de mon prochain séjour milanais ce sera un passage obligé! Grissinificio Edelweiss- via Teodosio 27 – Milano (photos mars avril 2015)
Je ne sais pas trop à quelle époque cette boulangerie a été baptisée « moderne », mais ça doit faire un bail (probablement lors de sa création en 1946). Qu’à cela ne tienne, si l’ambiance est vieillotte et l’offre pas franchement originale, je n’y suis toujours allée que pour une chose: Enrico fait les meilleures focaccine di patate de toute la ville (et je vous jure que j’en ai testé quelques unes). Merveilleusement moelleuses avec un équilibre du sel et de l’huile d’olive… après ça vous tachez vos lunettes de soleil de vos doigts gras mais personne ne le remarque, éblouis qu’ils sont tous par votre sourire béat. Panificio moderno – via canonica 67 Milano (photo mars avril 2015)
Quand on habite dans un quartier chouette comme ce fut mon cas les dernières années à Milan, on pourrait finir par avoir tendance à ne plus en sortir, tant on s’y sent chez soi. Avec le temps j’avais fini par développer un savant carnet d’adresses effortless, comme autant d’annexes de mon appart. Frizzi e Lazzi, c’est l’exemple typique de bar pour lequel se décider au dernier moment ou en cas de disette frigorifique, sans faire des kilomètres ni avoir à s’apprêter. Il ne paye pas de mine, sa terrasse à l’intérieur fait un peu l’effet d’un salon de jardin de mamie où d’autres habitants du quartier auraient élu domicile en quête de compagnie, mais c’est un bonheur tranquille que d’y commander un bière, un truc un grignoter et d’y passer la soirée à papoter. Frizzi e Lazzi – via Toricelli 5 – Milano (juin)
Dans la même veine, un nouveau rituel est né cet été avec la fin des travaux de la Darsena, le port de Milan resté à sec pendant de nombreuses années et finalement (merci l’Expo) remis en eau en avril. Si je ne suis pas fan du tout des aménagements, je suis contente qu’il y ait enfin un endroit en ville où se poser au bord de l’eau, sans barrières ni limitation d’accès par des espaces payants. Au bout d’une semaine ça semblait déjà tout naturel d’aller s’asseoir sur le quai avec un verre, de passer prendre une pizza chez BeBop ou un burger au marché attenant pour s’installer avec quelques amis pour deviser devant le Naviglio, regarder passer les avirons et les canards et vivre pleinement la dolce vita milanaise… Darsena- viale Gorizia – Milano (mars avril)
Mais comme on ne peut pas toujours sortir en espadrilles et en short usé (même si j’essaie), il me faut bien aussi vous donner une adresse où exhiber bronzage et fringues branchées: la cour de Deus, le complexe branchouille au Nord de la ville dans le quartier Isola qui mêle boutique, atelier de mécanique, barbier et aperitivo soigné! Je suis fan fan fan du mur framboise qui donne une atmosphère particulière à toute la cour, et j’adore y regarder la foule bigarrée qui s’y retrouve pour rire à pleines dents en buvant des cocktails avec des olives dedans. Deus – via Thaon di Revel 3 – Milano (juin)
Il ne manque à cette petite liste qu’une adresse « comme chez mamie », avec de bons petits plats à prix abordables, des nappes à carreaux, une cuisine milanaise tradi et des desserts qui réconforteraient un yéti! J’aime bien le midi pour les pâtes fraiches de folie ou la cotolettona alla milanaise, une escalope de veau panée battue jusqu’à obtenir une « oreille d’éléphant » tendre et fine, servie « vestita », habillée de roquette et de tomates parfumées. Le soir, quand on a besoin de voir son moral remonter, rien de tel qu’un verre de rouge de la carte bien fournie, un osso-buco ou une fiorentina pour les carnassiers ou un œuf en chemise aux asperges et à la truffe (mon plat préféré). J’aime bien l’idée d’y aller en amoureux même si le lieux n’a rien d’intime, ou d’y jouer la carte du repas de famille gargantuesque avec une immense tablée surchargée! Amici miei – viale Bligny 42 – Milano (photos mars avril 2015)
Voilà pour vous (et me) faire patienter jusqu’à ma prochaine virée! Après avoir fouillé dans mes albums photos pour illustrer cet article je pense avoir la réponse à la question posé en introduction: vivement Milan, quoiqu’il arrive, ça va être dément! J’espère que ça vous a donné envie de faire un petit tour dans ma ville de cœur sans vous contenter de ce que disent les guides ou les touristes blasés! Ce pays est multiple et, où que vous choisissiez de séjourner en Italie, pour peu que vous preniez la peine de vous perdre un peu et de snober Tripadvisor, vous tomberez sans peine sur tout un tas de petites adresses pleines de charme… Gros bonus, les tarifs pour bien manger sont ridiculement bas, je m’en rends bien compte maintenant que je suis revenue côté français, et je sens déjà que je vais préparer ma prochaine virée en partant l’estomac et la valise vides, à remplir sur place!
J’adore tes billets qui donnent envie de pousser la porte des ateliers et commerces … même quand on est à mille lieues de fouler le pavé milanais.
Il faut qu’un jour tu ailles à la sirenetta ! Piazza Salgari. Au début, ça fait peur. Le quartier est moche, près de piazzale Cuoco. On rentre, et ça fait vieux resto des années 70… et puis… tu gouttes les plats et tu deviens addict. Les proprios sont super sympa et leur fille est adorable. Toute la famille y travaille, grand père, grand mère et cousin compris. ET surtout: les prix sont ceux d’un petit restaurant de quartier.
@Célia: ah mais je connais le quartier! Y’a les puces le dimanche matin, et la boulange qui ouvre à 5h du mat près de la caserne! En tout cas ta description m’inspire pas mal, je note!!!
J’ai pris un immense plaisir de lire ton billet (comme d’habitude …) Merci, merci !!!
Retourner en Italie de temps en temps et manger dans de vrais restos italiens et pas les faux qu’on trouve en France et qui osent écrire sur leurs cartes « zucchinis »… manger une pizza à moitié prix qu’ici et bien meilleure (record dans Spaccanapoli : 4€ !)etc…etc…
appétissant tout çà! joyeux…je crains fort qu’hélas le charme ne soit pas vraiment autant au rendez-vous dans ta nouvelle résidence
C’est très sympa de ta part de nous faire visiter Milan depuis notre ordinateur. Cela me ravit de lire ce billet, car cette ville est ma prochaine destination, grâce au prêt vacances que j’ai pris sur sofinco. Eh oui, j’ai déjà les billets en poche, il ne me reste plus qu’un petit mois à patienter et je pourrai enfin dire bonjour au soleil milanais. Je ne manquerai pas de visiter quelques-unes des belles adresses que tu proposes.
décidément Milan n’est pas une ville banal, une méga pôle comme les autres !
Bonjour,
J’ai découvert ce blog qui me semble de bon conseil. La question peut paraitre saugrenue mais je ne suis jamais allée à Milan et je ne sais vers quel quartier me diriger pour trouver un appartement pour 6 jours début mai.Je viens de Lyon en voiture et aimerais aussi avoir un endroit où laisser ma voiture. Merci de votre aide .Chantal
@Chantal: c’est difficile pour moi de vous répondre parce que je n’ai pas de voiture… Je sais seulement qu’il n’est pas évident de se garer à Milan et que l’entrée dans le centre est payante. Pour vous garer près d’un métro et ensuite vous déplacer avec les moyens de transports locaux, il y a des parkings dits « di interscambio », la liste est là: http://www.milanotoday.it/guida/viabilita/parcheggi/parcheggi-scambio-milano-dove-sono.html mais c’est un peu cher pour y laisser sa voiture en continu plus de quelques heures. Pour un parking gratuit vous trouverez des indications en italien ici: http://www.milanolife.it/parcheggi-non-a-pagamento-milano/ sinon vous pouvez tenter de trouver une place sur des lignes blanches en ville.
Pour ce qui est du quartier où résider, Milan est une ville agréable et sure et il n’y a pas à proprement parler de zones « à éviter »! Je vous invite à revenir vers moi si vous avez des questions plus précises concernant une zone en particulier!