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Vous me connaissez à présent, j’ai un enthousiasme sans bornes pour les matins, les lundis, les rentrées, bref, tout ce qui a un petit goût de renouveau et de nouveau départ dans la vie. A priori, c’est ce qui fait de moi, malgré des hauts et des bas et des nuits en dents de scie, une personne optimiste et hermétique à la dépression (youpi). Parmi mes dadas, il y a le ménage de printemps, et cette grande envie d’ouvrir les fenêtres, de frotter mes plinthes et de vider mes placards dès que le soleil montre son nez et laisse entrevoir la perspective de l’été. Avec le temps, j’ai parlé maintes fois ici de cette petite manie (ici, , , et aussi avec cette playlist vidéo de danse ménagère) et cette année encore, j’ai des choses à vous dire sur le sujet!

Récemment, un pote m’a avoué qu’il avait regardé des vidéos de Léna Situations (soit disant juste une ou deux pour voir, mais toi-même tu sais, il s’est probablement abonné à sa chaine depuis). Je l’ai rassuré en lui disant qu’il n’y avait pas de mal, qu’on regarderait sans doute moins de contenus random sur internet si on avait des forfaits internet limités comme d’antan, et que si ça lui faisait plaisir il n’y avait pas de « contenus inavouables » (enfin si il y en a, mais là ça relève du pénal et ça n’est pas le sujet). Tout comme en musique je n’ai pas de « playlist de la honte », j’assume tout, en matière de contenus vidéo c’est un peu pareil. Du coup je lui ai avoué que mon truc à moi pour me détendre, c’était de regarder des vidéos de ménage et de désencombrement. Des trucs de Youtubers (américains ou canadiens pour la plupart) qui se filment en train de ranger leur appart, de faire du tri dans leur penderie ou de vider leur garage. Je ne sais pas exactement ce que ça calme en moi, mais ça me fait un bien fou!

objets en bois

Depuis, j’ai découvert que ces gens avaient un nom, les cleanfluencers, et que je n’étais donc pas la seule à avoir ce vice caché de regarder des inconnus trier leur bordel et astiquer leurs interrupteurs (oh yeah). Et puisqu’on en est au stade des confessions, pendant le premier confinement, avec Le Mec on a regardé plusieurs épisodes de Cauchemar en cuisine (la toute première saison datant de 2011, et aussi la version anglaise avec Gordon Ramsay) : je n’en avais clairement rien à faire des menus au concept fumeux et des histoires de famille, mais mon moment préféré, c’est quand le chef ouvrait les frigos cracra plein de trucs périmés, qu’il trouvait des harengs saur sous les buffets et qu’on voyait des casseroles mal empilées (aka pas de la plus grande à la plus petite) qui risquaient de tomber sur le coin du nez du pizzaiolo improvisé dès qu’il avait besoin d’un truc. Est ce que ça fait de moi une mauvaise personne? Cet automne, pour bosser un contenu client j’ai du faire pas mal de recherches sur le syndrome de Diogène, une pathologie qui se manifeste par l’accumulation maladive d’objets et une grande négligence concernant la propreté. Autant vous dire que le visionnage de photos et vidéos d’apparts remplis du sol au plafond d’immondices m’a guérie, et qu’on est bien loin des vidéos avant-après des cleanfluencers!

Bref. Revenons au ménage de printemps. Vous devez vous demander ce que j’ai à débarrasser vu que mon appart est vide (t’as pas de meubles, comme disent mes proches). Je vous ai déjà expliqué que si je suis devenue minimaliste, c’est aussi parce que je suis méga-bordélique (d’où sans doute ma fascination pour mes pairs ensevelis sous les bibelots, les gels douche périmés et les vieux magazines). Du coup, bien que le minimalisme soit devenu une façon de vivre à part entière, je sais qu’il ne faudrait pas grand chose pour que ma vraie nature reprenne le dessus. Et c’est là qu’intervient probablement le meilleur conseil que j’ai jamais lu/entendu au sujet d’un intérieur minimaliste: « Pour avoir moins de bordel chez vous, limitez les surfaces et les espaces de rangement. Plus vous en aurez, plus vous les remplirez. » Cette phrase est de Matt D’Avella, sorte de gourou qui porte tout le temps le même t-shirt gris, et ce n’est pas pour rien si elle est tirée d’une vidéo intitulée Decluttering for messy people (désencombrer pour les bordéliques) et que son auteur y avoue être devenu minimaliste car il en avait marre de chercher ses chaussures (I feel you bro’).

Pourquoi c’est intelligent? Parce que si vous croyez que vous allez réussir à laisser cette table basse libre ou que cette jolie patère ne va pas très vite être ensevelie sous les écharpes et les sacs en toile, vous vous leurrez! Le mieux, c’est encore de virer la table basse et la patère (si). Exemple: en visionnant toutes ces vidéos de personnes qui font le ménage et trient comme si elles avaient le fantôme de Marie Kondo aux trousses, j’ai réalisé 2-3 trucs. Déjà, je n’ai pas de tiroirs chez moi. Ni dans la cuisine, ni dans la salle de bain, ni pour ranger culottes et chaussettes. En fait le seul tiroir de la maison est celui de mon bureau danois. Il n’est pas très large mais trèèès profond et évidemment, c’est un bordel sans nom de câbles, trombones et stylos. Vous me suivez? Si j’avais un tiroir dans ma salle de bain, il déborderait probablement de vieux élastiques distendus, d’échantillons de parfums et de peignes aux dents cassées. Mais pas de tiroir, pas de bazar (voilà donc pourquoi j’ai pas de meubles, hé hé).

chambre minimaliste

Mais plus sérieusement. Un truc qui m’aide beaucoup à trier souvent et à éliminer les trucs inutiles, c’est de faire régulièrement des photos chez moi pour le boulot. En général, je déblaie tout ce qui entre dans le champ, voire la pièce entière, et je recompose l’espace selon mes besoins. Et souvent, j’aime tellement le résultat épuré que je n’ai pas du tout envie de remettre ce qui encombrait l’espace une fois le shooting terminé. Ce qui explique que mon salon, qui est la pièce que j’utilise le plus pour les photos d’intérieur, soit la pièce la mieux rangée. Et bien, figurez-vous que j’ai découvert ce matin via mon feed Bloglovin que c’est exactement la méthode préconisée par un autre grand gourou du minimalisme, Peter Walsh. Je n’avais jamais entendu parler de lui auparavant mais il semblerait qu’il ait écrit un livre à succès sur le sujet et ait eu son moment de gloire sur OWN (Oprah Winfrey Network) avec Enough already, une émission dans laquelle il aidait les gens à se débarrasser de leur bazar (un vrai filon semblerait-il dans notre société de consommation).

Sa méthode, vider entièrement la pièce à ranger, puis visualiser ce qu’on veut en faire, esthétiquement et d’un point de vue pratique. En gros, on imagine le salon ou la cuisine de ses rêves, ce qu’on aimerait y voir, et on ne remet dans la pièce que les éléments qui correspondent à cette vision. Le reste, on balance ( et immédiatement pour ne pas être tenté d’y piocher). J’aime la radicalité et la simplicité de raisonnement, même si je ne suis pas certaine qu’en pratique ce soit faisable à 100% (après mes shootings, je dois bien réintégrer dans la pièce le grattoir du chat ou les catalogues de carrelages dont Le Mec a besoin pour bosser). Dans l’émission évidemment, les gens partent de plus loin que moi et remplissent des camions complets de trucs inutiles – peut-être que je n’ai plus grand chose à jeter?

immortelles séchées

Cette année pour mon ménage de printemps, j’ai un objectif en particulier, ranger la petite pièce borgne (à Lyon, on appelle ça une alcôve pour faire plus chic) qui me sert de bureau. Comme il ne s’y trouve pas de chauffage, je ne l’occupe pas en hiver et dès qu’il commence à faire froid, je transferts mon bureau (le meuble) (oui, celui avec LE tiroir en bordel) dans la chambre et j’y travaille jusqu’à ce que les températures soient plus clémentes. Du coup, pendant 3-4 mois, la pièce est inoccupée et on a tendance à s’en servir comme débarras pour planquer tous les trucs « en attente » ou qu’on ne veut pas voir. Inutile de vous dire qu’à l’heure qu’il est, on peut difficilement y poser un pied sans rencontrer des amoncellements de natures diverses (couverture qui attend d’être amenée au pressing, des piles de bouquins à donner, papiers à trier, outils et matériel variés…) Il faut que ça cesse! Pas seulement pour réintégrer mon espace de travail, mais aussi pour perdre cette habitude de remettre à demain et de « cacher » les trucs désagréables auxquels on ne veut pas penser.

Autre objectif : classer mes papiers. Je suis une vraie quiche en paperasse et mon maximum consiste à rassembler les courriers/factures/notices/etc. par origine (mutuelle, banque, loyer, assurance etc.) et à fourrer régulièrement chaque pile dans des pochettes. Globalement, ça a l’air rangé, mais en vrai, ce n’est pas chronologique, et je mets des heures à retrouver ce que je cherche, Très vite, je ne sais plus trop ce que contiennent lesdites pochettes et la tentation est grande, quand j’ai un papier à ranger, d’en ouvrir une au hasard pour l’y fourrer. Quand mon père est décédé cet hiver, on a dû faire pas mal de paperasse avec ma mère et j’ai remercié mon père d’être si organisé : lui aussi utilisait des pochettes cartonnées, mais avec un master ès pochettes, étiquettes et sens de la logique. Ça nous a fait gagner un temps fou, et ça m’a donné envie d’améliorer mon système de classement personnel. L’autre jour, j’ai ouvert une de mes pochettes marquée « divers » pour voir. S’en sont échappés des reçus bancaires, une ordonnance pour une prise de sang datant d’il y a deux ans que j’ai oublié de faire et des factures de notre ancienne AMAP milanaise ; j’ai refermé la chose précipitamment, mais clairement, il va falloir que je m’y mette sérieusement.

Si j’arrive à atteindre ces deux objectifs, je pourrai dire que j’aurai réussi mon ménage de printemps! Mais dites-moi tout de votre côté: ménage de printemps ou pas? Bordélique ou pas tant que ça? Et of course, si vous avez vous-même des gourous ménagers et des liens vers de bons articles/vidéos sur le sujet, faites tourner, c’est pour une amie (si si)!