Depuis que je suis arrivée à Lyon je suis fascinée par le bâtiment Citroën du 7e arrondissement. Il a fait l’objet de mes premières photos lyonnaises alors que j’étais en repérage, pas sûre encore de déménager, c’est dire… Je passe souvent devant et je me suis maintes fois demandé comment y entrer… La soirée d’inauguration semblait être sur invitation et l’agence qui gère les espaces était restée sourde à mes mails de supplication! Et puis il y a quelques jours, un dimanche, en rentrant d’une balade, voilà que, en passant devant, j’ai découvert que le tout était ce jour ouvert au public et à tous vents… Tout vient à point qui sait attendre (paye ta citation de Rabelais), il suffisait donc d’être patient, d’avoir l’appareil photo en bandoulière (touriste un jour, touriste toujours) et d’attendre la bonne occasion…
Il y a du Jacques Tati, du Jean Prouvé dans ces poutres, ce béton, ces espaces vides où le gris tient lieu d’horizon. J’y pense au labyrinthe Tativille, aux villes-usines où l’on se sent rouage, infime, fourmi; je m’y interroge sur le sens de ces hauteurs, ce hall où nul ne peut se poser, ces escaliers aux arrêtes brutes qu’on croirait finis à la hâte, ces portes marquées « sans issue » et d’autres qui cachent des parkings, autres halls des pas perdus…
Construit dans les années 30 par Citroën sur les plans de Maurice-Jacques Ravazé, il était à l’époque avec ses quelques 40 000 m² sur 6 étages le plus grand garage-station service du monde! Vendu en 2011 au groupe 6° Sens Immobilier, sa restauration vient juste de s’achever. Je ne suis nullement surprise d’apprendre que la verrière, les balustrades et les portes sont du ferronier Prouvé (Lorraine represents!!), ni que les étages accueillent d’impersonnels bureaux, des parkings et le campus de l’INSEEC, école de management/marketing/commerce, déversoir d’âmes grises de bureau… (et bim dans la cravate!).
Le garage Citroën, comme un rappel historique, occupe toujours le rez-de-chaussée avec ses modèles à tester bien rangés, sa machine à récurer les carrosseries et à gonfler les pneus; et essaime au gré du béton cher à Tati ses flèches blanches, ses numéros, ses monumentales portes automatiques qui font « scouich », ses passerelles miniatures en haut des grandes verrières et ses espaces où les pas résonnent et les voix se cognent. C’est à la fois étrange, froid mais beau, et j’ai été ravie que l’intérieur tienne les promesses de la façade monumentale et du hall art déco.
Garage Citroën – Rue de Marseille – Lyon 7
Je suis tellement passée devant et à chaque fois j’étais en admiration ! Chanceuse, va ! ^^