Du 30 mai au 1er juin, la revue Wired fétait ses 20 ans et organisait à Milan le premier Wired Next Festival qui réunissait ce qui se fait de mieux dans le panorama italien des technologies, de l’innovation et de l’économie du futur. Si je n’ai malheureusement pas eu l’occasion d’assister à toutes les conférences, débats et présentations, ce que j’en ai vu a à nouveau soulevé en moi de vieilles interrogations: pourquoi ce pays est-il si hermétique à l’innovation, pourquoi les italiens ont-ils une si mauvaise image de leur propre pays et dans quelle mesure ces deux constatations sont-elles liées?
Commençons par parler de l’événement en soi: ça s’annonce révolutionnaire et supertechnologique, y’a iCub le bébé robot du futur dans l’entrée et l’on est invité, non pas à lever la main pour poser des questions, mais à les twitter. Sauf qu’en fait, la présentation de TalentGarden (réseau de coworking, on en reparlera) projetée n’est même pas interactive et que le modérateur patine pour charger une vidéo Youtube pendant un quart d’heure… Un détail qui définit bien le rapport aux technologies d’ici, et qui me rappelle mon ancien boss qui émaillait son discours du mot worldwide et autre concept glocal, sans même savoir consulter l’agenda sur son Mac.
Alors que Massimiliano Magrini (ayant participé aux projets Altavista et Google) déplore le retard italien en matière de recherches d’innovations technologiques, Enrico Gasperini (fondateur et président de Digital Magics, incubateur de start up) regrette le manque de culture du risque dans l’économie du pays, habituée à reposer sur la famille et donc à une certaine sécurité, en opposition aux systèmes de venture capital souvent adoptés à l’étranger. Tous ont un pli d’amertume en évoquant l’absence de Silicon Valley italienne, et l’obigation de se tourner vers le Japon ou les Etats Unis pour trouver des partenaires prêts à s’engager. Pourtant, comme le souligne M.Magrini lui-même, ce « retard » italien n’est pas forcément inrattrapable, et peut même constituer une véritable opportunité de marchés.
Alors plutôt que d’attendre que le pays soit prêt, pourquoi ne pas lui insuffler la volonté de changer? Ce sont justement ceux qui font l’innovation qui, au lieu de partir sur des terrains plus fertiles, doivent labourer le sol local qui, à la longue, finira bien par s’adapter! Je me souviens d’une phrase que m’avait dite un jour Lorenzo Castellini, l’un des fondateurs d’Esterni, l’association culturelle bien connue des milanais, à propos de Milan: « Les italiens s’en plaignent mais ne font rien pour la changer. Quant aux étrangers, ils apprécient généralement Milan, mais n’y restent pas forcément, et prennent ce que la ville offre et s’en vont » Alors qui fait en sorte que les choses changent? Accuser la conjoncture, le manque de moyens ou le gouvernement ne fait avancer personne, et il serait temps que tout le monde se mette au travail. Nous ne sommes pas que de simples consommateurs de l’endroit où nous vivons!
C’est d’ailleurs une des raisons qui m’avait à l’époque poussée à ouvrir ce blog. E.Gasperini, M.Magrini et Mauro del Rio (président de Buongiorno s.p.a) ont quant à eux choisi de revenir en Italie pour y favoriser l’émergence de nouveaux talents au moyen d’incubateurs de start-up et du fameux venture capital, en sélectionnant et finançant les projets qui promettent l’émergence de nouveaux marchés, et d’un capital d’innovations sans précédent pour l’Italie de demain…
Pour voir toutes les vidéos du Wired Next Festival, c’est ici!
Le retard actuel est en effet étonnant dans ce pays qui, outre son glorieux passé artistique, a souvent innové. Dans l’art:place prépondérante dans le design du XXe siècle (Gruppo Memphis). Dans le management:les districts industriels des années 80, preuve de l’esprit d’entreprise des patrons de PME, ont été un modèle de réussite connu dans le monde entier. Le mythe du self made man a toujours fasciné les italiens… Quelles sont donc les raisons de la panne technologique ?
@Matching Points: y’a vraiment un truc bizarre ici… et un niveau de ringardise que vous n’imaginez pas (dans un sens j’aime bien, mais parfois ça me pèse) 🙂 je ne pense pas etre capable de faire une analyse sur le sujet, mais je pense que les italiens ne regardent pas assez ce qui se fait ailleurs, tant ils ont longtemps été persuadés d’avoir chez eux ce qu’il y a de mieux…(c’est valable pour la bouffe, le design, l’art, le graphisme…)
en meme temps il faut savoir ce que peut entrainer toute évolution numérique…lire le manifeste de la société industrielle (on le trouve en ligne libre de droit) : livre radical et subversif mais qui ne manque pas de claivoyance..moi je me demande..j’en ai parfois ma claque des mails des clikck je sature de ce fil à la patte de venu constant.permanent
peut etre une sagesse venue de loin..une prémonition populaire…un dégout de ce monde binaire-là avec l’histoire qui est la leur..une incompatibilité de valeurs… bref essayer de comprendre sans rien de scientifique à tout çà, juste des hypothèses..autre question : tout le monde doit il être dans cette course numérique -là?
@marie: en fait si le Wired festival était bien dédié aux nouvelles technologies, mon interrogation à moi porte sur l’innovation au sens large… je reviens d’une semaine à Paris et j’avoue que c’est une sacrée claque et un saut dans le temps!
You make Italians sound much more chauvinistes than they really are. If anything, they have an inferiority complex. In my experience, they do look at what is happening elsewhere, very much so, and I don’t see all that mediocrity either, quite the contrary. But I work in the motorcycle industry, a very different field.
Just my two cents, I would have loved to comment in your language but my written French is not strog enough, I’m afraid.