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Chers amis, je vous ai laissés pour le week-end pour m’en aller randonner deux jours au dessus des lacs, de Como à Bellagio par les crêtes… Un défi pas gagné d’avance, si l’on songe qu’on avait déjà tenté le meme parcours il y a quelques années de ça, un certain week-end de novembre, qu’on s’était perdus le deuxième jour à la nuit tombée dans une sombre vallée pleine de chataignes et de sangliers, et que c’était un chasseur local qui nous avait finalement retrouvés, grelotant dans une pente boueuse…

Depuis, d’autres randonnées ont été mises au programme, mais jamais encore nous n’avions tenté à nouveau ce meme tracé… Cette fois, le risque ne tenait pas vraiment à une nuit précoce, mais plutôt à une chaleur accablante, avec 35 degrés prévus et un parcours par les crêtes promettant une ombre inexistante… Nous partions confiants, accompagnés de deux autres amateurs de marche et mieux équipés cette fois-ci (genre on avait une lampe frontale et une radio à friction) et forts de l’expérience acquise depuis lors d’autres randonnées (on s’est depuis perdu dans les calanques entre Cassis et Marseille en pleine canicule) (et aussi une autre fois en août près de Cabris dans le Var), prêts donc à affronter tout imprévu sans panique aucune…

Premier jour: Point de rencontre à la gare de Cadorna à Milan à l’aube (8h20) (si c’est l’aube), arrivée à Como, funiculaire en panne (ça commence bien) nous obligeant à rejoindre Brunate en radio-bus, et début du parcours… Une journée parfaite, un ciel légérement couvert nous préservant des rayons ardents, un peu de vent en haut des cimes, des ascensions (Monte Boletto 1238m, Monte Bolettone 1318m, Monte Palanzone 1275) récompensées par d’incroyables panoramas sur le lac de Côme, la chaîne des Alpes au loin dans la brume et les vallées verdoyantes de la région…

Quelques coups de soleil et 12 kilomètres de marche plus tard, nous arrivons en fin d’après-midi au refuge Riella, paradis des marcheurs harrassés, affamés et assoiffés… La douche est glacée mais la vue est superbe, le confort est sommaire mais nous n’en avons cure, car après moult plats de pizzocherri, de sanglier à la polenta, de saucisses, de cèpes et d’artichaud, d’une solide part de gâteau aux pommes et d’une dégustation d’alcool maison divers et variés (ambiance bouteille à crapaud des bronzés), c’est en quelques minutes à peine que nous sombrons dans le sommeil…

Deuxième jour: Réveil à l’aube (8h30) (si c’est l’aube), et départ à la fraîche après une dernière étude de la carte avec Italo, l’immense personnage du refuge; nous voici en route pour 25km dans la partie un peu plus sauvage du parcours…

Un peu d’anxiété, quelques ampoules aux pieds mais un moral d’acier… De nouvelles ascensions (Monte San Primo, 1681m) et un déjeûner du haut de la Bocchetta Terrabiotta (1428m), avec pour la première fois une vue plongeante sur le point de rencontre des lacs de Como et Lecco, la pointe de Bellagio et en fond les grands pics suisses défiant le ciel… Puis cette descente à pleine vitesse, ces rencontres fortuites d’ânes et de vaches en liberté, ces prairies fleuries…

Une nouvelle ascension, celle du Monte Nuvolone (1088m) et le retour de l’anxiété en songeant que c’est à partir de là que, la fois précédente, nous avions perdus notre route… Une chaleur et une humidité accablante, et mes orteils qui semblent hurler stop n’arrangent pas les choses… Nous arrivons là au Belvedere del Nuvolone, avec la plus belle vue sans doute de tout le parcours, avant de nous engouffrer dans la vallée qui descend vers Bellaggio, sorte de micro-sentier en bord de falaise à-pic… Le chemin sinue ensuite dans la vallée mais l’anxiété s’envole: cette fois feuilles mortes et chataîgnes ne recouvrent pas les indications tracées sur les pierres du chemin, et nous sentons que nous avons vaincu ce fourbe de Nuvolone… Mais rien n’est fini encore, et il nous faudra encore 1h30 de marche avant d’atteindre notre but: l’embarcadère du ferry de Bellaggio pour Varenna…

Nos pieds n’en peuvent plus et nous n’aspirons plus qu’à une chose, plonger dans le lac! C’est chose faite dès l’arrivée du ferry, l’eau est fraîche mais la vue est belle, et tandis que les premiers éclairs du soir zèbrent le ciel au dessus du lac, nous trinquons à cette belle aventure d’un Spritz bien mérité!

Infos (si d’aventure quelqu’un était tenté par l’expérience):

Départ de Brunate sur la place du funiculaire, suivre les indications pour San Maurizio puis les panneaux indiquant dorsale per le creste pendant 5h environ, puis suivre la direction Rifugio Riella. En tout compter 6 à 7h de marche environ pour 12 kilomètres.

Rifugio Riella Palanzone: 45euros/personne sur réservation (nuit+couvertures+diner+petit déjeuner) (+39) 031378600

Depuis le refuge prendre la direction pour la Colma di Sormano, puis du Monte San Primo. Arrivé à la Bocchetta Terrabiotta, descendre dans la vallée et suivre le sentier dit dorsale avant de rejoindre la dorsale per le creste en direction du Monte Nuvolone. Une fois arrivé au belvedere, descendre dans la forêt en suivant les indications rouges et blanches tracés sur les pierres et suivre la direction de Bellagio. Compter 7-8h de marche pour 25km environ.