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Vous l’aurez compris grâce à ce titre subtil (LOL), n’ayant pas blogué depuis le moi d’avril j’ai accumulé les lectures et les articles en retard. Je me vois donc dans l’obligation de vous faire un instant culturel à la louche, option gavage. Je ne vais même pas vous promettre de faire court – on a déjà essayé par le passé, c’est peine perdue, alors attachez votre serviette autour du cou, arrimez l’entonnoir et lancez-vous! (On me dit dans l’oreillette qu’annoncer un plat indigeste n’est pas la meilleure façon d’ouvrir l’appétit, alors c’est promis, ça va être long peut-être, mais aussi drôlement gai et amusant) (un peu comme un repas de fête où il y a trop à manger mais où on t’as mis à table du coté des gens marrants).monsieur butterfly

Howard Buten – Monsieur Butterfly : Dernièrement, j’ai un peu arrêté de fréquenter les librairies, parce que j’ai commencé à fréquenter une box de rue, aussi appelée gift box, partagère, boîte à lire etc. Le principe est que chacun peut y déposer des livres et s’y servir. Je connais le concept depuis un moment, mais jusque là j’y trouvais surtout des trucs improbables et drôles (genre livre de recettes vintage ou guide du macramé de la jeune mariée). Mais celle où je pioche dorénavant est semble-t-il alimentée par quelqu’un(e) ayant des goûts similaires aux miens, et je me réjouis à chaque fois que je passe devant d’y trouver de nouvelles pépites. Ce réjouissant petit livre, Monsieur Butterfly, en fait partie. Il m’a rappelé Saisis ta chance, Bartholomew Neil* de Mattew Quick pour la brochette de personnages décalés, et aussi un peu La conjuration des imbéciles pour l’enchaînement complètement délirant des événements.

Imaginez un clown qui intervient dans un hôpital pour enfants et qui, ému par l’histoire de 4 petits touchés par des handicaps mentaux ou physiques variés, décide de les prendre en charge. On suit alors cette « famille » un peu foutraque au gré des sautes d’humeur de Hoover, le tuteur pas très solide qui, entre nostalgie de ses amours perdues et enthousiasme délirant pour le ping-pong de compétition, révèle lui aussi bien des fragilités. C’est à la fois bizarre et triste, foutrement bordélique et quand même un peu joyeux et, quand Hoover apprend qu’on va lui retirer la garde des enfants et qu’il se lance dans la mise en scène d’un Madame Butterfly maison pour convaincre la commission d’expert, on pressent (à raison) le chaos, le rire et la dévastation.

biographie mark twain

Léon Lemonnier – La jeunesse aventureuse de Mark Twain : Dernièrement, je me suis (re)découvert une passion pour les romans d’aventure. Vous savez, ces livres où il y a 12 rebondissements à la minute et que, même lorsqu’ils ne sont pas écrit dans un style bien recherché, vous ne parvenez pas à lâcher. (Dans le genre, j’ai lu récemment l’excellent Papillon de Henri Charrière. Ceci est une autre histoire mais, d’ici à ce que l’instant culturel le concernant soit publié, vous avez mille fois le temps de le lire, alors s’il vous passe entre les mains, foncez!) Etant petite, j’avais évidemment adoré Les aventures de Huckleberry Finn et j’étais fan du dessin animé Tom Sawyer. (Tu parles! Pour le copain des bois que j’étais alors, l’histoire de ces enfants qui s’enfuient pour aller vivre sur l’île des pirates avec un jambon et un stock d’épis de maïs ne pouvait que faire mouche!)

Du coup, le titre du livre dont il est ici question (et dont on n’a pas encore parlé, je vous le concède), m’a tout de suite attiré depuis les tréfonds de la boîte à lire où il se trouvait (quand je vous dit que c’est une manne). On y découvre que Mark Twain a eu une vie presque aussi dingue que celles de ses personnages, qu’il a été imprimeur, pilote de bateau à vapeur sur le Mississippi, volontaire sudiste lors de la guerre de Sécession avant de partir pour le Nord, correspondant de presse, secrétaire de secrétaire, chercheur d’or… Point fort de ses années de formation, sa rencontre avec James Gillis, sorte de philosophe prospecteur qui lui donne le gout des bonnes histoires et quelques clefs sur l’art de les raconter. Et voilà comment un gamin farceur et touche à tout deviendra un écrivain reconnu d’histoires de gamins farceurs et touche à tout… La boucle est bouclée, et la biographie se lit (presque) les yeux fermés!

mickail boulgakov morphine

Mikhaïl Boulgakov – Morphine : Il y a quelque temps** je vous parlais de Le maître et Marguerite, ce roman moscovite complètement barré entre cochons volants et satire de la dictature stalinienne. A l’époque, un peu intriguée par la forme de cet étonnant roman, j’avais fait quelques recherches sur les autres livres de Boulgakov et découvert une oeuvre monumentale essentiellement composée de nouvelles et de pièces de théâtre. Il m’avait alors échappé qu’avant de devenir l’écrivain censuré (puis honoré à titre posthume) que l’on lit aujourd’hui, il avait avant tout été médecin. Ce petit livre, quoiqu’oeuvre de fiction, reprend un épisode de la vie de Boulgakov durant ses années d’exercice dans une petite clinique de campagne. Affecté par un mal jamais nommé que seule la morphine parvient à calmer, le narrateur Poliakov sombre peu à peu dans la toxicomanie et la folie.

Ça explique les cochons volants, me direz-vous! Et bien non, car si le narrateur de Morphine finit par se suicider, Boulgakov réussira quant à lui à se sevrer bien avant d’entamer la rédaction du fameux roman à la fin des années 20. Ce qui est intéressant dans cette longue nouvelle (par ailleurs d’une joyeuseté discutable), c’est sa forme de journal qui montre l’évolution de la dépendance: si le narrateur semble tout d’abord, fort de son statut de médecin, gérer sa consommation de morphine, et s’il s’aveugle un temps sur ses capacités à maîtriser ce « diable dans un flacon », le glissement vers l’addiction totale est rapide. Entre lucidité, moments de honte ou de mauvaise foi crasse, Morphine démontre l’attention qu’a porté l’écrivain, au-delà du malade ou du médecin, à l’observation de ses symptômes et de ses propres contradictions.

roman queen lucia

Edward Frederick Benson – Queen Lucia : Autre trouvaille de boîte à lire, ce roman (je reprends la description de la 4e de couverture) « est une satire de la bourgeoisie provinciale anglaise au lendemain de la guerre 14-18 ». Qu’est ce qui t’a attiré là-dedans, me direz vous? Mais tout! La campagne anglaise, les problèmes de riches, leurs complexes d’être loin de Londres et leur façon de recréer une sorte d’insoutenable ordre du cool ! Cette façon de faire cour autour de personnages poliment odieux, de s’enticher de bribes londoniennes et de s’empresser de les ramener dans leur trou perdu pour en faire la dernière marotte du quartier… Passion subite pour certain sport, telle musique, un nouveau jeu, engouements de masse aussitôt délaissés lorsqu’un nouveau sujet débarque et vient tout supplanter… C’est anglais et bourgeois certes, mais c’est vrai de tout temps et en toute contrée !

marie-odile andré colette

Marie-Odile André – Colette à la plage : On la pose en icône du féminisme, de la libération sexuelle, on lui prête une vie aventureuse, à la fois laborieuse et scandaleuse, mais qui est cette Colette?! En vrai, j’ai surtout adopté ce livre pour son titre aguicheur (identification totale avec le sous titre « une femme libre dans un transat » et la couverture: chat + bronzage de bidet + nana décoiffée***) Mais je n’ai lu de Colette que peu de romans, et je connais peu sa vie (si ce n’est ce que tout le monde en sait, à savoir hou c’est scandaleux elle aimait aussi les femmes, et hou elle a séduit le jeune fils de son mari). Du coup, j’ai bien aimé cette plongée dans une vie qui a été avant tout dédiée à l’écriture. Car si c’est son premier mari qui l’introduit dans les cercles littéraires à Paris, elle y fait ensuite son bonhomme de chemin (au passage peut-on parler de la génialité de cette expression?) et ne cessera d’écrire que quand la polyarthrite la clouera au lit.

Et la plage, me direz-vous? Et bien lisez, et vous verrez qu’il y en a, des plages, dans la vie de Colette, mais qu’il y a surtout ce gout de la vie en plein air, de la force de la mer, de la nature et du désir qui s’exprime sans retenue. Cette idée aussi qu’un été à la plage est une sorte d’enfance, où le ressenti, cet autre ressac, rythme la vie, et l’écriture de Colette aussi. Seul petit bémol, pourquoi avoir dégagé toutes ces notes et renvois passionnants à la fin de l’ouvrage? Ils auraient trouvé leur place sans façon au fil du récit (et, vieille habitude d’ex-fumeuse à la plage, je tiens habituellement mon livre d’une seule main, merci).

nouvelles stephen king

Stephen King – Le Bazar des mauvais rêves : Vous trouvez que je lis beaucoup de Stephen King ces derniers temps et vous vous dites ça y est, la vieille nous fait un revival de son jeune temps? En fait, tout est de la faute du Mec qui, ayant découvert cet auteur sur le tard, s’est mis à lire tous mes préférés, me plongeant dans une jalousie sans nom. Du coup, ne pouvant pas revenir à l’époque où je lisais « Carrie » et Charlie » pour la première fois, je me suis vengée avec les opus publiés plus récemment. Ici, il s’agit d’un recueil de nouvelles comme on les aime (moi surtout), avec des mini-préfaces**** d’introduction avant chaque histoire, et des sujets bien ficelés qui te font regretter que chacune ne soit pas un livre entier. Je dois dire qu’en plus, la composition m’a vraiment sciée: j’avais moyennement apprécié les deux premières nouvelles et, alors même que je commençais à me dire que le King n’était plus ce qu’il avait été (l’ingratitude du fan, tu connais?), la 3e histoire, et surtout la 4e, m’ont soufflée.

Cette histoire de petit vieux avec sa barque et sa dune, avec sa fin tellement sidérante et évidente qu’on se demande comment on a pu ne pas la voir venir, ça a marqué ma reddition et la re-signature d’un contrat de fan pour les 50 années à venir. Va-y Steve, emmène-moi où tu veux, dans un après-vie au gout de bureau de préfecture, au bord du lac Abenaki à tirer des feux d’artifice de compétition, dans les vestiaires d’un terrain de base-ball ou dans les tréfonds d’une liseuse Kindle qui fait bien flipper (et que j’ai à présent une raison de plus de ne pas utiliser). Du coup, portée par l’enthousiasme, j’ai décidé de relire la Tour Sombre (mais cette fois, on va être deux sur le coup, il va falloir la planquer)

livres completement flou

Je vous laisse mais, tel un super héros jamais rebuté par une suite ou un spin-off bien balancé, je reviendrai! Il y a encore 6 romans au moins dont je voudrais vous parler avant l’hiver, plus deux livres en mode girlboss et une demi-douzaine d’ouvrages féministes qui mériteraient chacun un billet mais, toi même tu sais, on ne va jamais y arriver. (J’ai pas encore publié mes photos de vacances hein, va falloir apprendre à me lire en décalé). Et sinon, je voulais vous dire, vous m’avez graaave manqué! J’ai mis 3h à retrouver mon password de connexion et à me souvenir des bases de wordpress, mais maintenant que c’est revenu je vais tenter de ne pas laisser autant de temps filer entre chaque billet. Sinon, vu que je m’engage ici solennellement à devenir cet être assidu qui passe sa vie ailleurs que à bosser derrière son écran (t’as vu, j’ai pris des bonnes résolutions dernièrement), j’attends vos recommandations de lecture pour l’hiver qui s’annonce!

*Pour l’anecdote, en recherchant cette chronique j’ai du remonter dans les archives. Persuadée d’avoir lu ce bouquin il y a 6 mois, je m’étonnais de ne pas la retrouver… pour finalement découvrir qu’elle date de 2015! C’est moi ou y’a comme un problème avec le temps? On est d’accord qu’hier j’avais 17 ans?

**Même remarque, découvrir que cette lecture date de l’été 2014 m’a littéralement estomaquée!

***On va encore me reprocher d’alimenter le cliché de l’entrepreneur(e) en mode pyjama pas coiffée. Evidemment il s’agit d’un mythe, mais à choisir, je préfère celui-là à celui, très en vogue et tout aussi irréel, de l’entrepreneur(e) qui court les coworking, caffè latte en main et MacBook dans l’autre.

****Je ne sais pas si on en a déjà parlé, mais depuis le temps, c’est quasi obligé, c’est Stephen King qui m’a fait aimer les préfaces. Avant, je ne voyait ça que comme un truc relou qui retardait le moment de commencer l’histoire, et je passais allègrement ces pages jugées superflues. Avec Stephen King, j’ai découvert que, qu’elles soient écrites ou pas par l’auteur, elles apportaient des infos qui parfois décuplaient et prolongeaient le plaisir de la lecture, et qu’on pouvait les aimer autant que les histoires elle-mêmes. Du coup, maintenant, je lis tout, avant propos, note de l’auteur, note de l’éditeur, préfaces, postfaces, toutes les petites notes en bas de page et même les notices bibliographiques!