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C’est un quartier dans lequel je vais rarement, ou plutôt seulement en des occasions particulières: période de salon du meuble ou portes ouvertes des galeries d’art… Du coup, j’en avais en tête une image plutot joyeuse, moderne et alternative… Des amis en passe de s’installer dans le quartier en entendaient des échos partagés: quartier excentré, insécurité, manque d’animation… Je me suis fait fort de les détromper, en y passant la journée de samedi. Si l’animation y est moindre qu’en période de festivités, le quartier est bel et bien depuis plusieurs années en pleine révolution, passant de quasi-banlieue à downtown de l’avant garde…

Il n’a pas fallu grand chose à ce quartier un peu « campagnard » pour se forger une identité bohème, les galeristes milanais ont investi les grands espaces industriels désafectés, de jolies boutiques ont fleuri: design, vintage et open spaces, les oeuvres de street art et les expérimentations urbaines de la période du Fuorisalone qui restent en place toute l’année, et quelques lettres suspendues entre ciel et terre au coeur de la via Ventura ont suffit…

Pour le reste, le quartier garde son esprit village, entre cercle des retraités, coiffeur kitsch, trattorie sans façons et terrasses sans charme où se retrouvent les habitants pour un café après les courses, ou pour une portion de lasagnes à midi…

Avec le temps, le quartier a fini par se confondre avec celui de Ortica, lui aussi ex-campagne proche où les milanais venaient auparavant déjeuner à l’ombre sur la place le dimanche… Une zone qui elle aussi est en pleine expansion (l’une des premières à avoir été dotée de Wifi gratuit), ce qui fait la joie des branchés qui se sont installés non loin de là, dans l’ancien complexe de travail de la céramique Richard Ginori, ravis de combiner proximité du centre et vie de quartier, entre plantes vertes à l’ampleur inespérée et chats ronronnants sur le ciment au soleil…

Quelques adresses:

Le jardin botanique (au fond de via Valvassori Peroni): aménagé sur le terrain de l’ancienne Cascina Rosa, le jardin accueille toutes sortes d’espèces botaniques lombardes. A la fois outil de recherche pour l’université de sciences proche, lieux de relax et de loisirs: les volontaires s’y retrouvent pour l’entretien et la cultivation des plantes, des concerts y sont organisés en été… Un endroit injustement méconnu à redécouvrir!

20124 Lambrate (via Conte Rosso 22): une boutique vintage pleine de charme, entre grandes marques et pièces plus abrodables, une sorte de paradis des robes imprimées et des chaussures chics (ces escarpins vernis Pierre Hardy verts, mamma mia…)

Pasticceria eoliana (via Ortica 1): un bar-glacier-pâtisserie à l’esthétique pas franchement chic, mais qui a l’exquise élégance de se distinguer par la qualité de ses pâtisseries siciliennes, cannoli, cassate, granite et divers biscuits en pâte d’amandes… (l’indice suprême de confiance: les cannoli sont remplis au moment de la dégustation, et pas une minute avant!)

La galleria Massimo De Carlo (via Giovanni Ventura 5): installée dans le quartier depuis 2003, c’est l’une des galeries d’art les plus importantes de la ville, ayant entre autres exposé Maurizio Cattelan, Rudolf Stingel, Piotr Uklański et Roberto Cuoghi… Jusqu’à la fin du mois, elle présente des artistes New-Yorkais, avant d’entamer sa programmation spéciale DesignWeek! (photo www.massimodecarlo.it)

Le birrificio di Lambrate (via Adelchi 5): on y produit, sert et boit de la bière maison sans chichis, de la Sant’Ambroeus à la Ghisa en passant par la bien nommée Lambrate… Blondes, brunes, ambrées ou rouges, tous les goûts sont permis dans cet endroit emblématique et sympathique, où l’aperitivo vaut la peine et où, quand c’est l’heure, on peut aussi commander un plat de risotto, viande ou poisson, le plus souvent cuisinés à la bière, évidemment… (en 2011, le pub a eu un petit frère, Via Golgi 60, sur le même principe mais dans un décor un peu plus recherché et avec des recettes plus élaborées) (forcément, j’aime moins!)

Baddarò (via Porpora 150, au fond de la cour à gauche): une vraie friperie-brocante, avec tas de chemisiers, manteaux en vrac et pantalons empilés par douzaines, un joyeux bazar à prix dérisoires où viennent fouiner les étudiantes en mode et les économes en quête de casseroles, pichets ou pelles à tarte…

La galleria Alessandro De March (Via Ventura 6): une autre galerie emblématique de la ville, à visiter absolument durant la DesignWeek cette année, pour admirer le travail graphique d’Alice Guareschi

L’Autofficina (via Massimiliano 23): un ancien garage automobile reconverti en lieu de recherches sur le design, pris d’assaut l’année passée par des designers hollandais… Actuellement, en surgit une monumentale sculpture de bois de Duilio Forte, et ensuite, qui sait…

Comment s’y rendre: Prendre la ligne verte du métro jusqu’à la station Lambrate. Pour Ortica: depuis Lambrate, prendre le bus 54 en direction de Baracchini.