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Ca y est je me sens vieille… c’est cyclique chez moi… je crois que c’est à force de ne cotoyer que des gens plus agés que moi, quand je rencontre d’autres personnes de mon âge je me sens vieille (et je les trouve neuneus ha ha ha) (on se console comme on peut)…

Entre les amis qui ont déjà de grands enfants (et dont les épaules s’affaissent quand je leur annonce qu’ils ont pratiquement l’âge de mes parents), ceux qui les fabriquent en série (4 couples au moins dans mon entourage qui s’apprètent à pouponner…), et les copines plus jeunes qui en revanche me regardent comme une ancêtre, je ne sais pas trop quels repères adopter… Et la classique réplique à l’annonce de mon âge « tu fais plus » (trop aimable…)

En fait, je crois que je ne me reconnais dans aucune catégorie , surtout ici, où la plupart des jeunes passent de « j’habite chez maman, je ne sais meme pas faire mon lit et je sors tous les week-end » à « ça y est je me marie, je fais des enfants et j’achète une maison » (seul trio possible semble-t-il dans les mentalités italiennes)… Du coup j’en suis où moi?

J’appelle ma mère une fois par mois, travaille de façon précaire, n’ai que des assiettes dépareillées et regarde avec anxiété les petites rides qui commencent à se former (mais si, là) (et là aussi) (à coup sûr je souris trop)…

J’ai une copine dont la hantise est de finir vieille fille… je n’ai pas cette crainte là, mais plutôt celle de ne jamais être tout à fait en phase avec les autres gens… Le jour où j’aurai, moi, des enfants, les leurs auront peut-être 10 ans, voire 20… Ils seront tous en retraite quand je bosserai encore (la retraite, vous savez, cet animal préhistorique)

Le pire je crois, c’est quand on me présente des nanas de mon âge ou quasi… je commence toujours, dans un grand élan d’enthousiasme, par me dire chic une copine, et puis euh… comment ça c’est ta mère qui fait ton sac de piscine? comment ça t’as perdu ton portefeuille Hello Kitty? euh… comment ça où je fais ma fête d’anniversaire? et euh, non je ne passe pas ma vie à regarder des séries sur les états d’âme amoureux des gens…

(je crois que finalement, je préfère rester avec mes copains « vieux ») (même si je ne participe pas forcément aux grands discours sur les mérites comparés des crus du bordelais, et si la vue d’une paire de Hogan me soulève le coeur…)

(vieillir, c’est forcément s’embourgeoiser et s’unifomiser?) (j’ai peur un jour de vouloir investir dans une tondeuse à gazon, d’acheter mes fringues chez l’équivalent futur de Desigual parce que « c’est tellement original », d’équiper ma cuisine d’un frigo à vin, de réserver mes vacances 6 mois à l’avance en pensant à demander si le petit déjeuner est compris dans le prix, d’aller dans les magasins d’usine le samedi et de faire des grandes phrases trop entendues sur les lieux de vacances (combien de fois m’a-t-on dit « ah Venise dès que tu sors des rues principales y’a plus personne ») (l’intérêt de cette phrase?) (« ah oui l’Asie c’est fabuleux, tu payes ton voyage 800 euros mais après tu peux te faire faire un costume pour 30 euros ») (pile mon idée du rêve quoi)…

Je sais que, vu mon âge, cette anxiété n’est pas réaliste (mais les névroses en général sont rarement fondées…). Des fois ça me fous le cafard de me dire que je n’ai plus forcément envie de week-end improvisés, de cuites sur la plage et de sommeil lourd sur les galets après un cornet de patates parralélipipédiques à la friterie du coin, que quand un ami invité vient accompagné sans prévenir ça m’irrite, et qu’au bord de la piscine je suis à deux doigts de rouspéter comme une mégère quand des enfants en jouant m’envoient une pelletée d’eau froide…

Comment faire pour rester, non pas jeune, mais fraîche, enthousiaste et bien disposée? Je me souviens il y a quelques années d’une sympathique soirée un peu arrosée avec des copains du petit frère du Mec, à peine plus jeunes que moi; en nous saluant au moment de partir, pensant nous tourner là leur plus joli compliment, l’un d’eux nous dit « c’est cool, vous êtes bien roots pour des vieux » (et tandis que les yeux du Mec s’agrandissaient d’horreur au mot « roots », je m’insurgeais en répétant « vieux? »)…

On est toujours le vieux de quelqu’un…