Sélectionner une page

Vous pensiez en avoir fini avec les instants culturels à la pelle? Non! Je ne m’arrêterai pas tant que cette pile de livres lus qui traîne sur mon bureau ne sera pas anéantie*. Voici donc 7 autres lectures de cet été que j’avais envie de partager ici. L’autre jour je vous parlais de biographies d’auteurs, de Stephen King et de romans barrés, cette fois on fait la place aux polars …et aussi à 2-3 trucs qui n’ont rien à voir!

polar islandais
Ragnar Jónasson – Nátt : Vous vous souvenez quand je lisais Snjor, le premier opus de cette trilogie islandaise, et que je grelottais dans mon appart mal chauffé en parcourant les aventures du policier prisonnier dans la neige? Cette fois, j’ai lu cette troisième enquête d’Ari Thór en pleine canicule et ça tombe bien, si le livre se passe toujours à Siglufjördur, cette fois c’est l’été! C’est pas joyeux-joyeux pour autant, y’a toujours des cadavres qui traînent dans les coins, des affaires sordides tues par des collègues ou des voisins, et cette fois en prime un nuage de cendres qui menace de plonger l’île dans l’obscurité… J’ai toujours aimé les polars en série, cette façon de retrouver les mêmes personnages, le même décor, les habitants de la ville qu’on commence à connaitre un peu, et d’y caser un bon vieux meurtre à élucider. Si j’avoue que cette fois l’auteur est allé un peu loin dans l’accumulation de coïncidences fortuites et que j’ai préféré les romans précédents, je me fais une joie de retrouver cet auteur prolifique une prochaine fois (Sur les 3 romans restant dans la série, je pense qu’il y a de quoi coller à toutes les saisons et rendre flippants aussi l’automne et le printemps)

polar bruce willis

Dominique Maisons – Tout le monde aime Bruce Willis : Sous se titre marrant se cache une histoire pas si rigolote… Rose est une jeune actrice prometteuse mais tiraillée entre ses ambitions cinématographiques, ses rêves de liberté et ceux que l’on échafaude à sa place. Elle cherche à échapper à une vie toute tracée en multipliant les scandales et les excès, jusqu’au jour où la lui vole, cette vie, et où elle réalise qu’elle aimerait bien en reprendre le contrôle. D’avant-premières d’un ennui total en poursuites dans le désert du Mexique en passant par une secte médicamenteuse et un bordel de Tijuana, on pressent à tout instant la pression qui pèse sur Rose, et plus généralement sur ceux (et bien plus encore, celles) dont on attend qu’ils vendent du rêve ou se soumettent à ceux des autres. Mais Bruce Willis dans tout ça? Chut, lisez et vous verrez, il resurgit quand on l’a presque oublié…

polar groenland

Mo Malø – Qaanaaq : Et voilà un autre livre venu du grand froid qui était parfait cet été quand le thermomètre dépassait la nuit les 30 degrés! Je n’ai rien contre les nuits blanches quand c’est pour lire un bon polar, et là, en termes de fraîcheur, j’avais trouvé mon Graal, puisque l’histoire se passe au Groenland. Y’avait même des icebergs, des plateformes pétrolières et des ours polaires. Pas très sympas les ours, à en croire la police locale qui leur attribue quatre cadavres sanglants. Sauf qu’un ours qui tue en laissant une amulette souvenir à coté de sa proie, ce n’est pas très convaincant. C’est aussi l’avis de Qaanaaq Adriensen, l’enquêteur danois envoyé sur place. Evidemment, il finira par trouver le fin mot de l’histoire, mais pas avant quelques tempêtes de neige, scandales politiques, bagarres de rue et courses poursuites en traîneau! Un très bon moment et un roman efficace qui m’a fresque fait grelotter au cœur de l’été, et qui, si vous l’adoptez cet automne, fera un compagnon de plaid parfait !

goncourt 1994

Didier Van Cauwelaert – Un aller simple : Changement de style avec ce petit livre touchant, trouvé dans une boite à livres lyonnaise. Si mince, et pourtant il y a tant à en dire, il est même difficile d’en parler sans en dire trop. Aziz ne sait pas d’où il vient. Élevé par des tziganes qui ne l’ont jamais vraiment adopté, rejeté par les autorités françaises qui le croient marocain, il sait seulement qu’il aime les histoires et les cités fantastiques décrites dans Légendes du monde, l’atlas que lui a offert l’instituteur quand il a quitté l’école. Alors quand on lui demande d’où il vient, il pioche, brode et invente au gré de ses lectures. Et quand le gouvernement décide de le rapatrier « chez lui », le voilà parti avec un attaché humanitaire en quête de l’improbable Irghiz, mystérieuse vallée des hommes gris dans le Haut-Atlas… Mais qui, de son accompagnateur ou de lui, a le plus envie de croire à cette histoire?

carlos salem bière fiction

Carlos Salem – Le plus jeune fils de Dieu : Un ami m’a offert ce livre pour mon anniversaire, et son choix m’a tout d’abord laissée perplexe. Entre le médaillon de couverture et le résumé (le deuxième fils de Dieu est-il un serial killer de stars de téléréalité?), avouez que j’avais de quoi douter. Mais je renonce rarement devant un livre, et au fil de la lecture j’ai fini par trouver ça vachement cohérent. Oui, ce livre est bizarre, entre enquête et journal intime, avec une histoire d’amour, des flics véreux, une baignoire de merde, une poissonnerie design, un groupe de rock douteux et bien d’autres choses encore. Mais aussi, il est très bien écrit, m’a donné envie d’aller à Madrid et surtout de lire tous les autres livres de Carlos Salem. Vous raconter l’histoire serait trahir le foutoir d’intrigues qu’est ce roman noir, aussi je ne peux que vous conseiller de faire comme moi, ayez confiance, commencez, et laissez-vous porter!

paula hawkins roman

Paula Hawkins – Au fond de l’eau : J’avais tellement aimé La fille du train (que tout le monde autour de moi semble avoir détesté, soit dit en passant), je ne pouvais pas passer à coté de cet autre roman. Si j’ai retrouvé quelques similitudes (l’histoire qui a un peu de mal à se mettre en place, des personnages auxquels on ne peut s’attacher), le livre a une ambiance complètement différente. Lorsque sa sœur est retrouvée morte dans la rivière qui jouxte la maison où elle a grandi, Julia est contrainte de s’intéresser aux recherches de la disparue. Mais se pencher sur le sort des femmes que la superstition et l’obscurantisme ont sacrifié dans le bassin aux noyées du village, c’est aussi risquer d’interférer dans une histoire plus récente, celles d’autres femmes du village qui se sont tues, volontairement ou non, et celle de Julia au temps de l’adolescence, quand la rivière est devenue ce lieu où elle et sa sœur se sont perdues à jamais.***

roman évasion bagne

Henri Charrière – Papillon : Et enfin, je rallonge à l’improviste ce billet pour vous parler de ce livre qui a sauvé mon été! Après un mois d’août un peu tristoune à travailler alors que tout le monde était en vacances, et à produire des contenus à la chaîne au point de perdre toute envie de parler, d’écrire et de lire en fin de journée, je suis un jour tombée sur la bande-annonce du film Papillon, remake d’un autre film du même nom sorti en 1973 avec Steve McQueen et Dustin Hoffman, lui-même adapté d’un livre en partie autobiographique. Et là, allez savoir ce qui s’est passé, j’ai complètement vrillé (les épaules de Charlie Hunnam, la vision de la jungle alors que je vivais enfermée?). Imaginez-moi, faisant des recherches sur le bagne de Cayenne, épluchant la correspondance de l’éditeur pour distinguer la fiction du vrai et tenter de cerner Henri Charrière, le bagnard évadé après 13 ans d’enfermement. Evidemment, j’ai couru acheter le livre et je l’ai lu d’une traite, laissant complètement de coté le boulot en cours, lui préférant superbe ce récit d’aventure entre cannibales, lépreux, requins, sables mouvants et humides cachots… Étonnant de voir à quel point ce récit d’évasion en a vraiment été une pour moi! L’écriture est parfois maladroite, et certains passages un peu lyriques manquent selon moi d’honnêteté, mais c’est typiquement le genre d’histoire à rebondissements qui pourrait être écrite avec les pieds sans que cela n’empiète sur le plaisir de connaitre la suite!

*Des fois je me demande pourquoi ne pas, bien plus simplement, ranger ces livres dans la bibliothèque avec les autres. (en vrai, je n’ai pas de bibliothèque, et les livres déjà lus sont alignés contre un mur**, mais j’utilise une image pour que tout le monde comprenne) Je ne sais pas trop pourquoi je m’inflige cet exercice et de vivre avec cet éternel sentiment d’être à la bourre, avec cette pression visuelle de mon retard à 25 centimètres de mon nez, alors que mon bureau est déjà tout petit et vachement encombré. Je n’ai pas les moyens de faire une thérapie hein, mais je suis sure que ce serait vachement intéressant d’en parler avec un pro de ce qui se passe dans notre cerveau.

**(oui, l’astérisque dans l’astérisque, elle a osé) Je disais donc, les livres déjà lus sont alignés contre un mur ou dans mon bureau (la pièce, pas le meuble), ceux en attente d’être lus sont posés sur la cheminée de la chambre et ceux qui sont en passe d’être entamés incessamment sous peu par terre près du lit. Ceux qui attendent de faire l’objet d’un instant culturel attendent sur le bureau (le meuble, pas la pièce) sinon je les oublie, et ceux qui attendent d’être donnés/vendus sont dans un carton dans l’entrée. Tu la vois la logique imparable? Et tu vois comment on fout son appart en bordel rien qu’en étant pas assidus dans les instants culturels?

***Et alors que je lis en ce moment Sorcières de Mona Chollet, qui explore la figure de la sorcière à la Renaissance et aujourd’hui, je ne peux que repenser à la grande justesse que contient ce roman.