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Autant le rôle de touriste m’a collé à la peau pendant toute ces années à Milan, autant je peine parfois à Lyon à prendre le temps et le plaisir nécessaire à la découverte de la ville. Je la traverse de long en large sans vraiment approfondir, et si je la connais déjà mieux que pas mal de lyonnais, apanage des marcheurs infatigables et des allergiques aux transports publics, on ne peut pas dire que je l’aie vraiment explorée. Lors des journées du patrimoine j’ai voulu faire un effort mais, désireuse de fuir les files d’attente des grands monuments, j’ai opté pour des visites un peu atypiques! La première, celle des coulisses des grands magasins Printemps, les backstages du shopping de luxe, sorte de revers de la veste à paillettes! Passées les portes de sécurité, finie la musique feutrée, la fluidité des étoffes et la déco rutilante, place aux monte-charges, aux escaliers sans fioritures, aux machines et aux espaces neutres réservés au personnel…

Parce que le Printemps, c’est avant tout une grosse enseigne qui demande une organisation en béton et une gestion des flux continus de marchandises, une institution (qui a inventé le concept de soldes, quand même) qui se doit de rendre invisible ses efforts pour satisfaire une clientèle exigeante. Transit des palettes, inventaire des marchandises, gestion des stocks et réapprovisionnement, un travail de fourmi qui s’opère en off car si plus de 350 personnes travaillent ici, toutes ne revêtent pas l’uniforme noir du personnel d’accueil…

coulisses intérieur Printemps Lyon

L’une des curiosités de ce site, l’un des plus vieux grands magasins de France, c’est son groupe électrogène fait pour s’activer à la moindre coupure de courant et capable de tenir plusieurs jours, de quoi maintenir la vente des parfums et accessoires derniers cris même en cas de siège ou de grosses intempéries! Autre pépite de la visite, la terrasse panoramique où d’ordinaire personne ne va, mais où les sorties de ventilation ont une vue imprenable sur Lyon…

vue sur lyon

vue de Lyon

J’ai trouvé ça très sympa de pousser les portes pare-feu et de souligner l’intérêt du bâtiment au delà de sa façade historique, de découvrir plus avant l’histoire des lieux, à l’origine appelé « Les Deux Passages » et créé en 1857 par Henri Perrot, un homme d’affaire éclairé, inventeur du concept de PLV (ayant travaillé tout un été dans une entreprise fabriquant des PLV, je ne sais pas trop si je dois l’en remercier) et dont les successeurs, en souhaitant ouvrir le capital du magasin aux employés dans les années 30, ont vu l’empire se déliter pour être finalement racheté par le Printemps en 1938. Ce qui n’est pas une triste fin en soi si l’on songe qu’Henri Perrot n’aurait sans doute pas renié la paternité les 50 millions annuels de chiffres d’affaires réalisés par l’enseigne actuelle.

journées patrimoine printemps lyon

Le Printemps n’a pas seulement poursuivi l’œuvre de l’entrepreneur lyonnais en haussant peu à peu le niveau de qualité, mais aussi en voyant toujours plus grand: dans les années 90, le Printemps a carrément racheté la rue attenante dite « du Palais Grillé » ainsi que les immeubles la surplombant pour construire et étendre sa surface de vente à 7000m². Un projet architecturale osé qui a laissé des traces jusque dans les couloirs actuels, où murs de parpaings sans apprêts côtoient colonnes et moulures appartenant auparavant à la façade des bâtiments avalés par le Printemps!

journées du patrimoine visite printemps

Une belle initiative donc que cette visite, même si l’on ne m’a pas permis de faire moi-même des photos pour vous la faire partager pour des motifs de sécurité (dédicace aux mamies à smartphone qui elles ne s’en sont pas privées!).