Sélectionner une page

Et oui, je fais ma Garance et je vous publie des articles vintage… ceci dit, je me pardonne à moitié, étant donné qu’il s’agit d’un inédit, vieux certes, mais du coup pas si rance…

Suis-je, ou ne suis-je pas, désespérément ringarde… D’étonnantes coincidences m’ont amenée il y a quelque temps à visiter un studio de pole dance, avec de jolies filles qui tournent sur des barres en slip en disant « mais non voyons, ce n’est pas vulgaire et ça n’a rien de sexuel, c’est du développement personnel »… (comme quoi, le développement personnel a bien changé, je m’étais arrétée aux rayons librairie des supermarchés plein de « faire la paix avec soi-meme » et autres « se connaitre pour avancer »)

Bref. Rien de sexuel soit. Mais parlons plutôt du concept. La pole dance, mettons-nous d’accord, n’est pas une danse de strip-teaseuse, il n’y a pas de client en face de la danseuse et celle-ci n’est pas sensée finir toute nue. C’est une vraie discipline sportive qui demande force, souplesse et technique (on ne dirait pas comme ça, mais tourner autour d’une barre les jambes tendues et la tête en bas, ce n’est pas donné à tout le monde), certains parlent même d’en faire une discipline olympique (ça va être drolement plus marrant à regarder aux JO que l’escrime, n’est ce pas).

En théorie, tout le monde peut pratiquer, les jeunes et les moins jeunes, les minces et les moins minces… (en théorie hein, parce que, si toutes les filles n’ont pas la taille mannequin, je n’ai pas vu non plus passer beaucoup de quinquagénaires boulottes…)

L’idée, c’est de se muscler en s’amusant, de se raffermir en musique et d’apprendre à regarder bouger son corps… de booster l’estime de soi et d’oser une féminité égarée sous le stress quotidien, les grossesses ou les kilos en trop… Concept prometteur donc, on est bien d’accord…

Sauf que, dans l’entrée déjà, je vois rouge… ou rose plutot, teinte maitresse des lieux… sur une étagère trône une collection de chaussures défiant les lois de la podologie, roses pour la plupart, mais aussi emplumées, strassées, arabesquées… et là je doute…

« meuh, lançais-je timidement (oui oui, meuh), est-ce vraiment indispensable une hauteur de talons pareille? (et les plumes?…) » On me dit que oui, c’est indispensable, que les patins en plastique glissent bien sur la barre et que le poids desdites chaussures permet un travail musculaire appronfondi…

« Et la culotte hein, la culotte? (on ne peut pas se contenter d’un survet en molleton?) » Là encore, non. Tu dois voir ton corps bouger, apprendre à te regarder mi-vétue et puis, surtout, glisser sur la barre sans entraves… mouais… (ceci dit, ils sont gentils, il parait qu’ils ont bidouillé un éclairage qui gomme la céllulite, que les fameux talons aident à allonger visuellement la jambe et que de toute façon, chacune est bien trop occupée à se regarder pour mater les autres)

Bon alors, qu’est ce qui me retient, hein? On m’a invitée à un cours d’essai, j’ai même une copine assez dingue pour m’accompagner, pourquoi hésiter?

Ben heu… je ne sais pas… je me dis que je dois être une sorte de vielle peau rétrograde et coincée (mais voyons, puisque ça n’a rien de vulgaire?), pudique comme on n’en fait plus et déséspérément ringarde, une paysanne aux préjugés indécrottables et à l’étroitesse d’esprit légendaire… ça doit être ça…

En fait, je ne crois pas avoir de problème avec le fait de danser en slip, ça nous arrive à tous (non?)… mais l’idée d’aller faire ça en groupe, dans une salle close d’un rideau en velours ondulant, en face d’une enseigante aussi russe que blonde me disant en anglais « mais ondule, ondule-donc », ça pourrait, outre provoquer chez moi un interminable fou-rire, me sembler être une bien couteuse manière d’évoquer le désespoir collectif…

Ceci dit, pour celles que ça intéresse, à Milan, c’est par là!

ps: en ce qui concerne les photos qui illustrent l’article, il ne s’agit, bien évidemment, pas de chaussures de pole dance, juste de sublimes escarpins rouges, immettables certes, mais sublimes!