J’ai mis bien du temps à publier ce deuxième article sur mes lectures de l’été! La raison est fort simple: je peine à finir le dernier roman dont je voulais vous parler, et me suis promis chaque soir de septembre de venir à bout des dernières pages avant de sombrer… Mais je tiens le bon bout, et on peut enfin en parler!
Commençons avec the van de Roddy Doyle, un specimen choisi 100% sur la foi en sa jaquette en librairie! Si j’ignorais qu’il s’agissait là du 3e volet d’une trilogie, ce qui n’est pas génant puisque chacun est un roman à part entière, je n’ai au terme de sa lecture qu’une envie: me procurer les deux premiers. C’est fou, c’est une histoire de rien du tout, celle de deux losers irlandais au chomage qui décident d’ouvrir un snack ambulant pendant la coupe du monde de foot, mais j’aime tout dedans: les ambiances familiales houleuses mais pleines d’humour (mais pourquoi en vrai les engueulades ne sont pas si drôles?), les ambiances de bars de province, les menus tachés de gras, les gens rougeauds à la plage et la vulgarité, criante de vérité, du quotidien de tout un chacun. Apparemment, un film en a été tiré, et je jubile déjà à l’idée de voir le van « en vrai » et d’entendre les vannes et les jurons fuser!
Vous vous souvenez? Je vous avais parlé ici de la femme du dimanche des auteurs Fruttero et Lucentini, un chouette roman policier turinois écrit à 4 mains. J’ignorais qu’après la disparition du second, Carlo Fruttero avait repris la plume pour signer de son seul nom un nouveau polar de génie: des femmes bien informées. Ca se passe toujours vers Turin (vers Novara pour être exact, soit exactement là où je me trouvais, en train vers le lac d’Orta, le jour où j’ai commencé cette lecture!) et c’est toujours aussi bien, ce lent tournoiement autour de la vérité dans le sillage de personnages qui, d’obscurs, deviennent vite familier… Ici, ce sont les femmes qui racontent, tour à tour, leurs versions des faits, à la fois anonymes (la meilleure amie, la serveuse, la fille…) et si réelles qu’on croirait presque les toucher. Encore une fois, ce qui est fou, ce n’est pas tant ce qui est réellement arrivé à la pauvre Milena que le talent avec lequel sont dépeints les acteurs du roman et comment, par leur vocabulaire et leur façon de raconter les faits, et donc de façon inversée, on finit par mieux les connaître que s’ils nous avaient été décrits par d’autres. Brillant et bien observé!
Dans le bureau où j’ai travaillé dernièrement, on est pas mal d’étrangers, et je me suis vite aperçue, un peu honteuse, de ne pas savoir grand chose des pays dont sont originaires les autres, politiquement mais aussi historiquement parlant. Je suis loin d’avoir comblé mes lacunes au sujet de l’Inde ou de la Chine, mais je me sens un peu moins ignare vis à vis de ma collègue iranienne depuis que j’ai dépoussiéré et enfin lu Debout sur la terre de Nahal Tajadod, que Tulisquoi m’avait envoyé il y a quelques années. Un livre qui parcours, à la suite d’Ensiyeh, fille d’un khan de terres du nord, l’histoire du pays de la chute de l’empire Perse à la révolution, les bouleversements culturels, l’émancipation des femmes et le retour des traditions… J’avoue l’avoir lu plutôt comme un livre d’histoire romancé que comme une réelle fiction, mais s’il ne m’a pas emporté, il a néanmoins mérité toute mon attention…
Evidemment, voilà qui est bien sérieux, et c’est sans doute pourquoi j’ai, dans la foulée, subtilisé à ma grande soeur un « bon vieux roman de gare de l’été pour gonzesses »: les morues de Titiou Lecoq (qui, si elle lit ça, va me détester mais vous, lecteurs, savez combien j’aime les gares et l’été) (peut-être un peu moins les gonzesses, j’avoue) Mais pourquoi lit-on certains livres en s’apprétant à les détester? Et pourquoi a-t-on du mal, après, à admettre qu’ils ne sont pas si mal ficelé? Faut-il toujours qu’un livre soit philosophique, édifiant, précurseur? (Est ce qu’on n’a pas le droit de lire autre chose que du Joyce ou du Cormac McCarthy? Vous avez 4 heures)
Pour finir, parlons un peu de l’interminable et merveilleux roman de Mikhaïl Boulgakov, le maître et marguerite, choisi pour son histoire atypique et, aussi, pour l’épatante attitude hautaine du chat de la couverture. Un roman fantastique, avec des sorcières, un bal des trépassés et des cochons volants, mais néanmoins fort sérieux: écrit durant la dictature stalinienne, cette satire métaphorique va bien au delà de la juxtaposition étrange d’un roman sur Ponce Pilate, des péripéties d’un chat qui triche aux échecs et de considérations sur la crise du logement à Moscou; quoique chacun de ces arguments, à lui seul, mérite un roman. Un livre retravaillé pendant plus de 10 ans, où chaque scène, chaque personnage, semble receller quelque secret, mériter une interprétation à double tranchant. Quant à l’histoire, elle dépeint en 640 pages (et c’est bien peu quand on y songe) le jeu de forces maléfiques sur le monde, édulcoré de pépites de désir de justice, d’amour sincère et de triomphe de l’esprit.
C’est fini pour aujourd’hui! Même si je voudrais bien aussi vous parler de BD, d’un livre sur les camions, de nouvelles de Buzzati achetèes dernièrement mais que je crains de n’avoir déjà lu, et des nouveautés que j’entasse en prévision de l’hiver… Lire plus me manque, et je rêve d’un week-end de neige à lire sous la couette! Ca vous arrive encore, à vous, de passer des aprèms entiers à lire, et d’émerger les yeux fatigués alors que la nuit dehors est déjà tombée?
Oh j’ai envie de tous les lire (un peu moins le troisième) mais le premier et second surtout !
Ma Pàl ne fait que grandir, et en ce moment, je traverse une période de disette, impossible de lire .. ça m’arrive deux fois par an.
Merci en tout cas !