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Après le livreur d’eau, parlons un peu de ces hommes qui, le marteau en main, s’assurent de l’harmonie du dessin des pavés dans les ruelles piétonnes, du juste dénivellé du terrain et d’un placement régulier en quinconce permettant de fluides enjambées matinales, et des sorties d’immeubles sans heurts…

Je ne parle pas des gros pavés de rues, ennemis des cyclistes confiants, qui se disjoignent, se soulèvent et basculent, s’embourbent dans leurs joints nauséabonds de bitume chaud et laissent parfois place à des béances de plusieurs centimètres… Non non, je parle des petits pavés, ceux de 6 à 8 cm de coté installés en arcs réguliers dans les cours d’immeuble, les rues piétonnes et les allées privées, et dont l’installation tient plus de l’art de la mosaique que des travaux de voirie…

Pour votre gouverne, sachez qu’il existe plusieurs types de pose, les plus courantes ici étant celles « à arcs contrastants » et « à queue de paon » (voir dessins ici), la plus jolie… Rien à voir avec le ciottolato, fait de ciment et de galets ronds (comme dans le quartier de Brera par exemple), bien moins poétique selon moi…

Il y a dans ces assemblages de petits cubes quelque chose qui me fascine, et qui tient autant à l’idée d’un façonnage à la fois méthodique et décoratif (j’adore les activités longues et fastidieuses, les orecchiette, décorer des murs au bic, décoller le papier peint des murs ou les timbres d’enveloppes à la vapeur…) qu’à l’accumulation de munitions potentielles pour foule revancharde…

Et on finit avec un petit proverbe: Quand les hirondelles volent bas, les pavés se prennent pour des nuages… C’est beau non? (euh, ça marche aussi avec les moustiques?)