Je vous ai déjà souvent parlé d’Antonietta, la grand-mère italienne du Mec qui, de temps en temps, consent entre deux anecdotes sur sa jeunesse d’immigrée dans les carrières de pierre à m’enseigner quelques rudiments de cuisine des Pouilles. Mais je ne vous ai encore jamais dit que le premier truc qu’elle m’ait fait mangé, et qui en général remplit tout le monde avant meme que le repas ait commencé, ce sont ses fameux « pettole » (à prononcer pétolet, hé hé). Un truc frit, délicieux mais un peu pesant, avec lequel on se contenterait aisément d’une petite assiette de salade verte mais qui, chez elle, constitue une sorte d’amuse-bouche qu’on fait frire et commence à manger sans y penser en attendant l’arrivée des autres invités (la ponctualité dont je me targue faisant de moi la plus repue des invités au moment de commencer le diner)
Depuis que papy Romeo est parti au paradis des mangeurs de trucs frits, et que les histoires de famille (divorces, disputes, recompositions farfelues) ont sévit, les grandes tablées bruyantes ne sont plus, et c’est avec un brin de nostalgie que je pense à ces déjeuners où chacun racontait à grands cris ses souvenirs du pays, ses souvenirs d’enfants d’avant, dormant à 4 dans le meme lit, mangeant des pates au flageolets à midi, ses foisonnantes anecdotes de voisinnage (et cette fois où Antonietta, lasse de la vue des draps de sa voisine du dessus, y avait aux ciseaux découpé une fenetre sur le panorama), et ses histoires de gomina (ça attirait les moustiques, parait-il, qui formaient au dessus des tetes des bellatres de sortie une sorte de tapis mouvant)
L’autre jour je suis retombée sur une photo d’Antonietta et Romeo, endimanchés et si beaux (mon boss l’ayant aperçu dans mon dos n’a d’ailleurs pas pu retenir un élan de fierté patriotique à la vue du costume gris bien coupé), et j’ai eu envie de faire des pettole, d’une casserole qui fume et d’un tablier qui sent la frite à la fin de la journée! Et aussi de partager avec vous quelques instantanés, photos de photocopies de photos qui circulent dans la famille, de deux gourmands élégants venus du sud de l’Italie…
La recette des pettole: 500g de farine, 25g de levure fraiche, quelques filets d’anchois à l’huile, 200ml environ d’eau tiède, de l’huile de friture. Dissoudre la levure dans un peu d’eau, verser dans la farine et commencer à mélanger. Incorporer les anchois (qui font office de sel sans donner le gout de poisson à la préparation); j’ai ajouté aussi un peu de sauge sèche émiettée mais la recette originale n’en prévoit pas. Pétrir la pate une bonne dizaine de minutes, elle doit etre souple et un peu « burrosa », c’est à dire collante! Laisser lever dans un coin chaud pendant 1 à 3h, et prélever des boules de la grosseur d’une noix dans la pate (l’une des recettes consultées préconise, dans le cas où elle collerait trop aux mains, d’humecter celles-ci d' »un peu de vin » (Puglia amour toujours).
Faire frire les pettole au fur et à mesure dans une grande casserole d’huile neutre, verser dans un grand plat (de préférence chemisé de carta paglia, sorte de papier recyclé couleur paille (d’où son nom), très utilisé dans les pizzeria pour absorber le gras, et aussi en guise de set de table) et saupoudrer de sel fin. Dévorer sans attendre (avec une petite salade et quelques quartiers de citron si vous aimez, mais surtout, avec la fin de la bouteille de blanc, bien frais!)
Je vais proposer ça à l’Amoureux… lui qui ne m’a encore jamais emmenée dans les Pouilles. (Bon, ça va, j’ai déjà mangé bien assez de taralli dans ma vie, grâce à lui…)
J’aime beaucoup l’histoire de ta recette! et meme si je ne suis pas fan des trucs fris j’essayerais bien cette recette!