De cet auteur j’avais déjà lu Le sergent dans la neige, récit autobiographique racontant la retraite de Russie de l’armée italienne et l’espoir de rejoindre un jour l’Italie. Un très beau livre qui tentait de se concentrer sur les traces d’humanités rencontrées même par temps de guerre… Les saisons de Giacomo est lui-aussi un livre autobiographique, même si l’auteur a choisi, plutot que de parler de lui, d’évoquer le groupe d’amis dont il faisait partie, et de centrer son récit sur le personnage de Giacomo, son ami d’enfance…
C’est un village de la région montagneuse du plateau d’Asiago dans le nord de l’Italie dans l’entre deux-guerres qui sert de décor aux anecdotes relatées et aux événements tels qu’ils sont perçus par les enfants d’alors: le souvenir de l’exode et de la première guerre mondiale, à la fois fléau et manne, puisque c’est de la récupération du métal sur les anciens champs de bataille que vivent de nombreuses familles, la vie de tous les jours, l’école et les filles, la montée du fascisme, auxquel les enfants n’adhèrent que parce qu’il leur permet de skier et pour les scènes de liesse populaire les jours de discours, jusqu’à la sourde annonce d’un conflit prochain (celui-là même où sera enrolé l’auteur)…
Le récit d’une pauvreté qui n’est pas seulement matérielle, mais qui est aussi une pauvreté de moyens d’action: ballotés par l’histoire et les saisons, Mario, Giacomo et les autres n’ont pas d’autres choix que celui d’affronter la vie, armé de leurs coeurs purs d’enfants avant de l’être d’armes…