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c’est drôle comme le personnage du libraire fascine les lecteurs, et aussi, les auteurs…  un personnage qui entretiendrait une relation particulière, privilegiée avec les livres, les comprendrait comme personne, saurait trouver sans hésiter celui qu’on cherche, ou celui qui correspond à une lecture idéale pour cette tante inconnue, cet ami convalescent… comme doté d’un pouvoir surnaturel de divination, et d’une science des correspondances jamais vue…après Régis de Sa Moreira dans Le libraire (pas mal du tout) et Roberto Vecchioni avec son Le libraire de Sélinonte (dont j’ai parlé là), c’est au tour de Pierre Péju de camper, dans La petite Chartreuse, un personnage de libraire hors-norme, Etienne Vollard, encombré d’une incroyable mémoire de ses lectures, qui trouvera son utilité au chevet de la petite Eva, qu’il a, au volant de sa camionette, accidentellement renversée dans la rue… un livre un peu amer sur un don vécu comme un handicap, qui confine le libraire dans une solitude frappante, mais aussi dans un certain mutisme, étonnant manque de mots chez quelqu’un qui ne vit que pour les mots… une solitude du langage partagée par les autres personnages du roman, qui d’une manière ou d’une autre, chacun à leur manière, vivent dans une fuite du monde réel qui ne connaitra pas de happy end…