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on a pas mal de retard à rattrapper pour parler lectures (je dis on, je sais bien qu’il ne s’agit que de moi, mais l’usage d’un pronom collectif me déculpabilise partiellement…) Alors, qu’ai-je lu d’intéressant derniérement?

Tout d’abord Piège pour Cendrillon de Sebastien Japrisot, dont j’avais déjà vanté l’excellentissime fille dans l’auto… ici, il est question d’une fille qui se réveille amnésique à l’hopital après avoir subi une greffe de peau… non seulement elle ne sait plus qui elle est, mais son entourage n’est pas certain de le savoir non plus… un roman à trappes… quand on croit avoir deviné et que, blasé, on reluque avec une pointe d’ironie le nombre de pages restant avant la solution que l’on croit avoir devancé, tout se retrouve inversé et on n’est à nouveau plus sur de rien…

Autre bon livre, mais là je n’aurais pas cru qu’il puisse en être autrement vu l’auteur, Le général dans son labyrinthe de Gabriel Garcìa Màrquez… la fin mi-reconstituée, mi-inventée, du général Bolivar quittant Bogota et le pouvoir pour s’en aller mourir dans un ailleurs qui ne parviendra pas à être tout à fait un exil… une vivacité d’écriture qui nous fait vite oublier qu’il s’agit là d’un livre historique, sans pour autant atteindre la fantaisie de L’automne du patriarche, qui met lui aussi en scène un dirigeant déchu… caution biographique oblige, tous les faits sont ici plausibles, mais ce dernier voyage du général étant la partie de sa vie la moins documentée, l’histoire laisse tout de même place à l’imagination…

On reste en Amérique du Sud avec Mario Vargas Llosa, auteur péruvien dont j’avais aimé La tante Julia et le scribouillard. La nouvelle Les chiots, sorte de conte moderne à la fois tendre et cruel, suit le parcours d’un groupe d’adolescents de l’école à la vie d’adulte. Une sorte de satire sociale qui dénonce, par le biais du passage cruel de l’innocence enfantine à la réalité, une société qui ne laisse pas de place aux plus faibles…

Autre genre, autre continent mais toujours en littérature hispanophone, Cosmofobia de Lucìa Etxebarria m’a un peu déçue du point de vue de l’écriture, mais non du point de vue de l’histoire… ou des histoires, devrais-je dire plutot… j’ai aimé ce « portrait » de Madrid par ses habitants, leurs travers, leurs déséquilibres et leur variété en général, la singularité de leurs histoires ne faisant que mettre en évidence leur caractère universel… (je ne suis pas certaine que cette phrase veuille réellement dire quelque chose, mais disons que je me comprends)

Changement de cap avec Le livre de Rachel d’Esther David, qui nous emmène en Inde, auprès d’une femme qui vit seule, veille sur une synagogue abandonnée et puise dans les traditions religieuses et la cuisine familiale la solution des épreuves de la vie. Un roman émaillé de recettes aux saveurs de noix de coco et de curcuma, avec un plat pour chaque occasion, pour les retrouvailles, les tentatives d’entremetteuse de Rachel qui souhaite marier sa fille, les rendez-vous d’affaires où il faut amadouer ou convaincre… en filigrane, la peinture d’une condition féminine qui, bien que disposant de peu de pouvoir, se soumettant aux lois familiales, aux hommes et à la tradition, trouve dans l’exercice et la gestion des activités domestiques un véritable pouvoir décisionnel… ou quand cardamone et piments verts deviennent les armes d’une émancipation réussie…

Et pour finir, Cartes sur table… il y avait bien longtemps que je n’avais pas lu un livre d’Agatha Christie… bien 10 ans je crois! (voilà qui ne nous rajeunit pas…) j’en avais oublié qu’Hercule Poirot était belge, c’est vous dire! et puis voilà que je tombe sur ce livre, que je l’ouvre sans grande conviction… une histoire de partie de bridge qui a mal tourné, et dont aucun des participants n’a la concience bien nette… le tout commence à m’intéresser… 4 enquêteurs pour 4 suspects, voilà qui semble bien assez…  des personnages disparates, une dame de compagnie, un médecin, une romancière, une nymphomane et même un agent secret…  au final tout le monde semble coupable, on se croirait dans ces Maigret où tout le monde a quelque chose à cacher et toise son voisin au travers des rideaux amidonnés… heureusement, Hercule Poirot est là et, d’impériale d’autobus en magasin de lingerie et grâce à une paire de dessous chics, trouvera la clef de l’énigme! (si avec ça je ne vous ai pas donné envie de le lire!)