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Je ne sais pas si vous avez eu le temps de digérer la première partie, mais voici la deuxième! Avec 9 autres livres que j’ai dévoré récemment et que je vous recommande. Comme d’habitude il y a un peu de tout, du thriller au livre de voyage, du classique au best-seller, du roman initiatique et du récit engagé… J’aime bien cette variété qui permet de passer d’une humeur à l’autre, et si je lis principalement dans mon lit (dis, c’est dans longtemps la plage?), il y a ici de quoi rire, frissonner ou s’émouvoir, et s’occuper les mains et l’esprit aussi bien dans le bus, au parc ou sur un transat*. naif super

Erlend Loe – Naïf.Super : A un moment où le Mec était un peu déprimé, un ami qui déménageait lui a donné la garde d’un ballon de basket qu’il ne pouvait pas emporter. Il s’est mis en tête de réussir à le faire tourner sur son index et, après des semaines d’infructueux essais, il est devenu super balèze dans l’art de relancer la rotation du ballon (mon Mec ce héros). Étrangement, mais c’est un truc qui l’a beaucoup aidé à surmonter ce passage à vide en se concentrant sur un truc apparemment insignifiant. Sachant cela, rien d’étonnant à ce qu’un de nos meilleurs amis nous ait offert Naïf.Super, ce roman norvégien où le narrateur soigne sa dépression en se passionnant pour les théories sur la relativité, en tapant sur un établi pour enfant Brio ou en renvoyant un ballon contre un mur. Un livre qui n’a l’air de rien, un personnage drôle et attachant et une réflexion sur le sens de la vie ramenée à la question du port du casque en vélo et à de petits savoirs illusoires.

Olivier Bourdeaut – En attendant Bojangles : (Je commence à m’étaler malgré moi alors là je vais essayer de faire court!) C’est l’histoire d’un homme farfelu qui rencontre une femme fantasque. Tous deux s’inventent une vie festive et incongrue où rien n’est banal ni convenu. Leur petit garçon, élevé dans un monde merveilleux mais décalé, scinde sa vision du monde entre l’école et la maison où règne le rire et la non-conformité. Mais peut-on longtemps ignorer le monde réel, se nourrir de cocktails et de récits inventés? Lorsque la mère est internée, son mari décide de l’enlever et l’histoire bascule, malgré l’envie de tout lecteur normalement constitué de voir cette bulle de folie douce se reformer…

emma cline

Emma Cline – The girls : Pour vraiment apprécier ce livre, il faut se remémorer ce que c’est que d’être adolescent, ce moment où tout est possible et où le temps s’étire longuement, du désir de liberté comme plombé par l’attente, de l’envie de faire partie d’un groupe, de quelque chose de plus vaste sans qu’on sache vraiment quoi, de cette envie qu’il se passe quelque chose… C’est le moment où tout peut arriver, même le pire. Et lorsqu’Evie, au cœur d’un été des années 60, s’entiche d’un groupe de filles marginales, elle est partagée entre désir et méfiance. Et si très vite la secte où elle s’engage perd pour elle de son attrait, elle n’est pas de taille à résister. Bien des années plus tard, on sent malgré tout de la nostalgie dans ses souvenirs, et aussi du regret, dont on se sait bien si c’est celui d’avoir été mêlée à des événements violents, ou celui de n’y avoir, par hasard, pas pris part vraiment…

giorgio falco

Giorgio Falco – Sottofondo italiano (dispo en italien seulement) Quand je suis allée à Milan en juin dernier, j’ai découvert que la Libreria del Mondo Offeso, visiblement un peu en difficulté, avait déménagé (aujourd’hui Piazza San Simpliciano 7). Evidemment je suis rentrée pour papoter, et éventuellement retrouver un livre que je cherche depuis un moment et dont j’avais oublié le nom: « ça se passe à Milan et il y a un nom de rue dans le titre »). Si la demoiselle n’a pas su m’aider**, elle m’a au passage conseillé tout un tas de livres qui se déroulent à Milan, et si le poids de mon sac à dos ne m’avait fait reculer, je les aurais tous pris sans me faire prier. J’ai opté pour ce court récit qui relate la « petite » histoire de l’après-guerre, celle qu’on ne raconte pas vraiment mais qui a transformé l’Italie : la fin de la solidarité entre ouvriers, du sens collectif, le début du chacun-pour-soi, de l’acceptation des choix imposés par la logique de rentabilité, de la dépossession du sens dans le travail… Moi qui ne me suis jamais beaucoup mêlée de politique italienne, j’ai aimé trouver ici une ébauche de réponse à mes réflexions sur l’individualisme italien et l’inertie souvent observée même chez des individus pourtant brillants. (C’est moi où j’ai explosé la limite de lignes de texte imposée?)

thierry loisel

Thierry Loisel – Cinq nouvelles italiennes : Il y a les guides de voyage, et puis il y a les récits de voyage, ceux qui laissent place aux sensations et à la subjectivité de l’instant. Florence, Pérouse, Assise et Bologne ne me feront sans doute jamais la même impression qu’à l’auteur, et il y a assez peu de chance pour que je flippe en visitant Orvieto où je rêve d’aller depuis que j’ai vu ceci, mais qu’importe. Les lieux inconnus sont des scènes où faire vivre nos émotions, nos peurs et nos désirs et confronter la réalité à ce qu’on attendait. On peut s’y retrouver, s’y perdre, s’y rater même. Les nouvelles de ce recueil sont ainsi, elles racontent un instant, le souvenir d’une rencontre entre un auteur et une ville, et l’on prend plaisir à y assister sans que cela nuise à celui qu’on aura, un jour peut-être, à y aller.

grégoire delacourt

Grégoire Delacourt – La première chose qu’on regarde : Après avoir adoré L’écrivain de la famille et détesté La liste de mes envies, j’étais très curieuse de découvrir ce 3e roman pour départager ces deux avis contradictoires. Malgré un pitch en 4e de couverture trop racoleur à mon gout (façon « avec des vrais morceaux de Scarlett Johansson dedans*** »), je me suis lancée sans trop d’a priori. Sauf qu’au final je ne saurais dire ce que j’en ai pensé. Je trouve dommage qu’un tel talent d’écriture s’embarque dans un thème aussi « facile », et en même temps c’est quand même bien ficelé… Mais plus comme un téléfilm bien tourné que comme un film de grand génie… Je ne sais plus quel auteur (ouais je suis précise comme fille, heureusement que vous me demandez pas de notice bibliographique) disait que pour écrire un bon livre, pour que ça vienne naturellement, il fallait souvent parler de quelque chose qu’on connaissait bien. C’est sans doute pourquoi le premier opus était si parfait, et pourquoi les autres ont, à mes yeux, quelque chose d’incomplet. Mais comme il en a écrit deux depuis, je vais pouvoir creuser la question et je vous dirai ^^

ernest hemingway le soleil se lève aussi

Ernest Hemingway – Le soleil se lève aussi (Fiesta) : Acheté à la gare de Milan en novembre juste avant de rentrer, ce livre a égayé mon voyage de retour en train de ses effluves de journées ensoleillées à cuver en terrasse à Pampelune, à badiner en buvant des cafés jusqu’à l’heure de passer aux alcools forts en attendant la corrida. Ce livre, c’est tout le désœuvrement d’expatriés américains nantis, et toute l’excitation mêlée de mépris que peu susciter cette vie veule où les rancunes se font drames et les grands amours sont traités somme des bluettes pour dames…

fabien maréchal

Fabien Maréchal – Dernier avis avant démolition : Il y a quelques années j’avais beaucoup aimé les Nouvelles à ne pas y croire. Si on retrouve ici le coté un peu absurde de la vie, on y sent aussi une plus profonde détresse, et l’humour se fait grinçant pour mettre en exergue la lutte d’individus contre le monde ou leurs démons. Du syndicaliste au papy qui refuse de quitter son appartement dans un immeuble voué à la démolition en passant par l’homme qui fantasme sur sa belle-sœur, tous sont habité par une idée fixe qui les enferme dans la solitude, ciment d’une ténacité sans faille qui les éloigne et, en leur donnant une place, les relie à la fois au monde.

paola hawkins

Paula Hawkins – La fille du train : Vous le savez, je ne suis pas du genre à acheter des best sellers et quand j’essaye, souvent , j’aime pas. Mais je ne pouvais pas passer à coté d’une histoire de train! Et quand j’ai vu la bande-annonce du film qui en a été tiré, je me suis décidée et j’ai filé à la Fnac (quitte à renoncer à ses principes, autant y aller carrément). Bien m’en a pris! Il faut dire que le pitch est plus que séduisant: Rachel qui passe chaque jour en train devant une maison finit par imaginer la vie du couple qui l’occupe à partir des bribes entrevues de la fenêtre. Le jour où la femme disparaît mystérieusement, Rachel se met en tête de résoudre l’énigme alors qu’elle ne sait en réalité rien de la vérité, et mêle ses inventions et déductions brouillées par la jalousie et l’alcool aux véritables indices. A peine dépassé les 50 premières pages, j’avais déjà compris que, si je ne l’abandonnais pas tout de suite, je n’allais pas lâcher le livre de la nuit. Evidemment j’ai choisi la deuxième option, incapable de dormir sans savoir si Rachel avait raison ou non, si le couple soudé de Jason et Jess n’existait que dans son imagination. D’erreurs en bourdes, on s’attache et on se prend, à 4h du matin, une fois la lecture finie, à espérer que tout s’arrange pour cette anti-héroïne complexe, touchante malgré sa fougue et ses jugements un peu caricaturaux sur la vie.

Et voilà, l’instant culturel est fini! Jusqu’au prochain coup de cœur, à la prochaine nuit blanche, au prochain voyage en train! N’hésitez pas à partager vos conseils de lecture, je passe moins de temps dans les librairies dernièrement et c’est un tort, il n’y a pas de joie comparable à celle qu’on ressent en sortant d’un boutique chargé de livres, avec la  réjouissante perspective de rentrer chez soi, d’oublier le froid et de n’en plus sortir avant d’en avoir lu la dernière ligne!

*Réussir à placer le mot « transat » dans un billet du mois de janvier, bel exploit!

**depuis j’ai retrouvé le nom du roman, et ça se passe à Rome et non Milan #fail

***J’ai appris en faisant quelques recherches que la belle avait d’ailleurs porté plainte pour atteinte à la vie privée